La France peine à s’améliorer dans la réduction des inégalités femmes-hommes au travail
Entre pandémie de Covid-19, conflits géopolitiques et augmentation du coût de la vie, les politiques semblent avoir relégué la question de l’égalité femmes-hommes au second plan. C’est le constat du classement 2022 du Forum économique mondial (ou WEF, pour World Economic Forum) sur l’égalité professionnelle femmes-hommes, publié mercredi 13 juillet, et où la France n’occupe que la 15e place.
En 2022, le fossé entre les femmes et les hommes est loin d’être comblé et, selon les experts du WEF, il faudra encore cent trente-deux ans pour y parvenir à l’échelle mondiale. Si ce chiffre était de cent trente-six en 2021, notamment en raison de la pandémie de Covid-19, depuis des années il ne se réduit pas de manière significative, et le WEF n’enregistre pas d’avancée majeure dans la lutte contre les inégalités.
Depuis 2014, la France elle aussi stagne dans le classement : si elle a gagné un rang par rapport au classement 2021, elle en a perdu trois par rapport à 2018. Une oscillation constante qui agace les ONG. « On est toujours au même stade, alors qu’on nous a promis que l’égalité femmes-hommes serait la grande priorité du quinquennat. Pire, on nous l’a promis deux fois », fustige Valentine Viard, présidente de l’ONG Business & Professional Women France, qui milite pour l’égalité professionnelle.
De la formation au marché du travail, les inégalités perdurent : bien que la France soit sur la première marche du podium en matière d’éducation, les femmes sont surreprésentées chez les diplômés de la santé (74 %), des arts et sciences humaines (70 %), tandis qu’elles restent les grandes absentes de l’ingénierie (26 %) et des technologies de l’information et de la communication (16,5 %).
« Appliquer les lois de manière stricte »
Sans surprise, ces différences de traitement avec les hommes les suivent dans la vie active. Sur le marché du travail, le chemin est encore long pour parvenir à l’égalité entre les sexes : en plus d’être plus nombreuses à être embauchées à temps partiel que les hommes, en France, les femmes ne perçoivent toujours que 75 % du salaire de leur homologue masculin.
Aujourd’hui, la principale épine dans le pied de la France reste le manque d’indicateurs, confie Valentine Viard. « Tout ce qui ne se compte pas, ne se contrôle pas. C’est pourquoi il faut des chiffres sur le recrutement, sur les salaires et sur les congés maternité. Ensuite viendra le temps des sanctions », précise-t-elle.
L’ambition de l’ONG : hisser la France dans le top 5 des pays en matière d’égalité professionnelle d’ici la fin du quinquennat. Mais pour pouvoir concurrencer l’Islande, première du classement pour la treizième année consécutive, « il faut arrêter la tolérance et appliquer les lois de manière stricte », scande la présidente, faisant allusion à la loi Génisson (2001) ou la loi Rixain (2021) sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans les entreprises.
Un défi majeur, au moment où l’ombre d’un retour en arrière plane sur l’Europe. « Les conséquences économiques et sociales de la pandémie et des conflits géopolitiques ont interrompu les progrès. Elles ont aggravé la situation des femmes et risquent de créer des cicatrices permanentes sur le marché du travail », regrette Saadia Zahidi, directrice générale du WEF, citée dans l’étude. D’autant plus qu’avec l’inflation et la crise énergétique qui frappe l’Europe depuis des mois, la crainte d’un délaissement de la part des dirigeants politiques et d’une régression en matière d’égalité femmes-hommes s’intensifie.