Dans une tribune au « Monde », un collectif de doctorants de l’Ecole polytechnique exprime son opposition à l’augmentation des frais universitaires des étudiants extracommunautaires. Cette mesure qu’il juge discriminatoire risque de dégrader fortement leur condition de travail et dévalorise le doctorat.
Tribune. Le premier ministre Edouard Philippe a annoncé une nouvelle stratégie concernant l’attractivité de l’enseignement supérieur français auprès des étudiants internationaux intitulée #BienvenueEnFrance. Cette réforme se matérialise par une forte augmentation des frais universitaires pour l’intégralité des étudiants non-européens. Spécifiquement, les frais augmentent de 170 euros à 2 770 euros annuels pour les licences, et de 243 euros et 380 euros à 3770 euros pour les masters et doctorats respectivement. En contrepartie, le gouvernement propose d’introduire seulement 14 000 bourses d’excellence pour l’ensemble des étudiants (320 000 étudiants étrangers actuellement).
Cette annonce a déjà suscité de nombreuses et légitimes réactions, notamment portées sur les étudiants en licence ou en master : ce plan remet, en effet, en cause une valeur cardinale de notre système universitaire, son accès égalitaire car peu onéreux. Mais nous voulons quant à nous approfondir spécifiquement le sujet rarement discuté des doctorants, dont le statut de salarié est trop souvent occulté dans ces réformes. Nous, doctorantes et doctorants à l’Ecole polytechnique, nous opposons au projet de réforme qui dégrade sévèrement nos conditions de vie, dévalorise dangereusement la vision du doctorat et nous paraît discriminatoire vis-à-vis des lois du travail.
Nous sommes avant tout de jeunes travailleurs en début de carrière, avec au moins cinq ans d’études supérieures à notre actif. Nous avons réussi à obtenir un financement pour notre thèse sur la base d’un concours et la plupart d’entre nous ont un contrat de travail de trois ans afin d’accomplir notre mission de recherche. La réalité du travail en thèse est telle que le laboratoire devient notre seconde maison pour cette période, avec des horaires « hors forfait » et une pression grandissante pour publier.
Membres à part entière
Nous fournissons une partie très importante du travail de recherche : dans le périmètre de Paris-Saclay, nous sommes par exemple co-auteurs d’environ 70 % des publications scientifiques qui produisent le rayonnement de nos laboratoires sur la scène nationale et internationale.
Nos travaux de recherche peuvent également donner lieu à la création de start-up, si attendues aujourd’hui pour la croissance économique du pays, et nous encourageons de fait la création d’incubateurs dans les universités et les écoles, et l’accompagnement de la recherche par des cellules de valorisation dans les organismes comme le CNRS. En parallèle, nous sommes régulièrement impliqués dans des activités d’enseignement, en encadrant des stagiaires ou des travaux dirigés.
LJD
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ahmed23 Publié le5:18 - Déc 14, 2018
Les étudiants étrangers en France apportent 4.65 milliards au pays contre un coût de 3 milliards pour les accueillir, soit un bénéfice de 1.65 milliards donc le coût d’accueil des étudiants étrangers c’est pas une justification en plus pourquoi ils ont augmenté les frais des étudiants non européens et pas les frais des étudiants étrangers tout court ? C’est clairement discriminatoire.
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