Organisé par Le Monde, le salon MBA Fair accueillera des grandes écoles qui proposent des MBA ou des « executive masters », masters destinés aux cadres qui souhaitent progresser dans leur carrière ou se réorienter : HEC Paris, ESSEC Business School, EM Lyon, Université Paris Dauphine-PSL, CESI, IESEG…
Le salon se tiendra en présentiel de 10 h 30 à 17 heures le samedi 26 novembre 2022, au Palais Brongniart, à Paris.
Des conférences
Des journalistes spécialisés du Monde animeront des conférences tout au long de la journée.
Des prises de paroles des écoles sont également programmées.
Des rendez-vous avec les écoles
Dans la journée, le public pourra rencontrer des responsables de programmes sur les stands, participer aux prises de parole et masterclass des écoles.
Les cadres pourront participer à des sessions d’information en ligne, dans lesquelles les écoles présenteront leurs formations et répondront aux questions des internautes sur les admissions, financements…
La liste des exposants et les informations pratiques sont à retrouver sur le site du MBA Fair.
« N’oublie pas de prendre draps, oreiller, serviettes de toilette, bouilloire électrique (très important), des réserves (chocolat, thé, snacks…), et du frais pour les premiers jours », avait-on conseillé à Paul H., un homme d’affaires occidental qui n’a pas souhaité être identifié, installé à Hongkong depuis vingt ans. Très familier des voyages en Chine, plutôt dans les meilleurs hôtels internationaux des principales grandes villes, il n’y était pas retourné depuis presque trois ans, et avait été ainsi conseillé par un ami qui en revenait.
Car, depuis que « la Chine a rouvert », ceux qui y vont, pleins d’enthousiasme à l’idée de pouvoir « enfin revoir leurs équipes », reviennent un peu sous le choc des parcours d’obstacles que sont devenus les voyages en Chine continentale. L’époque pré-Covid-19 des « sauts de puce », où, à partir de Hongkong, on enchaînait en quarante-huit heures réunions, visites d’usines et soirées avec les clients dans plusieurs villes, est un lointain souvenir. Tout comme les allers-retours Hongkong-Shanghaï, qui pouvaient se faire sur la journée, ou les visites à Shenzhen, qu’un train rapide relie à Hongkong en dix-neuf minutes depuis 2018…
Dix-neuf minutes de train, c’est rapide, sauf qu’il faut désormais ajouter à ce temps de transport plusieurs semaines d’attente pour gagner à la loterie qui donne le droit de traverser la frontière, et dix jours de quarantaine pour les visiteurs non-résidents… Alec L., qui travaille dans une grande entreprise d’électronique, s’était inscrit sur l’application en ligne prévue pour le tirage au sort des passages à Shenzhen, la ville frontière avec Hongkong. Il a enfin eu son jour de chance fin octobre. Mais, en arrivant à la frontière, il lui manquait le certificat écrit de l’un de ses tests anti-Covid.
« On ne sait pas où l’on va »
Retour à la case départ. « Je retente ma chance tous les jours. Ma valise est prête depuis deux mois maintenant, car les résultats tombent à 20 heures chaque jour, et l’autorisation peut être donnée pour le lendemain », raconte Alec. Aller en Chine en ce moment requiert donc patience, persévérance et même endurance. Si l’accès par avion, lui, ne requiert pas de loterie, les billets sont très rares. Et, pour Pékin, outre la fourniture des tests « habituels », il fallait aussi, jusqu’aux annonces d’assouplissement de vendredi 11 novembre, se tester dans les sept heures avant le décollage. Ce qui impliquait, pour les vols du matin, de passer la nuit à l’aéroport. Un seul test pré-voyage est désormais requis.
Il vous reste 62.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
La Société éditrice du Monde souhaite présenter dans ses publications une sélection de témoignages, sous forme d’écrits, de photographies et de vidéos (ci-après désignés ensemble ou séparément « Contribution(s) ») qui lui sont soumis librement par les internautes.
