« Que sait-on du travail ? » : En « seconde ligne », des salaires bien plus bas qu’ailleurs, et pour longtemps
En 2019, l’écart de rémunération entre les travailleurs occupant des emplois dits « de seconde ligne » et l’ensemble des salariés du privé était de 30 % (1 634 euros, contre 2 337 euros). Définis en parallèle des métiers « de première ligne » durant la pandémie de Covid-19 (santé, armée, policiers, pompiers), ceux de seconde ligne ont été tout aussi nécessaires à la continuité de la vie économique et sociale en France, mais ils ont parfois semblé être « invisibles ».
Ce manque de reconnaissance s’illustre par des conditions de travail difficiles et des salaires insuffisants, que mettent en évidence les travaux de recherche réalisés pour le projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? » du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec le Liepp et les Presses de Sciences Po sur la chaîne Emploi de Lemonde.fr.
Le travail de l’économiste Christine Erhel fait état d’un décalage entre l’utilité sociale de ces professions et leurs faibles rémunérations (entre autres paramètres).
C’est à la suite de la pandémie qu’ont pu être définies les limites de cette vaste catégorie, notamment dans le cadre de la mission d’accompagnement des partenaires sociaux dans la démarche de la reconnaissance des travailleurs de la « deuxième ligne ». Cette dernière concerne, dans les faits, dix-sept familles de métiers, qui comptent 4,6 millions de salariés en 2019 dans le secteur privé, lesquels ont été exposés aux contaminations en raison de leurs conditions de travail et de leur présence sur site pendant le premier confinement. Il s’agit de travailleurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, du commerce, de la sécurité, de la propreté, des transports ou encore du bâtiment.
Les aides à domicile, les plus précaires
La chercheuse met en évidence trois difficultés principales concernant l’ensemble de ces professions : les salariés connaissent des conditions d’emploi précaires (forts taux de CDD et d’intérim) et des salaires faibles ; ils rencontrent des conditions de travail plus difficiles (accidents du travail deux fois plus nombreux, exposition à des produits chimiques) ; enfin, ils sont confrontés à d’importantes contraintes horaires (temps partiel subi, travail plus fréquent la nuit ou le dimanche).
Par ailleurs, la part des bas salaires (inférieurs à 1 246 euros net en 2019) est plus élevée dans les métiers de la deuxième ligne que dans l’ensemble du secteur privé (18,0 %, contre 11,9 %). Chez les aides à domicile, de loin la profession la plus précaire, la part des bas salaires est de 43,5 % !
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