Ces étudiants d’école de commerce qui fuient les jeunes start-up : « On ne veut plus être pris pour des pigeons »

Ces étudiants d’école de commerce qui fuient les jeunes start-up : « On ne veut plus être pris pour des pigeons »

D’après le classement annuel des entreprises les plus attractives établi par le cabinet Universum, en 2023, seuls 16 % des jeunes diplômés des grandes écoles se disaient séduits par les start-up, les autres préférant une entreprise « mature ».

« Dans ma nouvelle boîte, on prend davantage soin des salariés, tout est cadré et structuré. La RH m’a même demandé si tout allait bien à mon arrivée. » Depuis une cabine individuelle mise à la disposition des 400 salariés de l’entreprise où elle travaille désormais, Kim (tous les prénoms ont été changés), 26 ans, diplômée d’école de commerce en 2021, dresse avec satisfaction la longue liste des avantages qu’elle a gagnés en quittant la jeune entreprise innovante où elle était précédemment embauchée. Dans la foulée d’un stage de fin d’études servant à valider sa formation à l’Essec, cette « early start-up » – comme on appelle ces boîtes en phase de croissance – lui avait proposé un CDI qu’elle avait joyeusement accepté.

Mais, deux ans plus tard, Kim rechigne à vouloir travailler dans ce type de structure qu’elle appréciait tant au début. Parmi les jeunes diplômés d’école de commerce, son cas n’est pas isolé. Si le phénomène est difficilement quantifiable, la tendance est de plus en plus visible : de nouveaux arrivants sur le marché du travail finissent par déserter les jeunes pousses, par lesquelles ils sont passés pendant ou juste après leurs études. Faute d’avantages sociaux et d’organisation solide du travail.

Selon Aurélie Robertet, directrice de la filiale française du cabinet d’études Universum, qui établit tous les ans un classement des entreprises les plus « attractives » pour les étudiants, l’intérêt pour les start-up baisse pour la troisième année de suite. En 2021, 22 % des jeunes diplômés des grandes écoles interrogés se disaient séduits par ces jeunes entreprises novatrices. En 2023, ils n’étaient plus que 16 %, les 84 % restants préférant une entreprise « mature ». Deux raisons à cela : le phénomène de mode lié à la promotion de la « start-up nation » s’essouffle ; le contexte économique est très favorable aux candidats issus de grandes écoles, aujourd’hui quasiment en situation de plein-emploi. Ils choisissent donc en priorité les conditions de travail et les avantages sociaux proposés par les grosses entités.

Jetés dans le grand bain

Kim détaille plusieurs facteurs de fuite face à un emploi dans une toute jeune start-up. D’abord, ce type de structure n’a souvent pas de service RH. « Je me suis donc retrouvée à gérer des fiches de paie alors que ce n’était pas mon travail et que je n’étais pas payée pour ça », témoigne-t-elle. Kim regrette de n’avoir pu parler de ses problèmes administratifs à qui que ce soit de compétent, ainsi que le manque de formation pour les nouvelles recrues, jetées trop vite dans le grand bain. L’absence totale de « garde-fous » la dérange, notamment dans un contexte d’« énorme » charge de travail : « Dès qu’il y avait un pic de boulot, on le répartissait entre les salariés existants, sans forcément recruter, ce qui alourdissait la charge mentale. »

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LJD

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