Contenu de la Contribution
Votre Contribution doit respecter la législation en vigueur, notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les articles 9 et 9-1 du code civil sur le droit à la vie privée et au respect de la présomption d’innocence et les dispositions du code de la propriété intellectuelle. Aucune Contribution contraire à la loi ne pourra être publiée.
Une orthographe et une mise en forme soignées sont exigées (pas de textes en lettres capitales, pas d’abréviations ou d’écrits de type « SMS »).
Vous devez être l’auteur des textes, photographies et vidéos que vous proposez dans le cadre de votre Contribution, ou avoir l’autorisation de leur auteur pour leur publication dans les conditions ici définies. Le nom de l’auteur doit toujours être mentionné, de même que la date et le lieu où ont été pris vos documents photographiques ou vidéo et rédiger une légende descriptive.
Votre Contribution doit être signée de vos prénom et nom. Les demandes d’anonymat en cas de publication seront examinées par la rédaction de la Société éditrice du Monde au cas par cas.
La Société éditrice du Monde se réserve le droit de refuser toute Contribution, ou d’effacer toute Contribution préalablement publiée, pour quelque cause que ce soit, notamment si :
elle est contraire à la loi (racisme, appel à la violence ou à la haine, diffamation, pornographie, pédophilie, sexisme, homophobie, …).
elle est contraire aux règles de conduite du Monde.fr et des autres publications concernées (mauvaise orthographe, propos non conforme au sujet demandé, forme peu soignée, …).
son sujet ou sa forme présente peu d’intérêt pour les lecteurs, la Société éditrice du Monde étant seule décisionnaire à ce titre.
elle a déjà été proposée et publiée ou elle est similaire à un témoignage récemment publié.
elle contient la représentation ou la désignation d’une personne physique pouvant être identifiée, en particulier une personne mineure.
elle contient la représentation d’une œuvre pouvant relever du droit d’auteur d’un tiers sans l’autorisation de celui-ci.
elle contient des photographies ou vidéos dont la qualité technique est insuffisante (photos floues, vidéos illisibles ou de mauvaise définition, bande son inaudible, …), la Société éditrice du Monde étant seule décisionnaire à ce titre.
Règles applicables à la Contribution
En participant à cet appel à témoignages, vous autorisez la publication totale ou partielle de votre Contribution sur le site Le Monde.fr, dans le quotidien Le Monde, dans M le Magazine du Monde et/ou sur toute autre publication ou site où la Société éditrice du Monde publie du contenu éditorial (Facebook, Twitter, Digiteka, Instagram, etc., dans le monde entier, pour la durée d’exploitation de la publication concernée.
La Société éditrice du Monde est libre de publier ou non les Contributions qui lui sont proposées.
Votre réponse à l’appel à témoignages, ainsi que votre autorisation pour l’exploitation éventuelle de votre Contribution, sont accordées à titre gracieux et ne peuvent donner lieu à une quelconque rétribution ou gratification ou versement de quelque nature que ce soit, à quelque titre que ce soit.
Les informations recueillies dans le questionnaire sont enregistrées dans un fichier informatisé par la Société éditrice du Monde, et communiquées aux seuls journalistes à l’origine de l’appel à témoignage et aux équipes techniques en charge de la gestion du traitement.
Elles ne seront utilisées que dans le cadre de cet appel à témoignages. Les données associées à une Contribution sont conservées pour une durée maximale de deux ans. Vous pouvez accéder aux données vous concernant, les rectifier, demander leur effacement ou exercer votre droit à la limitation du traitement de vos données, retirer à tout moment votre consentement au traitement de vos données.
Pour exercer ces droits ou pour toute question sur le traitement de vos données dans ce dispositif, vous pouvez contacter dpo@groupelemonde.fr
Consultez le site cnil.fr pour plus d’informations sur vos droits.
