Les employés sollicitent une « transformation »
Au contraire de l’idée générale, les employés sont généralement désireux de se former pour s’ajuster, l’évolution étant porteuse de récente dispositions et modalités professionnelles.
D’où vient donc cette idée selon laquelle les personnes seraient totalement rétifs, voire hostiles, à la transformation ? Un a priori aux conséquences gravissimes, qui conduit les responsables d’entreprises à mettre au chômage des personnes jugées inaptes de s’ajuster et à se lamenter au même temps de ne pas trouver les compétences recherchées.
Cette idée serait un conjecturé. Des experts de la Harvard Business School (HBS) et du Boston Consulting Group (BCG) viennent de le prouver. « Vos employés sont bien plus prêts à évoluer que vous ne le pensez », déclarent-ils dans un article du dernier numéro de la Harvard Business Review (« Your Workforce Is More Adaptable Than You Think », mai-juin 2019), parafé par Joseph Fuller et Manjari Raman, respectivement professeur et chercheur senior à la HBS, et par Judith Wallenstein et Alice de Chalendar, au même temps associée et consultante au BCG.
Ils ont consulté 11 000 employés – d’un niveau d’étude inférieur à la moyenne nationale –, et 6 500 responsable de onze pays différents : Allemagne, Brésil, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Inde, Indonésie, Japon et Suède. Conclusion : si les dirigeants sont très inquiets à l’idée de trouver le personnel sollicité, les salariés sont en revanche en majorité désireux de se former pour s’ajuster.
Partage d’expériences
Dans son dernier ouvrage Besogner à l’ère post-digitale. Quel travail pour 2030 ? (Dunod), Dominique Turcq, sociologue et consultant, montre en effet à quel point les technologies digitales peuvent « apporter des savoir-faire à ceux qui n’en ont pas, ou qui n’ont pas les bons, et permettre ainsi une montée en capacités de personnes dont on jugeait les compétences trop faibles dans le monde précédent ».
Au contraire de l’idée générale selon laquelle la transformation serait généralement redoutée car vécu comme préjudiciable d’emplois, les employés consultés par les experts auraient donc une vision plus optimiste de la transformation, porteur de nouvelles aptitudes et modalités professionnelles.
Ils ont, certes, conscience de l’exigence de se former. Ce doit être un projet personnel, apprécient-ils, majoritairement, sur le plan mondial, mais pas en France. « La France est le seul pays où les employés estiment que c’est avant tout au gouvernement de prendre en charge leur formation », ajoute Judith Wallenstein.