En Beauce, les habitants de Mer s’inquiètent d’une multiplication des plates-formes logistiques

En Beauce, les habitants de Mer s’inquiètent d’une multiplication des plates-formes logistiques

Une salariée de l'entreprise Aosom MH France, filiale d'une entreprise chinoise implantée dans la zone d'activité Les Portes de Chambord, travaille à la préparation des commandes dans un entrepôt, à Mer (Loir-et-Cher), le 6 avril 2021.

En pleine Beauce, la commune de Mer, entourée de champs céréaliers et frôlée par l’échangeur 16 de l’autoroute A10, est devenue, en moins de sept ans, un eldorado pour plates-formes logistiques. Colissimo, Relay, But.fr, Lapeyre et Mitsubishi y avaient déjà pris leurs quartiers. Mais, à mesure que prospère le commerce en ligne de marchandises importées et que se généralise la livraison à « J + 1 », d’autres acteurs ont fait leur apparition.

Le chinois Aosom.fr, spécialiste de la décoration de jardin, figure parmi les derniers arrivés. Un nouvel entrepôt de 49 000 mètres carrés cherche son futur occupant, moyennant un loyer annuel de 44 euros par mètre carré, soit 13 de moins qu’en Ile-de-France. C’est non loin de là, à l’entrée de la zone d’activité des Portes de Chambord, que se réuniront, dimanche 20 février au matin, les membres du collectif mérois « A bas le béton », né en 2021. Il sera rejoint par deux mouvements similaires établis à Vierzon et Orléans. « Autant de terres artificialisées pour quel type d’avenir pour nos enfants ? », précise leur communiqué.

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Avec ses fermes délaissées et ses usines de matelas abandonnées, Mer était devenu une cité-dortoir sinistrée disposant toutefois d’une grosse réserve foncière constituée de terrains agricoles et de friches industrielles. C’est dans ce butin que la collectivité puise copieusement pour attirer des entrepreneurs. Catella, Concerto, Panhard, Alsei : ses acheteurs actuels sont des acteurs majeurs de l’immobilier logistique. Le dernier a obtenu, le 28 octobre 2021, une autorisation préfectorale pour un projet d’entrepôt de 37 480 mètres carrés destiné à stocker en partie des produits combustibles et ce, malgré un avis négatif du conseil municipal (avec 16 abstentions) rendu un mois plus tôt.

En 2020, dans l’indifférence générale, la communauté de communes Beauce Val de Loire avait débloqué d’autres précieuses parcelles, à 1 500 mètres du cimetière communal, de l’autre côté de l’A10 et à proximité site classé Natura 2000 de Petite Beauce. A mots feutrés, elle avait annoncé vouloir y « poursuivre un développement économique significatif à forte dominante de logistique ». C’est sur les champs de l’ancienne ferme des Cent Planches, à côté d’un parc solaire de 7 hectares inauguré à l’automne 2021, que 16 hectares de bâtiment naîtront à la fin de 2023, parmi lesquels trois entrepôts de 100 000 mètres carrés, 40 000 mètres carrés et 20 000 mètres carrés.

« Des investissements énormes »

Le promoteur a promis de préserver plusieurs bosquets qu’il décrit comme des « écrans arborés » permettant d’« occulter la plupart des perceptions visuelles en direction des Cent Planches ». De quoi faire bondir Sébastien (qui n’a pas souhaité donner son nom), un chasseur de 46 ans, dont la famille réside à Mer depuis plusieurs générations. « Quand Mer était boisée, il y avait une belle population d’animaux. Avec l’activité agricole, du gibier de plaine s’était implanté. Avec ces plates-formes, tout est détruit. Des milliers de tonnes de béton sont déjà présentes, alors le retour à la normale est impossible. Je me souviens quand, petit, j’allais chasser avec mon père et mon oncle sur ces lieux. C’était joli et agréable, avec du gibier en abondance. Cela fait partie de mes lointains souvenirs. »

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