« A l’aise à l’oral, vous aimez convaincre. Rigoureux et doté d’un excellent relationnel, vous n’hésitez pas à faire preuve d’agilité et à être force de proposition. » C’est un poncif des offres d’emploi à rallonge : en ces temps où tant de manageurs s’inquiètent du désengagement de leurs équipes, le salarié force de proposition est visiblement un cadeau du ciel. Plein d’idées, c’est quelqu’un sur qui l’on peut se reposer.
Concrètement, c’est quelqu’un de réactif, qui sait par exemple s’adapter aux demandes de ses clients, et s’affirmer devant un groupe. Une personne force de proposition sait indéniablement produire de bonnes « propales », dit-on dans le domaine du commerce : cet étrange mot-valise signifie proposition commerciale.
« Le nom propale n’est pas la création de quelque poète qui aurait cherché une rime à opale. C’est le résultat, dans le jargon de la mercatique, de l’apocope sévère du nom proposition, réduit à prop-, et de l’aphérèse non moins sévère de l’adjectif commerciale, réduit à -ale, apprend-on en toute justesse sur le site de l’Académie Française. Qui de mieux qu’elle pour détricoter avec acidité notre propale ? Ensuite, comme le docteur Frankenstein du roman de Mary Shelley avait créé un être vivant à partir de chairs mortes, on a donné vie à cette propale, née des dépouilles cousues de proposition et de commerciale. »
Cultiver un certain entre-soi
Comme toute abréviation (citons la « réu » pour réunion) ou mot-valise qui claque, destinée à un parcours brillant, la propale est devenue plus grande que son berceau. Petit à petit, elle a su congédier le « commercial » pour devenir, dans quelques univers branchés (le conseil ou les start-up, par exemple), le simple synonyme de « proposition ». Court, chantant (même s’il est difficile de prononcer « propale » cinq ou six fois de suite sans risquer un claquage aux zygomatiques), ce mot presque familier sied parfaitement aux entreprises qui se considèrent comme de grandes familles.
En octobre 2022, alors que le Sénat examinait la proposition de loi visant à encadrer les prestations de conseil auprès du gouvernement, le sénateur PS Mickaël Vallet a d’ailleurs enjoint aux cabinets, comme le propose l’article 7 de cette loi, d’« employer la langue française » dans leurs échanges avec les administrations : « J’aurais pu dire, pour me faire mieux comprendre de l’écosystème qui nous occupe, que j’ai fait partie du board de la commission qui a mesuré behind the scene, comment slide après slide les consultants d’un même practice font des propales pour offrir les bons feedbacks et les keylearnings aux prospects publics ».
Il vous reste 22.19% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Après un mois de bras de fer avec le gouvernement autour du budget de la Sécurité sociale pour 2023, les syndicats de biologistes franchissent une nouvelle étape et commencent, lundi 14 novembre, une « grève illimitée » des laboratoires d’analyses médicales.
Depuis l’annonce, fin septembre, d’une économie de 250 millions d’euros à réaliser de gré ou de force dans le secteur, les biologistes libéraux s’alarment d’un « coup de rabot » et s’y opposent par tous les moyens. Redoutant une baisse de tarifs pérenne, ils ont d’abord proposé une « taxe exceptionnelle » du même montant, au titre des profits engrangés grâce aux tests Covid.
Faute d’accord, ils ont ensuite arrêté de transmettre les résultats de ces dépistages au fichier national SI-DEP, perturbant le suivi de l’épidémie pendant une semaine. Un boycott jugé « inconséquent » et « inadmissible » par le ministre de la santé, François Braun, qui les a même accusés de « prendre en otage l’ensemble de la population ».
Reçus la semaine dernière au siège de l’Assurance-maladie, les biologistes ont à nouveau dénoncé une « folie austéritaire » et appelé à une « grève reconductible » à partir de lundi. Le mouvement, qui devrait durer au moins trois jours, est aussi porté par les grands groupes de laboratoires privés (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab), ainsi que par le réseau des Biologistes indépendants (LBI).
