La crise interminable des papetiers
La firme finlandaise UPM, numéro un mondial du papier « graphique », menace de fermer son ultime usine française qui emploie 236 salariés, à Grand-Couronne, en Seine-Maritime.
L’hécatombe va-t-elle se poursuivre ? Après la clôture, au printemps, faute de repreneur, de l’usine d’Arjowiggins de Bessé-sur-Braye (Sarthe) et l’expulsion de ses 568 salariés, la papeterie historique Chapelle Darblay, à Grand-Couronne, en Seine-Maritime, risque de subir le même sort. Le 10 septembre, UPM a prie la décision de mettre en vente sa dernière usine française de production de papier. Faute de repreneur d’ici à janvier 2020, le site du numéro un mondial du papier dit « graphique », qui emploie 236 salariés, clôturera.
Les syndicats de l’une des deux dernières usines de papier journal disent n’avoir rien vu venir. « Nous étions en train d’évoquer avec la direction le renouvellement de la chaudière, déclarait sur France 3, mardi, une heure à peine après l’annonce de la cession, le secrétaire général (CGT) du comité social et économique du site. Nous savons que la conjoncture est difficile, mais nous ne nous attendions pas à un tel projet. En 2014, nous avions déjà connu l’arrêt traumatisant d’une machine et le départ de 196 collègues. Aujourd’hui, c’est la cession. Nous sommes dégoûtés. »
Chapelle Darblay, passé, un temps, entre les mains du milliardaire François Pinault à la fin des années 1980, est en grande pénurie, comme tout le secteur du papier graphique en Europe. Dans un message, UPM assure que l’usine est l’une des moins compétitives du Vieux Continent, d’où son choix de la sacrifier, une assertion que rejette la CGT. D’ailleurs, depuis plusieurs années, le géant finlandais n’a pas fait mystère de sa stratégie dans l’Hexagone : il s’en retire définitivement. Sur la période, il a vendu ou fermé l’ensemble de ses sites. En 2014, lors de la cession de son usine de Docelles (Vosges), UPM n’avait pas hésité à abîmer ses machines, afin qu’elles ne tombent pas entre les mains d’un concurrent.
Des effectifs passés de 15 000 à 11 000 en cinq ans
Cette dernière annonce n’étonne pas les observateurs. Avec le passage numérique de la presse, le marché de ce produit a été divisé par deux en dix ans, selon les données de la Copacel, la fédération des fabricants de cellulose. Et, entre 2013 et 2018, pas moins de quinze papeteries ont mis la clé sous la porte en France, tandis que d’autres réduisent leur capacité de production. En cinq ans, la filière a ainsi vu ses emplois aller de 15 000 à un peu plus de 11 000, début de cette année.