Saisonniers : dans les stations balnéaires du Nord, la concurrence belge complique les recrutements

Saisonniers : dans les stations balnéaires du Nord, la concurrence belge complique les recrutements

Sur la plage de Blankenberge, en Belgique, le 9 août 2020.

Ce n’est pas une réponse, c’est un cri du cœur. Quand on lui demande s’il retournerait travailler dans la restauration en Belgique, Arnaud Guetache, serveur sur la digue de Malo-les-Bains (Nord) n’hésite pas : « Jamais ! Beaucoup trop d’heures ! » Il en a enchaîné jusqu’à trois cents par mois, soit une moyenne de soixante-quinze par semaine, « de 9 heures à 1 heure », dans un café de plage de Coxyde, à côté de La Panne, en Belgique.

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A Malo-les-Bains, petite ville du littoral, contiguë avec Dunkerque (Nord), la plupart des restaurateurs, cafés, glaciers et campings n’ont pas encore trouvé tous leurs saisonniers pour cet été. En cause, notamment, la concurrence de la Belgique. Malo-les-Bains n’est qu’à 20 kilomètres de La Panne, première station belge après la frontière. Il se dit que les Belges prennent tout le monde, même sans parler le flamand. « Il suffit de savoir dire “bonjour”, “au revoir”, “bon appétit”, assure Kevin Druon, serveur au Koffielicious, à La Panne. J’ai trouvé tout de suite. Mais si cela vaut le coup niveau salaire, il faut avoir la forme… »

Pour un serveur, la différence peut être de près de 3 euros de l’heure. Soit 13 à 14 euros côté Belge, quand, en France, la plupart des annonces actuellement diffusées offrent juste le smic horaire, donc 11,52 euros (salaire brut, à compter du 1er mai).

Une « conception de l’effort qui n’est pas la même »

Hugo Ferfaille, conseiller chargé des ressources humaines à la chambre de commerce du littoral, estime que la concurrence transfrontalière entre restaurateurs joue essentiellement pour ceux qui vivent « vraiment à proximité de la Belgique ». « Dès qu’il faut faire des kilomètres pour aller travailler tous les jours, cela ne vaut plus le coup. »

Ce vendredi 14 avril, il a rendez-vous avec des Belges qui viennent recruter en France. A mots prudents, il parle d’une « mentalité différente » et d’une « conception de l’effort qui n’est pas la même » en Belgique. Comprenez, comme le dit plus crûment cette jeune Française, employée par un glacier de La Panne, « ici, tu bosses vraiment beaucoup et tu acceptes qu’une grosse partie de tes heures soient payées au black. Moi, ça m’arrange ».

Les réputations vont vite sur ce petit territoire franco-belge. Kevin Defive, patron de La Moule rit, un restaurant de Malo-les-Bains, a trouvé son personnel pour cet été. Surtout des étudiants, certains qui reviennent d’une année sur l’autre. « Le bouche-à-oreille va vite. Si tu traites correctement tes équipes, ils reviennent et n’ont pas envie d’aller travailler en Belgique. » Ils pourraient pourtant y gagner plus, mais, comme l’assure Julie Barrois, sa responsable de salle : « En tant qu’étranger, ce n’est pas facile et, ici, on a notre stabilité, des plannings à la semaine. »

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