Un « excédent brut de 3 milliards » d’euros
Plusieurs syndicats d’autres professions ont également apporté leur soutien aux biologistes, dont les onze organisations regroupées au sein des Libéraux de santé, ainsi que les médecins de l’UFML. Mais l’exécutif campe sur sa position : « Je maintiens la cible, cela aboutira », a encore affirmé mardi M. Braun, estimant qu’« avec un excédent brut de 3 milliards, ils peuvent faire un effort de 250 millions ».
L’Assurance-maladie « continue pour sa part à privilégier le dialogue » et « regrette profondément l’appel à la grève », jugeant ses propositions « pleinement soutenables pour le secteur de la biologie ». Les biologistes ont toutefois reçu cette semaine le renfort du Sénat lors de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale.
Epousant leur revendication, les sénateurs ont voté un amendement transformant cette « baisse pérenne » en contribution exceptionnelle de 250 millions d’euros en 2023. Une main tendue qui « rouvre la voie à une solution négociée », jugent les biologistes libéraux. Au gouvernement et à l’Assemblée nationale de « se saisir de cette opportunité », ont-ils argué.
« Les syndicats traditionnels ne sont pas à l’aise avec la question écologique, qu’ils continuent souvent à reléguer en 13e point de l’ordre du jour dans leurs réunions, caricature à dessein Adrien Gaillard. Nous avons donc créé le nôtre, avec l’écologie comme porte d’entrée, pour transformer l’appareil productif de l’intérieur. » Cet ingénieur de 30 ans dans une entreprise de conseil en cybersécurité est membre du bureau du Printemps écologique.
Lancé début 2020 par un collectif d’une cinquantaine de bénévoles étudiants et salariés sensibles au dérèglement climatique, « le premier écosyndicat de l’histoire »,ainsi que ses initiateurs aiment à le définir, compte bien s’imposer lors des prochaines élections professionnelles qui auront lieu en fin d’année et en 2023. L’objectif est d’utiliser le levier du dialogue social pour accélérer la transition écologique au sein des entreprises et des organismes publics.
Adrien Gaillard, comme la majorité des premiers adhérents, explique qu’il n’avait « pas, avant cela, de culture syndicale ».Le Printemps écologique entend ainsi notamment séduire les jeunes salariés, qu’on dit plus sensibles aux questions écologiques que leurs aînés, mais dont l’éloignement avec les syndicats est encore plus fort : 5 % des moins de 35 ans sont syndiqués en France, contre – seulement – 11 % pour l’ensemble des salariés. Une bonne stratégie ?
« Malgré une réelle prise de conscience ces dernières années, les syndicats traditionnels sont, en effet, en retard sur les questions écologiques, comme ils l’ont pendant longtemps été, par exemple sur la question des inégalités femmes-hommes, commente la sociologue Camille Dupuy. Cela s’explique notamment par le fait que les grands bastions du syndicalisme sont dans le secteur industriel, très masculinisé, où la transition écologique peut faire craindre des destructions d’emplois. »
Peser dans les CSE
Qu’à cela ne tienne, le Printemps écologique prend la forme d’une confédération de syndicats sectoriels, au nombre de dix pour l’instant, touchant des secteurs aussi variés que « métallurgie et sidérurgie », « banques, assurances et mutuelles », les différentes fonctions publiques, « commerce non alimentaire », « culture, médias et télécommunications »…
Dans ces différents secteurs, l’objectif est, à terme, de peser dans les comités sociaux et économiques (CSE) en tant qu’élus « pour participer aux revendications, négociations et accords d’entreprise sur les conditions de travail des employés, les salaires, les formations, etc., en les orientant dans le sens de pratiques écoresponsables et d’une meilleure prise en compte de l’urgence écologique »,complète Anne Le Corre, cofondatrice et permanente du syndicat, passée par les secteurs de l’automobile et du conseil.
