Décarbonation : de la sobriété à l’innovation engagée

Décarbonation : de la sobriété à l’innovation engagée

Entreprises. En 2024, [la troisième édition de] la stratégie nationale bas carbone, dite « SNBC-3 », devrait demander aux entreprises une intensification de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’objectif d’une réduction de 35 % en 2030 (par rapport à 2015) déjà fixé à l’industrie devrait ainsi être porté à 50 %…

Cette accélération est-elle réalisable avec les méthodes utilisées jusqu’ici ? Une enquête récente montre que les progrès accomplis reposent principalement sur des efforts de sobriété énergétique, alors que les nouveaux objectifs appellent des innovations plus difficiles (Les Grandes Entreprises sur la voie de la sobriété énergétique, des deux économistes Ahmed Diop et David Lolo, Presses des Mines, « La Fabrique de l’industrie », 2023).

Dans l’industrie, une centaine d’établissements représentent près de 60 % des émissions de gaz à effet de serre directes du secteur. L’enquête conduite dans trente-huit d’entre eux a examiné les plans de transition énergétique et les voies de réduction choisies par les entreprises.

Les résultats montrent que seulement 39 % des sites s’étaient fixé un rythme de réduction qui serait compatible avec l’accélération qui sera demandée. Un autre constat alerte plus encore sur les défis à venir : les voies choisies par les entreprises pourraient avoir atteint leurs limites.

Rationalisation

En effet, sans surprise, les entreprises ont privilégié la sobriété énergétique : c’est-à-dire les méthodes de réduction les plus accessibles. Elles ont toutes optimisé l’éclairage et le chauffage. Une très large majorité a aussi introduit des machines moins énergivores et amélioré le rendement des équipements et des installations.

A ce stade, la contrainte climatique a donc revitalisé et amplifié le levier de la rationalisation énergétique. Une méthode prudente, car elle reste compatible avec des investissements techniquement maîtrisés, financièrement limités (notamment par des aides nationales) et dotés d’une rentabilité minimale.

En revanche, peu d’entreprises ont engagé des modifications importantes des procédés et des sources d’énergie ou expérimenté la capture du carbone. Or, on voit mal comment l’industrie pourrait atteindre en 2030 des objectifs renforcés, sans engager des investissements dans des solutions innovantes, donc plus coûteuses ou plus risquées. A l’instar de ce que connaît déjà l’industrie automobile, la stratégie nationale de décarbonation industrielle devrait donc se confondre avec une stratégie nationale d’innovation.

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LJD

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