Le dégât du chômage atteint une grande ampleur en Inde

Le dégât du chômage atteint une grande ampleur en Inde

Les sans-emploi sont les grands oubliés de l’ultime budget du gouvernement Modi avant les élections générales

Le gouvernement indien a exposé, vendredi 1er février, devant le Parlement, un budget taillé sur mesure pour les élections générales prévues dans quelques semaines, en avril et mai. De nombreuses exemptions fiscales et subventions ont été dévoilées pour satisfaire le maximum d’électeurs, des classes moyennes aux agriculteurs, en arrivant aux travailleurs du secteur informel.

Le gouvernement de Narendra Modi a garanti une aide directe de 6 000 roupies (73 euros) à 120 millions de paysans, pour un montant total de 9,3 milliards d’euros, et envisage, dans le même temps, d’exempter d’impôts les prestataires qui gagnent jusqu’à 6 250 euros par an. Pour ceux qui, parmi les hindous, vénèrent les vaches sacrées, le gouvernement va créer un nouvel organisme bovin national chargé de se pencher sur le bien-être animal. M. Modi a pensé à toutes les catégories de la population sauf deux : les minorités religieuses et les chômeurs.

Lors de la campagne électorale de 2014, la création de millions de fonctions avait pourtant été l’une des promesses-phares de M. Modi. Vendredi, elle a quasiment disparu du discours du ministre indien de l’économie par intérim, Piyush Goyal, qui a préféré insister sur la création « d’une économie à 5 000 milliards de dollars [4 370 milliards d’euros] d’ici à cinq ans ». Pourtant, la crise du chômage a atteint en Inde une ampleur inédite. Selon l’exposé d’une agence gouvernementale qui a fuité dans la presse indienne, il s’élevait à 6,1 % lors de l’année fiscale se terminant au 31 mars 2018, un record historique.

La mesure du nombre des sans-emploi dans un pays où entre 80 % et 90 % de la population active travaille dans le secteur informel est forcément imprécise, mais elle donne une tendance qui ne cesse de se dégrader, année après année. Une réalité confirmée par plusieurs chiffres. Les chemins de fer indiens ont, par exemple, reçu, en 2018, 25 millions de candidatures pour 89 000 postes à pourvoir, et la cantine d’une administration publique en a reçu 7 000, après avoir fait savoir qu’elle explorait à recruter treize serveurs.

Travail précaire et peu qualifié

« La forte croissance ne peut pas être une fin en soi dans une démocratie aussi vaste que l’Inde », s’inquiète le quotidien Hindustan Times. Alors que les responsables politiques indiens avaient l’habitude de mesurer leur bilan économique à l’aune du seul taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), l’inactivité est en passe de devenir un enjeu politique. « Le “Führer” nous a promis 20 millions d’emplois par an. Cinq ans plus tard, le rapport sur la création d’emplois montre que c’est un désastre national », a diffusé, jeudi 31 janvier, Rahul Gandhi, le président du Parti du congrès, dans l’opposition, sur Twitter.

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LJD

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