Il vous reste 42.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Extrait d’une émission « Patron incognito », diffusée sur M6. CAPTURE D’ÉCRAN / M6
La revanche d’un blond. Mercredi 9 novembre, les résultats des élections de mi-mandat aux Etats-Unis ont démontré que le trumpisme, même moins vaillant qu’attendu, bougeait encore. Et qu’il avait fait des petits. Qui aurait pu imaginer, en 2004,que Donald Trump, star du programme de télé-réalité « The Apprentice », serait élu à la Maison Blanche douze ans plus tard, puis qu’il deviendrait la figure de proue d’un mouvement idéologique d’ampleur ?
C’est grâce au succès phénoménal de cette émission diffusée sur NBC que le magnat de l’immobilier, dont les affaires se portaient mal, a pu se refaire la cerise (il aurait gagné près de 190 millions de dollars en quatre ans, selon le New York Times). Le programme a surtout contribué à forger l’image d’un meneur d’hommes sans filtre ni pitié, expert du dérapage contrôlé et des UV, dont la posture antisystème tombait pile-poil dans une Amérique en crise.
Toute la substantifique moelle du futur (ex-)président se trouvait déjà là. Sorte de roi Midas cathodique, l’homme à la mèche rebelle et à la confiance inébranlable manageait seize candidats en lice pour obtenir un poste dans l’empire Trump. A la fin, tel un parrain de la Mafia entouré de ses porte-flingues (le conseil d’administration), Donald Trump éliminait un par un ses apprentis en lâchant cette phrase devenue culte : « You’re fired ! » (« Vous êtes viré »). Une méthode brutale et décomplexée qui résonne aujourd’hui étrangement avec celle d’Elon Musk – le milliardaire n’a même pas pris la peine d’informer 3 700 salariés de Twitter (sur 7 500) qu’ils étaient remerciés avant de désactiver leur badge et ordinateur, le 4 novembre.
Le concept de « The Apprentice » a été vendu dans vingt-quatre pays, dont la France, où l’émission a fait « pschitt ! » en 2015. M6 avait, à l’époque, parié sur Bruno Bonnell, ex-PDG d’Infogrames et d’Atari (aujourd’hui secrétaire général pour l’investissement au sein du gouvernement). Mais le pays de l’Etat-providence, royaume du syndicalisme, n’était visiblement pas prêt à digérer cette vision du travail à l’anglo-saxonne. « Qui décrochera le job ? » a été interrompu après seulement deux diffusions.
Espionner le travail des salariés
Côté audience, M6 peut néanmoins compter sur « Patron incognito », autre programme mettant en scène le monde de l’entreprise. Le principe : un patron, donc – affublé d’une fausse barbe, d’un postiche, voire d’une prothèse ventrale –, infiltre sa société pour espionner le travail de ses salariés. Le discours officiel insiste sur l’importance de se frotter à la réalité du terrain pour améliorer les conditions de travail et, ainsi, les rendements de l’entreprise.
Il vous reste 40.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Vont-ils se quereller sur la feuille de route ? Les partenaires sociaux viennent de lancer une négociation « sur le partage de la valeur dans les entreprises », dont l’orientation est, d’entrée de jeu, matière à débats entre les protagonistes. Les syndicats aimeraient évoquer la question des salaires, le patronat s’y refuse.
Les discussions se sont ouvertes, le 8 novembre, sur proposition du gouvernement. Celui-ci a, en effet, voulu associer les organisations d’employeurs et de salariés à sa réflexion autour d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : « Mieux vivre de son travail. » La loi relative à la protection du pouvoir d’achat, promulguée en août, constituait une première étape. L’exécutif entend aller plus loin aujourd’hui, dans un contexte où des millions de ménages peinent à joindre les deux bouts à cause de l’emballement des prix des produits de première nécessité.
