La rédaction de « La Provence » en grève après l’annonce de trente suppressions de postes

La rédaction de « La Provence » en grève après l’annonce de trente suppressions de postes

Après la déception, la colère. La rédaction de La Provence a voté jeudi 16 novembre en assemblée générale, par 170 voix contre 20, le principe d’une grève immédiate et reconductible. Le vote fait suite à l’annonce par sa direction, la veille, des détails de l’important plan de réduction des effectifs imposé par son nouveau propriétaire.

Un an après avoir pris le contrôle du quotidien marseillais, l’armateur CMA-CGM, piloté par le milliardaire Rodolphe Saadé, a demandé à La Provence d’alléger la masse salariale de 61 postes, sur les 610 de l’entreprise.

La mise en place d’un « plan de gestion des emplois et des parcours professionnels », censé cibler les métiers dont le groupe n’a plus besoin, a été annoncée le 28 septembre lors d’un comité social et économique. Mercredi, les représentants syndicaux ont appris lors d’une rencontre avec le président-directeur général du journal, Gabriel d’Harcourt, que 30 des 61 postes supprimés concernaient la rédaction. A terme, celle-ci ne comptera plus que 155 journalistes.

« Une saignée sans précédent »

Pour justifier cette décision, le PDG évoque la situation financière de l’entreprise. Après avoir perdu 12 millions d’euros en 2022, La Provence connaîtra un déficit de 9 millions en 2023, alors qu’elle espérait le réduire à 6 millions d’euros. « L’actionnaire a investi 38 millions d’euros depuis son rachat, et nous nous attendions à une amélioration de la diffusion payée qui n’est pas arrivée », concède Gabriel d’Harcourt. Quelques jours plus tôt, lors d’une rencontre avec des membres du Syndicat national des journalistes (SNJ), Rodolphe Saadé avait prévenu : « Une entreprise saine ne peut pas continuer à perdre 10 millions d’euros chaque année. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le PDG de CMA-CGM, mécène inattendu du voyage du pape à Marseille

« La rédaction paie le prix fort d’un plan social qui ne dit pas son nom », dénonce l’intersyndicale du journal, évoquant « une saignée sans précédent dans l’histoire de La Provence ». Une colère d’autant plus forte que les suppressions de postes à la rédaction ne se feront pas sur la base du volontariat dans le cadre du plan, mais en grande partie par le non-renouvellement de 26 contrats à durée déterminée, dont l’échéance est le 31 décembre.

Ces salariés ont, pour l’essentiel, été recrutés pour pallier le départ de 64 journalistes dans le cadre de la clause de session, automatiquement ouverte après le rachat de La Provence par la CMA-CGM. En renvoyant ces nouvelles recrues et en ne remplaçant pas quatre autres partants, la direction du journal revient sur son engagement de substituer une arrivée à chaque départ.

Il vous reste 35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.