Inquiets pour les salariés, les syndicats activent le droit d’alerte chez LCL
Des collègues sur le départ, des dossiers qui s’accumulent sur les bureaux des conseillers : cette situation, Danièle Gourdet l’a rencontrée un peu trop « fréquemment » à son goût, au sein des agences du réseau bancaire LCL. « Dans une agence de 10 salariés, on a 6 collaborateurs qui partent, et la charge de travail se reporte sur les 4 collaborateurs restants », regrette cette déléguée syndicale nationale FO de LCL.
Marquée par plusieurs réorganisations successives, la filiale du groupe Crédit agricole connaît une cascade inédite de départs. Au point que les syndicats ont lancé, au mois de mai, une procédure de droit d’alerte pour risque grave sur la santé des travailleurs. A l’issue d’une réunion extraordinaire du comité social et économique central (CSEC), les élus du personnel ont décidé à l’unanimité, le 25 mai, de commander une expertise d’évaluation des risques psychosociaux.
« Les effectifs insuffisants créent du mécontentement, constate Vincent Chaudat, délégué central CGT chez LCL. On voit arriver des clients exaspérés, parfois à juste titre. Après avoir eu plusieurs altercations avec un client, on a des collègues en arrêt qui n’arrivent plus à revenir ».
Hausse inquiétante de licenciements et de démissions
Dans le texte du droit d’alerte, qui reprend les chiffres communiqués dans le bilan social 2022 provisoire de la banque, les syndicats expriment leur inquiétude face aux nombres de licenciements et de démissons, en hausse de 30% par rapport à 2019. Le taux d’absentéisme, quant à lui, connaît une hausse de 24% sur la même période de référence.
En cause, selon Vincent Chaudat : une « politique du chiffre », qui pousserait des « collègues usés par la pression » vers la sortie et les inciterait à « franchir la ligne rouge » pour atteindre leurs objectifs. Selon les élus du personnel, le CSEC avait déjà alerté plusieurs fois la direction sur les conditions de travail des salariés. « Je suis inquiète, car on s’agite depuis plus de deux ans et rien ne bouge, assure Danièle Gourdet. Depuis 2016, on a connu trois plans de fermetures d’agences ».
D’après la délégué syndicale FO, ce climat social délétère alimente la montée des risques psychosociaux : « les situations de harcèlement se multiplient dans plusieurs régions ». Les salaires demeurent un autre sujet de discorde chez LCL. Alors que la banque a engrangé « 916 millions de bénéfices en 2022 », elle serait « dans le peloton de queue » en termes de rémunération par rapport à ses concurrents, ce qui inciterait ses salariés à « aller voir ailleurs » , estime Vincent Chaudat.
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