Arc s’adapte pour ne pas avoir à couler ses fours verriers
Les salariés d’Arc ne seront que 700 à embaucher, lundi 23 mars. Le recours au chômage partiel a été décidé. La décision a été approuvée à l’unanimité, par les élus du personnel, mardi 18 mars. Afin de diminuer la densité de personnel dans ses hangars et se conformer aux mesures de distanciation sociale adoptées en France pour lutter contre la pandémie due au coronavirus, le fabricant réduit sa production de verre de 70 % dans son usine d’Arques (Pas-de-Calais).
« La sécurité de nos hommes, c’est la priorité », assure au Monde Tristan Borne, directeur général d’Arc en Europe. Le personnel administratif est désormais employé en télétravail. Le sort des équipes qui opèrent sur les chaînes de production a été plus délicat à gérer. Car la production de verres ne peut être arrêtée.
Ce site, où une goutte de verre devient un pot, une assiette ou un gobelet, comprend dix fours verriers. Ils tournent jour et nuit, sept jours sur sept. Le verre doit y rester en fusion à une température de 1 400 °C. « Un four verrier se démarre pour dix ans », rappelle M. Borne. Dès lors, l’option de « couler les fours », c’est-à-dire de les éteindre à l’aide de lances à eau, a été écartée. Elle aurait trop fragilisé l’entreprise qui, en 2013, a frôlé le dépôt de bilan. Parce qu’« un four coulé se contracte et ne peut remonter en température, il nous fallait aménager la production », explique le dirigeant.
Production réduite par phase
Le groupe suit la méthode adoptée avec succès sur le site de Nanjing, en Chine, en janvier, à la suite de la quarantaine imposée dans le pays. Elle sera mise en œuvre aussi dans l’usine américaine d’Arc à Millville (New Jersey). Pour l’heure, faute de mesures en vigueur en Russie, Arc n’a pas modifié sa production dans son site de Gus-Khrustalny. Son usine de Ras Al-Khaïma (Emirats arabes unis) tourne aussi comme à l’accoutumée.
En France, la production va être réduite par phase, d’ici à lundi 23 mars, de 70 %, « pour trois semaines au moins », selon le directeur général. Le site produira environ 800 000 pièces par jour, contre 2,5 millions habituellement. Cinq fours vont être mis en veille, « en circuit fermé », explique Tanguy Tartar, élu syndical UNSA. Le verre en fusion sera coulé pour être recyclé immédiatement. Du jamais-vu. « Même pour les plus anciens » des salariés, rapporte M. Tartar.
Les cinq autres fours d’Arc restent en activité. Objectif : honorer les commandes de pots de moutarde ou de pâte à tartiner des industriels confrontés à la frénésie d’achat actuelle des Français. « Notre avenir en dépend », juge M. Tartar.