Les ex-salariés de Goodyear d’Amiens-Nord de retour aux prud’hommes pour contester leur licenciement
« La justice est longue », mais « nous l’obtiendrons ». Devant le palais des congrès d’Amiens, où a été délocalisée l’audience hors norme des ex-salariés de l’usine de pneus, la détermination est sans faille. Contestant le motif économique de leur licenciement en 2014, plus de huit cents anciens salariés de Goodyear d’Amiens-Nord sont de retour mardi 28 janvier au conseil de prud’hommes, la première audience en 2018 n’ayant pas permis de trancher.
« On va faire encore plus fort que la dernière fois : une démonstration qui ne fait pas un doute sur le fait que la fermeture de notre usine, sa délocalisation et notre chômage de longue durée ne portent qu’un seul nom : la finance ! », a lancé l’ex-leader de la Confédération générale du travail (CGT) de l’usine, Mickaël Wamen, aux anciens salariés réunis sur le parking du palais des congrès.
Dès 8 heures, plusieurs centaines d’ex-« Goodyear » s’étaient rassemblés avec des drapeaux CGT et des pancartes réclamant « justice pour les 832 » anciens salariés, rejoints par ceux de l’usine Cargill d’Haubourdin (Nord), où un plan social est en préparation, des agents du centre hospitalier de Lille ainsi que les députés de la Somme François Ruffin et de la Seine-Saint-Denis Eric Coquerel (La France insoumise). L’audience s’est ouverte à 9 heures dans l’immense salle de spectacle.
« Licenciement sans cause réelle et sérieuse »
Spécialisée dans la fabrication de pneus agricoles, l’usine Goodyear d’Amiens Nord avait fermé en janvier 2014, après un bras de fer de plus de six ans entre le personnel et la direction, entraînant la suppression de 1 143 emplois et devenant un symbole de la désindustrialisation des bastions ouvriers.
Une nouvelle fois mardi, les 832 ex-salariés vont réclamer une indemnisation, au motif principalement que leur licenciement serait « sans cause réelle et sérieuse », mais aussi « pour le préjudice subi du fait du manquement de l’employeur à son obligation de fournir du travail ». La première audience, le 4 octobre 2018, avait été suivie par quelque quatre cent cinquante personnes. Mais les quatre conseillers prud’homaux, juges non professionnels représentant à parts égales salariés et employeurs, n’avaient pas réussi à se départager, provoquant la désignation d’un magistrat professionnel, dit « juge départiteur ».
L’avocat des ex-salariés, Fiodor Rilov, avait à l’époque insisté sur les bénéfices au niveau du groupe américain Goodyear, assurant qu’en 2014 il avait enregistré un résultat net de 2,5 milliards de dollars après impôts, « somme la plus colossale jamais affichée par Goodyear ». Les trois avocats de la direction avaient, eux, argumenté sur les difficultés depuis 2007 de l’usine « extrêmement déficitaire », aggravées par la « crise sévère » de 2009, et la dette nette du groupe de 5,267 milliards de dollars au moment de la fermeture.