L’inexorable déclin de la culture du tabac en France

L’inexorable déclin de la culture du tabac en France

L’arrêt de la dernière usine française à Sarlat signe la fin d’une époque. La production de tabac souffre de la concurrence des géants chinois, brésilien et indien.

Par Publié le 04 octobre 2019 à 01h35

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Eric Tabanou, le directeur de Tabac France,  à Sarlat-la-Canéda (Dordogne), le 20 septembre.
Eric Tabanou, le directeur de Tabac France,  à Sarlat-la-Canéda (Dordogne), le 20 septembre. MEHDI FEDOUACH / AFP

Le dernier atelier de transformation de tabac, installé à Sarlat-la-Canéda (Dordogne), dans le Périgord, ferme ses portes. Tout un symbole. Cet arrêt signe la fin de la filière tabac en France. Un projet de structuration de la tabaculture française avait pourtant été déposé en décembre 2017, à la demande du président Emmanuel Macron qui avait sollicité en ce sens l’ensemble des filières agricoles françaises. Il reste encore 670 agriculteurs planteurs de tabac sur le territoire. Combien seront-ils demain ?

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« Leur nombre passera très vite à 400 voire 300 », pronostique François Vedel, président de la Fédération nationale des producteurs de tabac (FNPT). Il évoque l’irrésistible déclin de la culture de cette plante en France. Quelques chiffres illustrent cette évolution rapide. M. Vedel estime qu’au tournant des années 1970, lorsque les Français fumaient encore dans leur voiture, 41 000 agriculteurs produisaient du tabac sur 20 000 hectares. Ils en récoltaient près de 46 000 tonnes. En 2010, il ne restait plus que 2 000 exploitants sur 6 900 hectares et la production n’était plus que de 17 000 tonnes. Quant à la dernière récolte jaugée par l’institut public FranceAgrimer, celle de l’année 2018, elle n’était plus que de 7 000 tonnes sur une superficie cultivée de 2 700 hectares.

Beaucoup d’éléments concourent à expliquer cette attrition. Le coût de la main-d’œuvre tout d’abord. En effet, la culture du tabac nécessite beaucoup de travail. Même si la mécanisation a fait son œuvre, réduisant l’effort de moitié, « il faut encore compter près de trois cents heures de travail à l’hectare. A comparer aux cinq heures de travail par hectare pour le maïs », affirme M. Vedel. Cette demande de bras, en particulier lors des récoltes en juillet et août, a longtemps bénéficié du cercle familial élargi venant prêter main-forte à la ferme. Une forme de travail informel qui a quasiment disparu, alourdissant d’autant la facture.

Mondialisation

La culture, souvent vue comme un juteux apport financier pour les petites exploitations de polyculture-élevage, est devenue progressivement moins rentable. Cette perte d’intérêt économique a connu un coup d’accélérateur avec le changement de cap de la politique agricole commune (PAC) en 2010. L’aide spécifique à cette culture a disparu. Une décision en conformité avec la politique de santé publique européenne. La lutte contre le tabagisme est devenue une priorité des autorités sanitaires des pays de l’Union. Progressivement, l’aide à l’hectare que continue à toucher chaque agriculteur a tendance à converger vers un montant moyen défini à l’échelle européenne, le tabac perdant toute spécificité.

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