SNCF : derrière la grève du 6 juillet, un mal-être social
Nadia dit en « avoir mal au bide » quand elle va travailler. Cette gestionnaire des plannings des conducteurs de trains de banlieue au nord de Paris, également déléguée SUD-Rail (son prénom a été changé), a participé à une grève locale les 23 et 24 juin derniers qui a touché les établissements de Paris-Nord et Paris-Saint-Lazare. « J’ai vingt-deux ans d’ancienneté et je n’ai jamais vu un tel niveau d’attaques contre nos savoir-faire, un tel niveau de souffrance physique et morale », raconte-t-elle. Sa bête noire personnelle, c’est un logiciel baptisé Orion en train d’être déployé chez Transilien – les trains et RER d’Ile-de-France. Le nouvel outil est accusé de « forcer la productivité, de conduire à des suppressions d’emploi, à une déshumanisation du travail ».
Le cas de Nadia est emblématique d’un mal-être qui traverse le corps social de la SNCF et qui semble s’accentuer depuis quelques mois. Il s’exprimera à travers une grève nationale le mercredi 6 juillet pour la défense des salaires et du pouvoir d’achat. Trois syndicats, la CGT-Cheminot, première organisation représentative du groupe ferroviaire, SUD-Rail, le numéro trois, et la CFDT, le numéro quatre, appellent de façon unitaire à débrayer au cours de la première semaine de départs en vacances. L’UNSA-Ferroviaire, deuxième syndicat de l’entreprise, devait décider, mardi 28 juin, lors d’un bureau fédéral, s’il rejoint le préavis commun.
Mouvements sporadiques
Mais cette journée du 6 juillet n’est que la face cachée d’une grogne sociale qui prend la forme de dizaines de petites grèves, journées de débrayages et de protestation contre, là, une réorganisation, ici, la suppression de quelques postes, ailleurs, la crainte de l’arrivée de la concurrence dans les TER locaux.
L’agitation aurait tendance à se concentrer en Ile-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), première région à avoir attribué une ligne TER à un concurrent, laquelle a connu deux journées de perturbation les 20 et 21 juin, ainsi que dans la région Nouvelle-Aquitaine, en proie à des mouvements sporadiques depuis plusieurs semaines et où une grève a perturbé le trafic des TER lundi 20 juin. Des mouvements sociaux affectent également plusieurs établissements de maintenance, où les salaires sont parmi les plus bas de l’entreprise, et où les difficultés de recrutement de la main-d’œuvre ont conduit à de nombreuses annulations de TGV la semaine dernière.
« Dans tous les métiers, conduite, maintenance, gestion du réseau, on n’arrive plus à recruter » Didier Mathis, secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire
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