Emploi : « La plupart des jeunes Chinois ont intégré la compétition »

Emploi : « La plupart des jeunes Chinois ont intégré la compétition »

Devant une agence de l’emploi, à Shanghaï, en avril 2020.

Le chômage des jeunes, qui a atteint un niveau record, en mai, à 18,4 %, peut-il déstabiliser le pouvoir ? Ces derniers mois, le premier ministre, Li Keqiang, a évoqué la question à au moins cinq reprises, lors de réunions, appelant le gouvernement et les autorités locales à « stabiliser » la situation de l’emploi. Affectée par la crise immobilière et par la politique zéro Covid, maintenue coûte que coûte par les autorités, la croissance chinoise devrait atteindre son plus bas niveau depuis le début des années 1990, à 4 % environ, loin des prévisions officielles de 5,5 %.

La dernière fois que la Chine a connu le chômage de masse, après des licenciements massifs dans le secteur public, à la fin des années 1990, un bond de l’activité, peu après, avait permis d’absorber rapidement les sans-emploi. Lors de la crise de 2008, l’Etat était intervenu avec un plan de relance massif, permettant, là encore, à l’activité de reprendre rapidement. A chaque fois, le chômage des jeunes avait été encore plus rapidement résorbé. Mais, aujourd’hui, avec le ralentissement structurel de la croissance, la donne a changé. Et le pays risque d’être confronté à un chômage de longue durée.

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Avec quel impact sur la jeunesse ? « En général, les jeunes ne restent pas très longtemps au chômage. Ensuite, ils tendent à compter sur leurs propres forces, plutôt que de se tourner vers l’Etat : la plupart ont intégré la compétition », souligne Chloé Froissart, professeure de sociologie politique à l’Institut national des langues et civilisations orientales, spécialiste des mobilisations sociales en Chine.

« La répression a été renforcée »

En effet, les jeunes sans emploi contactés par Le Monde ont tendance à se considérer comme responsables de leur situation : « J’étais moins motivé que d’autres étudiants, je n’ai pas envoyé beaucoup de CV », estime M. Wang (il ne donne pas son prénom), un jeune qui a passé huit mois sans emploi, en 2021, après sa sortie de l’université. Il avait pourtant envoyé plus d’une centaine de candidatures et passé vingt entretiens avant de trouver un employeur.

La mobilisation des jeunes chômeurs est d’autant moins probable qu’ils sont par définition isolés en sortant de l’université, contrairement à des ouvriers d’usine, par exemple, qui peuvent s’unir au sein de leur entreprise. Cela a été le cas à la fin des années 1990, pour protester contre des licenciements massifs au sein d’entreprises d’Etat. Surtout, les possibilités de mobilisation ont été drastiquement réduites par le resserrement du contrôle sur la société, avec de lourdes peines pour les contestataires.

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