Le succès de la plate-forme antidiscriminations prouve l’ampleur du travail qui reste à faire
Un an après sa naissance, la plate-forme antidiscriminations mise en place par la Défenseure des droits, Claire Hédon, a pleinement justifié sa création. Ce dispositif téléphonique et en ligne, tenu par sept juristes écoutants, a été sollicité à 14 000 reprises en douze mois. Un quart de ces appels a concerné des discriminations sur l’origine, un autre quart sur le handicap. Ces signalements ont débouché sur 7 096 dossiers traités par les services de la Défenseure des droits. « Un chiffre en hausse de 25 % et qui prouve le besoin d’un tel dispositif », souligne Mme Hédon.
La plate-forme antidiscriminations, décidée par Emmanuel Macron dans la foulée du scandale créé par l’agression du producteur de musique noir Michel Zecler par trois policiers, en décembre 2020, à Paris, joue un rôle autant pédagogique (qu’est-ce qu’une discrimination, comment la caractériser ?) que de signalement et d’accompagnement des victimes. Pour ce faire, les services de la Défenseure des droits peuvent recourir aux 1 200 acteurs associatifs – dont les 75 référents discrimination dépendant de la Défenseure des droits – et institutionnels recensés et mobilisables.
Une majorité de règlements à l’amiable
Dans la majorité (60 %) des quelque 7 000 dossiers traités, à l’issue d’une démarche contradictoire et impartiale des services de la Défenseure des droits, les médiations débouchent sur un règlement à l’amiable. « Ce que les gens souhaitent, c’est être reconnus et rétablis dans leurs droits », estime Mme Hédon. Elle cite ainsi le cas d’une jeune femme handicapée qui s’était vue refuser l’accès à un festival à cause de son handicap malgré les assurances données sur le site officiel. Après médiation, elle a obtenu « un remboursement » et un engagement du festival « à travailler sur l’accessibilité pour la prochaine édition », a détaillé la Défenseure des droits.
Lorsque la médiation n’aboutit pas, la personne victime de discrimination peut choisir d’aller devant les tribunaux. Ou alors la plate-forme peut effectuer un signalement aux services du procureur de la République. En cas de procédure judiciaire, « les avis de la Défenseure des droits sont suivis par les tribunaux dans trois quarts des cas », déclare Claire Hédon. Toutefois, les plaintes au pénal ont peu de chances d’aboutir à cause de la charge de la preuve, qui est aménagée devant les prud’hommes et la justice civile, où les chances de réussite sont bien plus élevées.
Le domaine le plus concerné est le monde du travail, qui regroupe 50 % des signalements de la plate-forme. « Bien souvent, les gens qui nous appellent pensent ne pas disposer de preuves, estime un responsable des services de la Défenseure des droits. Nous sommes là pour les aider et leur montrer qu’ils disposent de bien plus de preuves qu’ils ne croient. » Parmi les critères de discrimination, le fait que celui du handicap vienne quasiment à égalité avec celui des origines montre à quel point le monde du handicap a su se mobiliser pour recourir à la nouvelle plate-forme.
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