Archive dans 2021

L’horlogerie touchée de plein fouet par la crise liée au Covid-19

Montre de luxe présentée lors de l’exposition  « Montres et bijoux » à Doha, (Qatar), en 2019.

L’horloger suisse Breitling, l’une des dernières maisons indépendantes de ce secteur, a été mis en vente en 2017. Les grands groupes de luxe l’ont laissé filer entre les mains du fonds d’investissement CVC. L’issue aurait été différente s’il s’était agi de son compatriote Rolex, mais un tel scénario est hautement improbable. Cette entreprise privée au statut de fondation domine largement l’horlogerie de luxe avec 1 million de pièces vendues par an en moyenne (soit environ 20 % du marché des montres à plus de 500 francs suisses – 460 euros), et elle ne sera jamais à vendre. Même les banquiers d’affaires, prompts à imaginer des fusions et acquisitions, s’accordent sur ce point.

Raz de marée des montres connectées

« Dans les montres de luxe, il y a Rolex et le reste du monde ! », résume l’analyste Erwan Rambourg, ancien cadre de Richemont et de LVMH. Les autres ? Ce sont Swatch Group, les groupes Richemont et LVMH, présents dans les montres mécaniques et de joaillerie. Mais aussi Patek Philippe et Audemars Piguet, deux entreprises familiales incontournables au sommet de la pyramide des prix. Elles aussi tiennent à leur indépendance. « Imaginez l’émoi en Suisse. Si l’un d’eux passait sous pavillon français ou américain, achèterait-on encore leurs montres ? », plaisante un bon connaisseur du secteur.

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Les aléas de ce secteur incitent de toute façon à la prudence. Le raz de marée des montres connectées a tout emporté dans le segment le plus accessible du marché, et l’Apple Watch est devenue la montre la plus vendue au monde. Seuls les modèles les plus haut de gamme, les plus rares et les plus sportifs cartonnent, y compris sur les multiples plates-formes de vente d’occasion. Une alternative plébiscitée par les amateurs face aux habituels longs mois d’attente pour entrer en possession d’un modèle neuf.

Resserrer le contrôle de la distribution

L’apparente stabilité des ventes sur le long terme masque de véritables montagnes russes. La crise financière de 2008 a été suivie d’un fort recul, vite oublié grâce à l’appétit des nouvelles classes moyennes des pays émergents. Nouveau choc en 2015, sous l’effet de la dévaluation du rouble et, surtout, de la politique anticorruption mise en place par la Chine. La dépendance du secteur à ce dernier pays, où se vend une montre de luxe sur deux aujourd’hui, ne cesse de croître cependant.

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Sans surprise, la crise liée à la pandémie de Covid-19 a touché de plein fouet l’horlogerie de luxe. En 2020, ce produit a connu la pire performance de toutes les catégories (avec la mode). Le chiffre d’affaires a dégringolé de 30 % à 27 milliards d’euros, selon les estimations du cabinet de conseil Bain & Company. Et ce, malgré l’appui de l’e-commerce et un rétablissement des ventes en Chine à partir du mois de juin pour les marques suisses les plus haut de gamme.

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Dans une tribune, le secrétaire général de la CFDT appelle à une hausse de 15 % des salaires dans le médico-social

Aux yeux de Laurent Berger, les salariés du secteur social et médico-social devraient être « LA grande cause du quinquennat ». Le secrétaire général de la CFDT appelle, dans une tribune publiée par le Journal du dimanche (JDD) du 10 janvier, à une hausse immédiate de 15 % de leurs salaires.

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Il déplore des professions « sous-payées » : « Leurs fiches de paie sont inférieures à la moyenne de plus de 25 % » et « leurs conditions de travail et d’emploi sont marquées par un fort recours au temps partiel et aux contrats précaires, une sinistralité élevée, un taux important d’arrêts de travail et une absence de reconnaissance de la pénibilité de leurs emplois ».

Une augmentation est, pour lui, « nécessaire pour réduire ces écarts abyssaux, et rendre à ces professionnelles un peu de cette valeur républicaine qu’est l’égalité ».

« Sortir de logiques à court terme »

Dans cette tribune, le leader syndical fustige « l’absence de cohérence nationale dans le financement et le pilotage » des secteurs du social et du médico-social. « Cela crée une rupture du principe d’égalité de traitement et d’accès au service public », relève-t-il.

« Ces secteurs sont essentiels à la cohésion sociale. Il est urgent de les sortir de logiques à court terme. La prise en compte d’un cinquième risque à travers une nouvelle branche de la Sécurité sociale va dans ce sens. Encore faut-il en assurer un financement pérenne et suffisant. »

Mais, souligne aussi M. Berger, « derrière ces politiques, il y a des professionnels, aux trois quarts des femmes, qui, au quotidien, s’engagent auprès des plus fragiles ».

Le Monde avec AFP

Emploi : vers la mise en place d’une « garantie jeunes universelle »

La ministre du travail, Elisabeth Borne, à l’Elysee, à Paris, le 6 janvier.

Pour soutenir les moins de 25 ans en situation de grande précarité, il faut donner plus d’envergure aux dispositifs qui donnent des résultats. C’est au nom de ce principe que la ministre du travail, Elisabeth Borne, a réaffirmé, vendredi 8 janvier dans un communiqué, son intention de bâtir la « garantie jeunes universelle ». Des propos tenus vingt-quatre heures après qu’elle a reçu un rapport sur le sujet, de la part du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ). Le gouvernement cherche ainsi à promouvoir une solution qu’il juge préférable à la création d’un revenu de solidarité active (RSA) pour cette catégorie de la population.

