« C’est un choc. Ce n’est qu’un premier cas » : les soignants face à la première victime du coronavirus dans leurs rangs

« C’est un choc. Ce n’est qu’un premier cas » : les soignants face à la première victime du coronavirus dans leurs rangs

Le personnel médical emmène un patient vers un hélicoptère médical, à l’hôpital Emile-Muller à Mulhouse (Haut-Rhin), le 22 mars.
Le personnel médical emmène un patient vers un hélicoptère médical, à l’hôpital Emile-Muller à Mulhouse (Haut-Rhin), le 22 mars. SEBASTIEN BOZON / AFP

Ils redoutaient tous ce moment. Depuis des jours, des semaines, les soignants qui bataillent contre l’épidémie de Covid-19 s’attendaient à être frappés à leur tour.

La nouvelle est tombée dimanche 22 mars. Le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé le premier décès d’un soignant contaminé par le SARS-CoV-2. Jean-Jacques Razafindranazy, 67 ans, était médecin urgentiste à Compiègne, dans l’Oise. Hospitalisé depuis près de trois semaines, il est mort, la veille, au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, où il avait été transféré après l’aggravation de son état.

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L’hôpital de Compiègne avait été le premier, avec celui de Creil, également dans l’Oise, à accueillir des patients contaminés, il y a tout juste un mois. « C’est très préoccupant car ce collègue n’avait, à notre connaissance, pas de problème de santé particulier, témoigne un délégué hospitalier de Compiègne. C’est un choc. Et ce n’est qu’un premier cas. Il y aura d’autres morts parmi les soignants. »

« Envoyée au casse-pipe »

La mort de ce médecin a redoublé l’inquiétude et la colère des professionnels de santé, en première ligne dans la lutte contre l’épidémie, mais sans armes, ou si peu. Depuis le début de la crise sanitaire, médecins, infirmières, aides-soignants, pharmaciens dénoncent le manque de masques, ahuris de devoir travailler sans, d’avoir à se rationner ou de se contenter de simples masques chirurgicaux, pourtant inefficaces pour se protéger d’une contamination.

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« Comment l’Etat n’a-t-il pas pu anticiper les stocks ? Nous sommes pour la plupart à court de gel hydroalcoolique, nous utilisons des masques FFP2 (protection de référence en cas d’épidémie) périmés, et nos pharmacies n’ont toujours rien reçu. J’ai le sentiment d’avoir été envoyée au casse-pipe », s’indigne Maryse Balmy, médecin généraliste dans le Val-d’Oise, testée positive au Covid-19.

Lui aussi contaminé, Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France, redoute une « hécatombe » parmi les soignants. Furieux de voir la France contrainte de pratiquer une « médecine de catastrophe », il tempête contre « l’administration, qui a été en dessous de tout. Elle devra rendre des comptes ».

« Le système craque de tous côtés »

Le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé samedi avoir commandé 250 millions de masques et confirmé que les 86 millions actuellement en stock seront en priorité distribués aux professionnels de santé. Mais le temps presse : la « vague » épidémique a déjà commencé à déferler sur la France, avec plus de 16 000 personnes contaminées et 674 morts.

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