Morts au travail : Pas de chute pour le nombre d’accidents chez les artisans du BTP

Morts au travail : Pas de chute pour le nombre d’accidents chez les artisans du BTP

 « La sécurité m’aurait évité l’accident », confie Olivier Rabaca, victime d’une chute de 7 mètres alors qu’il travaillait sur une charpente en 2006. Aujourd’hui, l’artisan, qui a pu reprendre son activité, subit encore des douleurs causées par les multiples fractures et traumatismes provoqués par sa chute. Il fait de la sécurité une priorité de chaque jour en s’appuyant sur cette épreuve formatrice.

L’expérience, c’est le message porté par la campagne de prévention des risques d’accidents de travail chez les artisans du BTP, que lance la plate-forme de vente de matériaux de construction Point P, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail, dimanche 28 avril. S’inscrivant dans la « grande initiative » évoquée par le premier ministre, Gabriel Attal, le 27 mars, au « 20 heures » de TF1, le dispositif vise à réduire la sinistralité du secteur de la construction, où les professionnels sont particulièrement exposés aux accidents de travail.

En un an, près de 79 000 accidents de travail ont eu lieu dans le domaine du BTP, explique le dernier rapport de l’Assurance-maladie sur l’année 2022. L’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (IRIS-ST) recensait, pour les seuls artisans, 32 629 accidents de travail (AT) avec arrêt en 2021, en hausse de 2 % par rapport à 2019, et 44 accidents mortels. Un bilan et une tendance qui questionnent l’efficacité des mesures de prévention existantes, dont les fameux équipements de protection individuelle dits « EPI ».

Les règles d’encadrement de la sécurité sur les chantiers sont en vigueur depuis le XIXe siècle. Elles sont bien connues par les professionnels. Et pourtant… elles ne sont pas systématiquement respectées par les artisans, loin de là. Pour un employé de L3 Renov, petite entreprise de rénovation intérieure basée dans l’Yonne, « certaines normes sont justifiées mais pas pratiques ».

Selon lui, les EPI, comme les gants de sécurité, les lunettes de protection et les chaussures de sécurité, sont parfois gênants et peuvent même représenter un danger pour l’ouvrier : « Je ne vois rien avec les lunettes de sécurité, donc c’est compliqué de les garder », raconte l’artisan, sous le couvert de l’anonymat.

Un autre artisan, M. Cazeaud, couvreur depuis plus de vingt ans, se passe des chaussures de sécurité, car elles n’assurent pas la stabilité indispensable sur une toiture : « Avec ces chaussures, on ne sent rien, ça retire l’agilité », explique-t-il. De son côté, Olivier Rabaca évoque aussi une question d’usage : « Sur un chantier, les gars savent que c’est dangereux. Parfois, il n’y a pas forcément de raison particulière de ne pas porter les EPI, mais c’est quand même le cas. Question de mentalité. »

Il vous reste 51.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.