A la mi-septembre, le ministre du travail, Olivier Dussopt, a invité les partenaires sociaux à parlementer, dans le but de conclure un accord national interprofessionnel (ANI) avec des mesures concrètes. Offre que les intéressés ont acceptée, tout en demandant à avoir un peu plus de temps que ce qui était envisagé au départ par le pouvoir en place. Les échanges devraient durer jusqu’à la fin janvier 2023 – soit trois mois supplémentaires par rapport au calendrier initialement esquissé.
Pour cadrer cet exercice, les services de M. Dussopt ont remis aux parties en présence un « document d’orientation » qui énonce des objectifs. Il s’agit de « faciliter le développement de l’ensemble des dispositifs de partage de la valeur, dont l’actionnariat salarié », mais aussi l’intéressement et la participation, en ayant « une attention particulière pour les entreprises de moins de 50 salariés ». Trois « axes » de réflexion sont tracés, « sans que cette liste soit limitative » : « généraliser le bénéfice » des mécanismes existants, simplifier et mieux articuler ceux-ci, « orienter l’épargne salariale vers les grandes priorités d’intérêt commun » (« investissements responsables et solidaires », actions en faveur de la « transition écologique »…).
« Il faut s’en saisir »
Lors de la réunion du 8 novembre, tous les syndicats « ont émis le souhait d’élargir le champ de la négociation en y intégrant les salaires », rapporte Karen Gournay (FO). « Ils ne peuvent pas être escamotés si on cherche à traiter la question du partage de la valeur dans son entièreté », souligne Raphaëlle Bertholon (CFE-CGC). Ce serait « une insulte au monde du travail » que de faire l’impasse sur un tel aspect du dossier, renchérit Boris Plazzi (CGT) : « L’augmentation des salaires constitue l’une des premières préoccupations des salariés, il faut s’en saisir. » La CFDT, par la voix de Luc Mathieu, y ajoute d’autres thématiques : les inégalités entre les femmes et les hommes du point de vue de la rémunération, la « transparence fiscale » – ce qui renvoie notamment aux procédés utilisés par certaines entreprises pour déplacer d’une filiale vers une autre les profits qu’elles créent…
Il vous reste 25.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
« A quand le plein-emploi pour les personnes handicapées ? » Tel est le thème de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées 2022, qui va s’ouvrir lundi 14 novembre. Dans un contexte de réduction globale du taux de chômage qui a amené le gouvernement à réorienter les politiques publiques sur un objectif de plein-emploi, et alors que le chantier France Travail a été lancé le 12 septembre, cette question mérite évidemment une attention particulière.
Car, si le chômage des personnes en situation de handicap diminue, il reste deux fois plus important que pour le reste de la population, et le chômage de longue durée se maintient à un taux très élevé. Le constat est connu et souligné chaque année par APF France Handicap : le taux d’activité des personnes handicapées reste faible, et elles connaissent des difficultés structurelles d’accès à l’emploi.
Quand elles y accèdent, les conditions sont souvent moins favorables que celles de la population active globale (temps partiel, carrière en dents de scie, inaptitude…). Lorsqu’elles sont au chômage, elles y restent durablement, sans perspective de retour sur le marché du travail. En outre, on constate une tendance au retrait progressif du monde du travail chez certaines personnes qui considèrent qu’elles n’ont quasiment aucune chance de trouver un emploi. Certains économistes parlent de « chômeurs découragés » et les acteurs de Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), de personnes « privées d’emploi ».
Un éloignement systémique de l’emploi
Enfin, cumuler un handicap et des facteurs de fragilité, par exemple un faible niveau de qualification, un âge élevé ou des carrières hachées ou interrompues, entraîne un éloignement systémique de l’emploi. Ainsi, les préjugés et les représentations négatives du handicap perdurent.
Les résultats du dernier baromètre réalisé fin 2021 par l’Agefiph avec l’IFOP illustrent bien cette situation défavorable : une majorité (74 %) des employeurs interrogés considèrent encore que l’embauche de travailleurs en situation de handicap est difficile, eu égard à la nature des postes proposés, et ce nombre est encore plus important dans l’industrie (86 %), ce qui est particulièrement préoccupant au vu du profil socioprofessionnel des travailleurs en situation de handicap.
