« C’est marrant, je ne suis pas sûr d’avoir envie de retravailler » : les vantards de la rupture conventionnelle
Chronique« Les casse-pieds de l’été » (2/8). Certains individus ont le chic pour gâcher les vacances. « M » vous indique ceux à éviter pour préserver vos précieux moments de détente. Cette semaine, les chanceux qui viennent de signer pour des congés à durée indéterminée.
Parmi les gens qu’il est désagréable d’avoir à ses côtés en vacances, certains ne nous veulent aucun mal. Ils ont juste le tort de faire jaillir en nous de mesquines pensées, l’envie, notamment. Ceux qui viennent de signer une rupture conventionnelle, par exemple. Le minimum serait de les plaindre, ils sortent généralement d’une situation professionnelle difficile, ne savent pas quel avenir les attend. Et pourtant, à les entendre s’interroger sur leur nouvelle vie, on en vient à les jalouser secrètement.
En vacances, les gens en rupture conventionnelle sont dans leur élément. Quand on se demande si on va prendre ses deux semaines de congé en juillet ou en août, ils expliquent qu’eux, à leur retour de leurs deux mois et demi de repos, ont prévu un stage de permaculture en Normandie, avant une semaine de formation à la communication non violente à Bruxelles. Ils assurent que « ça fait beaucoup de bien » et nous disent qu’on devrait essayer. On ne va pas leur avouer que, pendant l’année, on ne trouve même pas le temps d’aller à la gym une fois par semaine.
En attendant (les gens en rupture conventionnelle disent volontiers « en attendant », sans que l’on comprenne vraiment ce qu’ils attendent), ils « donnent un coup de main » à des amis, conseillent des start-up bénévolement (la version de droite de la permaculture).
Gros chèque
A la plage, sur leur serviette, ils expliquent que leur problème, c’est qu’ils hésitent vraiment avec tous ces possibles qui s’ouvrent à eux. C’est au moment où ils précisent : « J’ai de quoi voir venir jusqu’à… », allusion à la durée de leurs allocations Pôle emploi, qu’on se sent devenir de droite avec des cocardes RPR qui vous poussent partout sur le maillot de bain. « C’est marrant, confient-ils face à l’océan, je ne suis pas sûr d’avoir envie de retravailler. » A bien y réfléchir, nous non plus, mais ils ne nous ont pas posé la question.
Depuis qu’il a vu un coach, le vacancier en rupture conventionnelle sait qu’il a « besoin de sens », et il l’explique au cousin en vacances qui a surtout besoin de joindre les deux bouts.
Heureusement, OpinionWay l’a fait. Selon un récent sondage mené pour l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, 84 % des actifs français estiment que leur emploi a du sens, mais 43 % seraient prêts à quitter le leur dans les deux ans pour un autre qui en ait encore davantage. C’est la réalité contre les aspirations. L’enquête ne donne pas le pourcentage de vacanciers prêts à quitter leur boulot après avoir passé des vacances avec des copains en rupture conventionnelle.
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