Manageurs et salariés: tous au musée !

Manageurs et salariés: tous au musée !

Art et management n’en sont pas à leurs premières amours. En cette période où la gestion d’entreprise est de plus en plus complexe et marquée par une accélération des changements, le regard décalé de l’artiste est perçu comme une nouvelle ressource, explique la journaliste du « Monde », Anne Rodier.

Publié aujourd’hui à 06h45 Temps de Lecture 2 min.

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« Pourquoi une entreprise, aussi riche soit-elle, en vient à payer 12 000 euros par jour pour envoyer vingt cadres supérieurs tester leurs cinq sens ? » (Centre Georges Pompidou, à Paris, architectes Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini).
« Pourquoi une entreprise, aussi riche soit-elle, en vient à payer 12 000 euros par jour pour envoyer vingt cadres supérieurs tester leurs cinq sens ? » (Centre Georges Pompidou, à Paris, architectes Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini). Susanne Kremer/Sime / Photononstop

Chronique « Carnet de bureau ». Une vingtaine de manageurs sont entrés à Beaubourg par l’entrée des artistes au petit matin. Après une présentation du lieu, Marion Laporte, responsable de l’Ecole pro du Centre Pompidou les conduit au musée d’art contemporain pour quatre face-à-face successifs avec Le Jardin d’hiver, de Jean Dubuffet, l’Aménagement de l’antichambre des appartements privés du Palais de l’Elysée pour le président Georges Pompidou, de Yaacov Agam, Respirare l’ombra, de Giusepe Penone et Plight, de Joseph Beuys.

Les œuvres ont été choisies par un conférencier pour répondre à une problématique posée par l’entreprise cliente. « On part du sensible pour les ramener à leur problématique », explique Marion Laporte. En 2018, 250 personnes ont ainsi suivi les formations art et entreprises créées à l’initiative de Julie Narbey, la directrice générale du Centre Pompidou. Mais pourquoi une entreprise, aussi riche soit-elle, en vient à payer 12 000 euros par jour pour envoyer vingt cadres supérieurs tester leurs cinq sens ?

Parce que plus que jamais la concurrence se fait d’abord par l’innovation. Le numérique s’est largement diffusé, la rationalisation de l’organisation du travail a divisé les tâches à l’extrême. De ce côté, l’entreprise n’a plus grand-chose à gagner en termes d’efficacité. Mais pour l’heure, la créativité individuelle comme collective devient prioritaire. D’où la multiplication des tentatives d’introduire l’art en entreprise non plus seulement pour investir mais pour y intéresser les salariés et d’abord les manageurs.

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Formations à l’art, atelier de réflexion autour d’une œuvre, one man show sur les problématiques de management (diversité, harcèlement, etc.). Si les manageurs invités à participer arrivent souvent sceptiques, voire narquois, ces formats leur font toucher du doigt les innovations produites par l’approche artistique. Comme chez Orange par exemple, qui a ouvert ses laboratoires de recherche : depuis 2016, l’Art Factory y fait travailler ensemble artistes et ingénieurs. De leur côté, des PME comme Decalab ou l’agence The Creative Tech organisent des petits-déjeuners pour comprendre l’alliance entre l’art, la science et la technologie. Et le gouvernement accompagne la tendance. Le ministère de la culture a lancé en 2018 un programme de quinze résidences d’artistes en entreprise.

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LJD

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