En outre, 60 % des employeurs voient en eux une charge supplémentaire dans l’organisation de l’entreprise. Pour rappel, le handicap est le premier motif de saisine de la Défenseure des droits et 49 % des saisines sur le handicap concernent l’emploi. Alors, « à quand l’emploi pour les personnes handicapées qui en sont exclues ? » C’est la question que posent, aujourd’hui, nos associations.
Il vous reste 49.32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Après le travail… le surf, sur la plage de la côte des Basques, au pied du château d’Ilbarritz et de la Rhune, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). IROZ GAIZKA / AFP
« Quand je vivais au milieu du béton parisien, je rêvais souvent que je marchais en montagne, comme quand j’étais petite »,se souvientAudrey Pradines, 25 ans. Cette fille d’agriculteur pensait que Paris était un « passage obligé » pour apprendre et pour gagner de l’argent, mais après seulement trois ans dans la capitale, en septembre 2021, elle est retournée s’installer dans son Pays basque natal.
En décidant de « rentrer au pays », Audrey Pradines ne s’imaginait pas devoir aussi renoncer au CDI qu’elle venait de décrocher à Paris. Mais l’entreprise, où elle était en alternance pendant ses deux années de master en management,à l’IAE Paris-Sorbonne Business School, lui a refusé le télétravail. La jeune femme a finalement trouvé un emploi decheffe de publicité dans une PME de huit salariés, implantée près de Biarritz. Elle se réjouit désormais de « participer au développement économique de [son] territoire ».
Comme elle, plusieurs de ses amies basques ayant également étudié et entamé une carrière de cadre à Paris ont pris le chemin du retour « plus tôt que prévu ». Pas sans sacrifices. « Pour elles, cela s’est généralement traduit par un salaire qui passe de 3 000 à 2 000 euros par mois. Et cela coûte cher de se loger par ici », précise la jeune cadre, qui insiste sur sa chance de gagner plus qu’à Paris. Elle réalise désormais son rêve de randonner en montagne tous les week-ends. « Ici, c’est le paradis. Mais il ne faut pas le dire, sinon tous les Parisiens vont venir », dit-elle en riant.
Les cadres, mais pas seulement
Depuis le Covid-19, Laurence Charneau, consultante en développement professionnel au centre Apec (Association pour l’emploi des cadres) de Nantes, observe « un flux » de jeunes cadres qui quittent la capitale. « Auparavant, les cadres bougeaient plutôt vers 40-50 ans, après avoir mené une carrière déjà assez longue, avec prises de responsabilités, à Paris », analyse-t-elle. Selon le sociologue Jean Viard, le mouvement d’exode parisien – qui ne concerne pas que les cadres –a déjà près de dix ans, mais l’épidémie l’a accéléré, affirme-t-il dans La révolution que l’on attendait est arrivée (Editions de l’Aube, 2021). Depuis 2012, Paris perd, en effet, près de 11 000 habitants chaque année. Principale motivation au départ ? « Pouvoir bénéficier d’un meilleur cadre de vie. » Il s’agit du souhait exprimé par 70 % des cadres franciliens désireux de changer de région, selon une enquête de l’Apec parue en octobre 2021.
A 34 ans, Jessica Lachatre pense aussi avoir trouvé son paradis. Depuis un an, elle vit à Marseille, une ville qu’elle a découverte par hasard. Après six ans à Paris, « pour le travail uniquement », la Nantaise d’origine a choisi la cité phocéenne « pour la météo principalement ». Responsable de la relation clientèle, elle a intégré Dendreo, une entreprise de logiciels de gestion, dans laquelle la vingtaine de salariés télétravaillent totalement, ou presque. « L’équipe se retrouve tous les trois mois pour une semaine entière quelque part, avec beaucoup de temps libre pour créer des liens. La dernière fois, c’était à Madrid », précise-t-elle.
Il vous reste 59.75% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.