Entre les deux constructeurs, une relation de plus de trente ans
L’hypothèse d’un rapprochement entre les deux constructeurrs a déjà été évoquée par le passé. L’opération n’avait finalement pas abouti.
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C’était un projet de longue date de Sergio Marchionne, le charismatique administrateur délégué de Fiat Chrysler automobiles (FCA), disparu brusquement en juillet 2018. Pour l’homme qui avait sauvé, au début des années 2000, ce monument en péril de l’industrie italienne, le groupe FCA n’avait, à terme, d’autre solution que de trouver un allié pour se renforcer. Pour s’ouvrir de nouveaux marchés, bien sûr, notamment en Asie, mais aussi parce que l’effort de redressement des comptes de Fiat avait eu pour conséquences un certain sous-investissement en recherche et développement, qui pourrait s’avérer fatal à l’heure des révolutions technologiques et écologiques vécues par l’industrie automobile.
Pour cela, PSA était le partenaire idéal. D’abord, en raison des fortes complémentarités opérationnelles existant entre les deux groupes – déjà en 1988 les constructeurs ont implanté une usine commune de véhicules utilitaires à Hordain (Nord) –, mais aussi pour une raison plus diffuse, liée au poids de la famille Peugeot dans la gouvernance du groupe français.
Entreprise fondée en 1899 à Turin par Giovanni Agnelli et restée sous le contrôle exclusif des héritiers du fondateur, l’ancien groupe Fiat a connu ces dernières années de nombreuses mutations, notamment avec le rachat de Chrysler, en 2009, au plus fort de la crise mondiale. Mais il n’a pas cessé d’être avant tout un groupe familial, aujourd’hui présidé par John Elkann, chef de la cinquième génération des héritiers Agnelli, qui à travers la holding Exor, dont la famille est l’actionnaire majoritaire, contrôle 29 % du capital.
Changement de cap
John Elkannne rate pas une occasion de rappeler son attachement au modèle familial, et consacre une grande partie de son temps à cultiver de bons rapports entre les Agnelli et les autres grandes dynasties industrielles. Dans cette logique, au printemps 2019, à la veille d’annoncer un accord de rapprochement avec l’alliance Renault-Nissan, John Elkann avait tenu à rencontrer le chef de la famille Peugeot, Robert Peugeot, pour l’informer personnellement de cette décision, qui mettait un terme définitif, pensait-on alors, à des années d’un patient travail d’approche entre les deux familles.