Combien coûte aux parents une garde d’enfants, assistante maternelle ou nounou à domicile ?
En moyenne 3,70 euros par enfant accueilli : c’est le salaire horaire net moyen réglé par les parents aux assistantes maternelles au quatrième trimestre 2021, selon les dernières données diffusées par l’Observatoire des emplois de la famille, ce 7 juillet. Un chiffre en hausse de 2 % sur un an.
Ce salaire moyen varie d’environ 45 % entre les départements les moins chers et ceux les plus chers – de 3,10 euros dans la Sarthe et dans l’Orne à 4,50 euros en Haute-Corse et à La Réunion. Au total, il dépasse les 4 euros dans quinze autres départements (parmi lesquels les Hauts-de-Seine, les Bouches-du-Rhône, la Guyane, la Corse-du-Sud, etc.). Paris se situe au milieu de la fourchette, à 3,80 euros.
« C’est le jeu de l’offre et de la demande qui explique principalement les disparités importantes entre les territoires, l’offre d’accueil est très inégalement répartie et il y a localement de fortes tensions », détaille Isabelle Puech, la directrice de l’observatoire, qui relève de la Fédération des particuliers employeurs de France (Fepem). Les chiffres se basent sur les données salariales transmises par l’Urssaf caisse nationale. « L’assistante maternelle est le premier mode d’accueil des jeunes enfants gardés hors de la famille », précise Isabelle Puech, indiquant qu’environ 966 000 parents y ont recours.
Quant au salaire horaire net de la garde d’enfants à domicile (au domicile des parents), autre mode de garde individuel possible, il s’élevait en moyenne, au dernier trimestre 2021, à 9,70 euros nets, en hausse de 2,20 % sur un an. Les écarts entre les départements sont moindres, de 8,60 euros dans la Creuse à 10,20 euros en Haute-Savoie. Selon la Fepem, environ 123 000 parents ont recours à cette option.
Deux logiques financières
Attention, même si dans les deux cas, le salaire est négociable entre les deux parties, employé et employeur, ces deux modes de garde fonctionnent, financièrement, de façon très différente, ce qui peut rendre les comparaisons complexes pour les parents.
Le salaire horaire net de l’assistante maternelle ne peut être inférieur à un minimum (c’est, depuis le 1er juillet 2022, 3,06 euros brut, et 3,18 euros si le professionnel a le titre professionnel « assistant maternel garde d’enfant »), qui dépend de dispositions légales et de la convention collective. Il doit être complété par les parents par d’autres éléments de rémunération : les congés payés, une indemnité d’entretien obligatoire (au moins 3,47 euros par enfant pour une journée de neuf heures, pour couvrir notamment les consommations d’eau et d’énergie, le matériel), souvent des frais de repas, etc. Tout s’entend par enfant confié.
Dans le cas général, les parents ne paient pas de cotisations sociales pour leur assistant(e) maternel (le). Ils peuvent bénéficier, pour chaque enfant de moins de six ans ainsi gardé, du complément de libre choix du mode de garde (CMG), versé par les caisses d’allocations familiales ; son montant varie selon l’âge de l’enfant et les ressources du foyer. Autre aide financière accordée : un crédit d’impôt de 50 % de la dépense (CMG déduit), plafonné à 1 150 euros par enfant.
Les parents ayant recours à une garde d’enfants à leur domicile, souvent appelée « nounou à domicile », doivent, de leur côté, payer à leur employée un salaire horaire de base supérieur au smic – 10,88 euros brut depuis le 1er juillet – quel que soit le nombre d’enfants gardés. Le coût peut toutefois être réparti entre deux familles dans le cadre d’une « garde partagée ». S’ajoute la prise en charge d’une partie des frais de transport et d’une partie des cotisations et contributions sociales liées au salaire de leur employée.
60 %
C’est la proportion de gardes d’enfants à domicile déclarant que leur salaire a été fixé par négociation avec leur employeur, tandis que 20 % des personnes gardant des enfants à domicile disent avoir fixé elles-mêmes leur salaire, et que les 20 % restantes affirment que ce sont les parents qui l’ont décidé, selon une enquête en ligne menée en mai 2022 par l’Observatoire de l’emploi à domicile, sur l’attractivité des métiers à domicile.
Là aussi, les parents peuvent toucher un CMG (un par famille, même si deux enfants sont gardés par la nounou) et bénéficier d’un crédit d’impôt de 50 % du reste à charge, plafonné ici à 7 500 euros à partir de deux enfants à charge (9 000 euros pour la première année durant laquelle un salarié à domicile est employé).
Hausse des coûts de la garde à prévoir
S’ils peuvent donner une idée, une référence, aux parents actuellement à la recherche d’un mode de garde pour la rentrée, ces montants moyens de salaires constatés au dernier trimestre 2021 ne seront pas ceux pratiqués à la rentrée, de nouvelles revalorisations des grilles de salaires minimaux ont en effet été négociées depuis, en février et mai 2022, en raison notamment des hausses du smic, liées à l’inflation (la dernière revalorisation devant être appliquée prochainement), explique la Fepem.
La fédération anticipe également, pour les mois et années à venir, des hausses du coût de la garde pour les parents liées aux augmentations des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, mais surtout, plus structurellement, à un manque de professionnels.
« Je crains des tensions fortes sur le marché, nous entrons dans la pénurie d’assistantes maternelles que nous annonçons depuis un certain temps, elle se constate déjà dans l’ouest du pays », déplore Marie-Béatrice Levaux, présidente de la Fepem. « D’ici à 2030, 44 % de celles en exercice seront en âge de partir à la retraite. Ce sont ainsi près de 125 870 professionnelles qu’il faudra remplacer pour maintenir une capacité d’accueil individuel des jeunes enfants identique à celle d’aujourd’hui. »
Pour faciliter le recrutement, poursuit-elle, « il faut notamment s’adapter aux demandes des nouvelles générations de professionnels, qui ont par exemple moins envie de travailler à la maison et davantage envie d’évoluer en équipe, ce qui est possible dans le cadre des maisons d’assistantes maternelles ».
Elle alerte : « Tous ces éléments vont faire augmenter le reste à charge pour les parents, à moins que le gouvernement ne se décide à revaloriser le CMG, pour le rééquilibrer par rapport à l’aide accordée aux parents d’enfants gardés en crèche [directement incluse dans le tarif de la crèche et fonction des ressources de la famille]. »