Paolo Gentiloni et Nicolas Schmit, commissaires européens : « Trop de travailleurs de l’UE manquent encore de salaire décent, de sécurité de l’emploi ou d’égalité des chances »
Quatre ans se sont écoulés depuis la première vague de l’épidémie de Covid-19, plongeant notre continent dans un cauchemar inimaginable jusqu’alors. La plupart des Européens ont passé les fêtes de Pâques isolés de leurs proches, craignant non seulement pour leur santé, mais aussi pour leurs moyens de subsistance, alors que l’activité économique s’effondrait.
Le marché unique européen a été confronté à une forte fragmentation : les pays les plus riches pouvaient dépenser tout ce qu’il fallait pour protéger leurs travailleurs et leurs entreprises, mais qu’en était-il de ceux qui étaient confrontés à une dette publique élevée ? Les tensions entre le Nord et le Sud, l’héritage amer de la crise de l’euro du début des années 2010 n’étaient pas encore levés : les arguments en faveur de la solidarité européenne étaient clairs, mais il n’était pas facile de les traduire par une action commune.
L’issue est apparue quelques heures seulement avant le week-end de Pâques. Après une vidéoconférence de dix-huit heures, les ministres des finances de l’Union européenne (UE) ont apporté leur soutien à un vaste ensemble de mesures de soutien économique. SURE [acronyme de Support to Mitigate Unemployment Risks in an Emergency, que l’on peut traduire par « soutien pour atténuer les risques de chômage en cas d’urgence »], un programme innovant de 100 milliards d’euros, a permis à la Commission européenne de lever des fonds sur les marchés afin de prêter aux Etats membres à des taux favorables, de financer des dispositifs de chômage partiel offrant des revenus aux travailleurs licenciés en attendant de retrouver leur emploi.
Pour des transitions inclusives
SURE a été mis en place jusqu’à la fin de 2022 et son impact a été remarquable. L’instrument a soutenu environ 31,5 millions de salariés et de travailleurs indépendants et plus de 2,5 millions d’entreprises, principalement des petites et moyennes entreprises (PME), dans les dix-neuf pays de l’UE qui en ont fait la demande. Il a également contribué à ouvrir la voie à NextGenerationEU, le programme de financement de 800 milliards d’euros soutenant désormais les investissements et les réformes dans l’ensemble de l’Union. Tous deux ont joué un rôle essentiel pour faire en sorte que notre économie puisse rapidement sortir du choc dû au Covid-19, évitant ainsi une crise socio-économique encore plus profonde.
Depuis la pandémie, le marché du travail européen a continué d’évoluer. Un taux de chômage historiquement bas masque la pénurie persistante de main-d’œuvre et de compétences. Le modèle européen d’économie sociale de marché a résisté à l’épreuve du temps, mais les transformations économiques et démographiques massives auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés posent un énorme défi.
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