ArcelorMittal France de nouveau condamné pour discrimination syndicale
« lIs m’ont laissé complètement sur le côté », se désole ce salarié et syndicaliste CGT d’ArcelorMittal France, qui a souhaité rester anonyme. Le 17 février, son employeur a été condamné par la cour d’appel de Douai (Nord) pour discrimination syndicale envers lui et six autres de ses collègues membres de la CGT sur le site de Mardyck (Nord), qui produit des carrosseries de voiture.
Rentré il y a plus de trente ans au sein du groupe de métallurgie, ce salarié a pris assez rapidement des mandats en tant que délégué du personnel. Il est ensuite monté en puissance dans ses responsabilités syndicales au sein de la société. « A partir du moment où mon mandat a dépassé le mi-temps du total de mon activité globale, j’ai compris que j’aurais une évolution plus difficile, raconte le salarié. Je n’avais plus d’interlocuteur au niveau de la direction, c’était très difficile d’avoir un entretien professionnel annuel. »
« Classification et rémunération très inférieures »
« A partir de leur engagement syndical, ces salariés ont vu leurs chances d’évolution dans la société décroître, l’employeur les ayant maintenus à des niveaux de classification et de rémunération très inférieurs à ceux de leurs collègues de travail non syndiqués », a commenté Me Xavier Sauvignet, leur avocat. « On me reprochait mon activité à mi-temps, alors que c’est justement une preuve de discrimination », souligne le salarié.
Le géant de la sidérurgie s’était déjà vu condamné en première instance par le conseil des prud’hommes de Dunkerque en 2020. La cour d’appel a confirmé ses décisions, revoyant à la hausse les sommes allouées aux salariés : au total, 222 000 euros de préjudice financier ainsi que 35 000 euros de préjudice moral, en plus des rappels de salaire de l’ordre de 200 000 euros.
Déjà condamné sur son site de Fos-sur-Mer
Ce n’est pas la première fois qu’ArcelorMittal France est rappelé à l’ordre pour discrimination syndicale : le géant de la sidérurgie a déjà été condamné pour le même motif sur son site de Fos-sur-Mer. ArcelorMittal France nous a affirmé ne pas vouloir faire des commentaires.
Chargé de la défense des salariés discriminés à la CGT, François Clerc se déclare à moitié satisfait de la décision de la cour d’appel : « On a énormément progressé ces trois dernières années sur la question des discriminations, mais les sommes allouées aux salariés par la cour d’appel restent inférieures à ce que l’on demandait sur la base de la carrière telle qu’elle aurait dû être. » L’un des sept syndicalistes CGT de Mardyck vainqueurs en appel s’interroge : « On est en train d’étudier s’il faut aller plus loin ou non. »