Aéronautique : la Chine, nouvel eldorado de la formation des pilotes

Aéronautique : la Chine, nouvel eldorado de la formation des pilotes

Le centre de formation de Simaero en Chine.

Lors des vingt prochaines années, il va falloir former des pilotes à tour de bras. L’Association du transport aérien international a en effet évalué les besoins des compagnies aériennes du monde entier à 600 000 pilotes d’ici à 2042. Un chiffre corroboré par les dernières prévisions d’Airbus, publiées à l’été 2023 : la flotte mondiale va doubler en l’espace de deux décennies, pour atteindre 46 560 appareils.

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Cela représente une aubaine pour le français Simaero. Le spécialiste de la formation des navigants, né en 2002 à Dinard (Ille-et-Vilaine), devait inaugurer, mardi 12 mars, son premier centre à proximité de l’aéroport international de Changsha-Huanghua, dans le Hunan, une province du sud de la Chine. Montant de l’investissement : plus de 70 millions d’euros.

« Jusqu’ici le marché numéro un, c’était les Etats-Unis, mais la Chine va passer devant au cours des vingt prochaines années », prédit Nicolas Mouté, le PDG de l’entreprise, qui réalise environ 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le trafic aérien « va tripler [dans le pays] », estime-t-il. Pour accompagner cette croissance, l’industrie aura besoin de 140 000 pilotes de ligne supplémentaires.

Externalisation

Au niveau mondial, le marché de la formation des pilotes est estimé à plus de 5 milliards d’euros. Il faut dire que cela coûte cher. Selon Air France, la formation dite « ab initio » d’un cadet revient à près de 100 000 euros à la compagnie. Outre l’obtention du brevet, les navigants doivent aussi apprendre à piloter chaque appareil. Une qualification qui revient « en moyenne à 20 000 euros », explique M. Mouté, et qui « doit être renouvelée à chaque fois que l’on change de type d’appareil », précise Philippe Evain, ancien président du Syndicat national des pilotes de ligne d’Air France, aujourd’hui commandant de bord et instructeur sur Boeing 777.

Les pilotes sont aussi tenus, d’un point de vue réglementaire, d’effectuer « seize heures de simulateur tous les ans », souligne le patron de Simaero. Ce qui coûte 10 000 euros par équipage. Trop dispendieux pour certaines compagnies comme Air France, qui ont externalisé cette activité. « Chez Air France, la moitié de ces formations sont effectuées à l’étranger, à Singapour ou à Vilnius », signale M. Evain. Seules 90 compagnies aériennes sur près de 1 600 dans le monde possèdent leur centre de formation avec simulateur.

Dans le Hunan, Simaero installe des machines pour A320, le moyen-courrier le plus vendu, avec 70 % de part de marché. Le centre devrait être « profitable d’ici trois ans », anticipe Nicolas Mouté. Une première étape, ajoute le dirigeant, qui dit « [regarder] avec intérêt le C919 », le tout nouveau moyen-courrier chinois, présenté au Salon de l’aéronautique de Singapour, à la fin du mois de février. « Le gros défi de la Chine sera de vendre le C919 à l’étranger », prévient-il, avant d’expliquer être déjà en discussion « pour avoir, à terme, des simulateurs pour C919 hors de Chine ».

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LJD

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