« Les ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) en France : un défi qui reste à relever »

« Les ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) en France : un défi qui reste à relever »

[Pourquoi le nombre de jeunes sans emploi non qualifiés plafonne-t-il en France ? Bernard Gazier est professeur émérite de sciences économiques à l’université Paris-I et a développé l’essentiel de ses recherches en économie du travail. Il a notamment étudié l’organisation des carrières et des transitions professionnelles et personnelles tout au long de la vie, et travaillé sur les reconversions professionnelles, le dialogue social territorial, la diversité des formes d’emploi et les transitions entre l’école et la vie active. Il a récemment publié en 2023, avec Günther Schmid, Lutz Bellmann et Janine Leschke, « Governing Sustainable School to Work Transitions : Lessons for the EU ». Dans ce texte, il se penche sur les difficultés persistantes de la réinsertion de ces publics.]

Garantie jeunes, plan « 1 jeune, 1 solution », plan d’investissement dans les compétences… Longue est la liste des initiatives souvent massives et coûteuses prises récemment en France par les pouvoirs publics en faveur des jeunes sans emploi non qualifiés. Ce qui toutefois reste frappant, c’est la persistance d’un nombre élevé de jeunes « ni en emploi, ni en études, ni en formation » ou encore « Not in Education, Employment or Training » (NEET) selon l’acronyme anglais.

En effet, les derniers chiffres disponibles en provenance d’Eurostat [l’office européen des statistiques] et qui portent sur 2021 montrent que la part des NEET parmi les jeunes de 15 à 29 ans dans notre pays reste proche de la moyenne européenne : 12,8 %, face à 13,1 % pour l’Europe à vingt-sept et 13 % pour la zone euro. D’autres pays font beaucoup mieux que le nôtre : 9,2 % pour l’Allemagne, 8,3 pour le Danemark – et hors Union européenne, entre 7,7 % et 6,2 % en Suisse (Schmid et al., 2023). Parmi les grands pays européens, seules l’Espagne et l’Italie font clairement moins bien que la France.

Les évolutions depuis 2014 ne montrent guère de tendances à l’amélioration : la part des NEET des 15-29 ans en France fluctue entre 13,4 % et 12,4 %, alors que la moyenne de l’Union européenne (UE) à vingt-sept a baissé de 16,1 % en 2014 à 13,1 % en 2021.

Observation complémentaire : les NEET sont majoritairement des jeunes femmes. Pour 2021, le taux de NEET dans l’Europe à vingt-sept est de 13,1 %, mais pour les femmes il est de 14,5 % tandis que pour les hommes il est de 11,8 %.

Pour comprendre et faire face à ce défi persistant, plusieurs étapes sont nécessaires.

La première est de reconnaître la diversité des situations que l’on regroupe sous cet intitulé négatif « ni, ni, ni ».

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LJD

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