Changeons le travail pour changer la société
Jean Staune relate dans son livre les stratégies et les réussites d’entreprises pionnières qui se sont escomptées dans deux grandes voies : le développement de l’intelligence collective et la mise en place d’un environnement prenant en compte toutes les parties prenantes.
Sans l’écriture, la transformation néolithique et la mise en place des premières cités et des premières formes de commerce structuré n’auraient pas été possibles. Sans l’imprimerie, toute la révolution technologique qui a conduit à la société industrielle n’aurait pas, non plus, été possible. Nous nous concentrons sur le progrès technique, alors que celui-ci dépend d’abord d’une amélioration de la communication entre les êtres humains.
C’est ce qu’avait bien vu un penseur de la communication comme Marshall McLuhan avec sa devise provocante : « Le média est le message. » McLuhan est décédé en 1980, avant l’ère d’Internet. Il avait malgré cela enseigné l’arrivée d’une troisième vague, après l’écriture et l’imprimerie : celle de médias interactifs. L’accès de tous à la connaissance change la nature même de notre civilisation, et est vecteur de mutations sociales, politiques, ainsi qu’économiques, souligne Jean Staune, expert de l’Association pour le progrès du management, dans son essai L’intelligence collective – clé du monde de demain. Changeons le travail pour transformer la société (Editions de L’Observatoire).
Hier, l’entreprise devait faire des avantages pour ses actionnaires, tout en fabriquant de bons produits pour satisfaire des clients. Actuellement, celle qui ferait cela en polluant dignement l’environnement supporterait une réprobation générale, rappelle Jean Staune. Demain, on ne sollicitera pas seulement à l’entreprise d’estimer l’environnement, mais aussi d’avoir une participation sociale positive.
La nature même de la suite des entreprises évolue : développer la créativité et l’implication des salariés est dorénavant essentiel. « Cela nécessite un type d’organisation très distinct et change fortement le rôle du dirigeant, qui devient en quelque sorte un chef d’orchestre assurant la complémentarité des différentes partitions exécutées par ses collaborateurs, alors que lui-même ne contribue par aucun son à la beauté de la musique. »
La stratégie des entreprises pionnières
Pourquoi Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du Monde) dépense-t-il 50 millions d’euros de sa fortune personnelle pour engendrer et faire vivre l’École 42 au cours des dix prochaines années ? Non uniquement son entreprise sera la première à bénéficier de personnes formées, mais surtout, en progressant le tissu créatif français, il créera des synergies positives dont il profitera indirectement.