Etude : les écoles de production vont être admises par l’Etat
Un rétablissement au projet de loi « Avenir professionnel », en cours d’examen, sécurise le régime de ces établissements nés en 1882 pour décrocheurs scolaires.
Faire pour apprendre plutôt qu’apprendre pour faire, c’est la loi des écoles de production. En plein décollage mais encore méconnus, ces école permettent à des décrocheurs scolaires, gens du voyage ou immigrés de s’insérer sur le marché du travail. Avec la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage , l’heure de la reconnaissance juridique par l’Etat a sonné. Près de… 140 ans après que la première école a vu le jour !
Le gouvernement a fait adopter un amendement au projet de loi Pénicaud qui reconnaît la pédagogie adaptée des écoles de production et les rend éligibles au solde de la taxe d’apprentissage ( anciennement hors quota ). Une convention avec le ministère du Travail est en préparation.
Ces établissements sont créés par l’abbé Luis Boisard en 1882 les Ateliers d’Apprentissage de l’Industrie dans le quartier populaire de la Guillotière à Lyon, « dans la dynamique du christianisme social de l’époque », peut-on lire sur le site des écoles de production.
25 structures labellisées
La première section sera dédiée à la cordonnerie. Bien d’autres suivront en Rhône-Alpes toujours à l’initiative d’ecclésiastiques. Les années 1990 consacreront leur rassemblement avec l’appui du conseil régional. Le soutien a ouvert la voie à un essaimage en Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Hauts-de-France, Normandie et Pays de la Loire.
Mécanique, bois, textile, numérique, restauration… On compte 25 structures labellisées aujourd’hui par la Fédération nationale des écoles de production (Fnep), contre une dizaine jusqu’aux années 2000. Juralternance à Dole dans le Jura s’est par exemple structurée autour de deux filières, pneus et services et métallerie. « Il y a eu une prise de conscience autour du décrochage scolaire et une profusion des dispositifs hors contrat », explique Corentin Rémond, délégué général de la Fnep.
Le modèle se présente comme complémentaire à celui du secondaire, sans la contrainte de devoir trouver un contrat d’apprentissage et de manière plus pratique qu’en lycée professionnel. Les 800 jeunes qui l’ont adopté ont tous manifesté l’envie d’apprendre un métier. Pour intégrer une école de production, la motivation compte, pas le livret scolaire.
En situation réelle de production
Les élèves passent les deux tiers du temps en atelier, le reste en enseignement général, CAP, Bac pro ou un titre reconnu au Répertoire nationale des certifications professionnelles à la clef pour la grande majorité d’entre eux. Le tout en situation réelle de production. « Ils vendent de vrais produits à de vrais clients, sans concurrence déloyale », précise Corentin Rémond.
Une quarantaine de projets d’écoles sont dans les cartons. A condition que le modèle ne soit pas mis en cause, le projet de loi « Avenir professionnel » risquant de supprimer l’apport de la taxe d’apprentissage. Soit un tiers de leurs budgets en moyenne, le reste provenant des régions ou de la production vendue.