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Lancée à la fin 2013, la garantie jeunes est destinée aux 16-25 ans qui ne sont ni scolarisés, ni en formation, ni au travail – les « NEET », en anglais (« neither in employment nor in education or training »). Mise en œuvre par les missions locales, cette mesure se déploie sous plusieurs formes : octroi d’une allocation (pouvant aller jusqu’à près de 500 euros par mois), priorité donnée aux immersions professionnelles, etc. Son bilan s’avère plutôt encourageant : le taux d’emploi des personnes concernées s’est accru de dix points onze mois après le début de leur prise en charge, selon une étude du ministère du travail publiée en 2019.

Aller plus loin

Pour faire face aux conséquences de la crise, qui frappe durement les NEET, le premier ministre, Jean Castex, a annoncé, le 26 novembre 2020, que le nombre de bénéficiaires de la garantie jeunes sera porté à « au moins 200 000 » en 2021, au lieu des 100 000 prévus initialement. Autre décision prise à l’époque : l’instauration d’aides financières dans le cadre des autres procédures consacrées à l’insertion professionnelle de cette tranche d’âge (notamment celles proposées par Pôle emploi et par l’Association pour l’emploi des cadres).

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Aujourd’hui, l’exécutif entend aller plus loin, à travers une « garantie jeunes universelle », dont les contours restent à préciser. Selon l’entourage de Mme Borne, l’un des objectifs est d’« unifier » plusieurs dispositifs, en veillant à ce qu’ils assurent un accompagnement vers un métier et le versement d’un pécule, en cas de besoin. « C’est mieux que le RSA jeunes », a indiqué la ministre, vendredi, se plaçant dans le droit-fil de récentes déclarations d’Emmanuel Macron : le 4 décembre 2020, lors de son interview par le média en ligne Brut, le chef de l’Etat a dit qu’il n’était « pas un grand fan » de l’extension du RSA aux moins de 25 ans, réclamée depuis des années par de nombreuses associations.

Dès la mi-janvier, une réflexion sera lancée avec les acteurs du monde de la jeunesse, les parlementaires et les élus locaux. Elle s’appuiera, entre autres, sur les 29 préconisations du rapport remis, jeudi 7 janvier, par le COJ. Antoine Dulin, l’un des membres de cette instance consultative, pense que la démarche « peut aller dans le bon sens ». Déléguée générale de l’Union nationale des missions locales, Sandrine Aboubadra-Pauly explique que son organisation comprend « la volonté de mise en cohérence et de simplification » portée par le gouvernement, tout en étant attentive à ce que la garantie jeunes « reste bien identifiée ».

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Emploi : le portail en ligne « 1 jeune, 1 solution » encore en chantier

Lors d’un point presse organisé par la préfecture des Bouches-du-Rhône dans une agence Pôle emploi dans le cadre de l’opération « 1 jeune, 1 solution ».

C’est l’outil censé sauver l’emploi des jeunes : lancé en novembre 2020, le portail en ligne « 1 jeune, 1 solution » vise à faciliter la recherche d’emploi des moins de 26 ans, dans le cadre du plan gouvernemental du même nom. Le 19 novembre, la plate-forme présentait quelque 21 000 offres. Au 8 janvier, on en dénombre 62 000, proposées par 1 000 entreprises, alors que 35 dirigeants ont affiché, dans Le Journal du dimanche du 3 janvier, l’objectif de porter ce chiffre à 100 000 d’ici à la fin janvier.

Une lueur d’espoir pour les jeunes en quête d’un emploi ? Quelque 520 000 d’entre eux s’y sont déjà connectés, selon Benjamin Ducousso, fondateur et PDG de la start-up Wizbii, qui a créé ce portail. Sa mission est partiellement atteinte : la plate-forme agrège en fait des annonces d’autres sites d’emploi (souvent Pôle emploi, mais aussi Direct Emploi, Aladom…). Un candidat à l’offre de CDI de chaudronnier à Paris est ainsi envoyé sur CareerBuilder, qui lui-même diffuse une annonce publiée par le spécialiste en intérim Intek travail temporaire. Il faut alors créer un compte sur le site, saisir une description complète de son profil… avant de pouvoir enfin transmettre son CV à l’entreprise.

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Parmi les milliers d’offres mises en ligne, certains secteurs sont particulièrement bien représentés : services à la personne (17 000 postes environ), santé (11 000), commerce et vente (8 000)… Et seulement 58 dans l’artisanat. Sur les 62 000 postes, environ 45 000 acceptent les débutants, mais les inégalités entre les régions sont grandes ; 10 000 CDI sont à Paris même, contre 1 600 en Centre-Val de Loire ou 73 en Corse.

Des offres incomplètes voire expirées

Certaines offres sont aussi mal référencées : parfois, la nature du contrat ou le temps de travail ne sont pas indiqués. On dénombre environ 20 000 temps pleins et 7 000 temps partiels, ce qui signifie que plus de la moitié des fiches de poste sont incomplètes.

Autre souci, beaucoup d’offres émanant de plates-formes autres que Pôle emploi, en particulier Jobintree, ne sont plus d’actualité. Certaines ne sont plus valables dès leur publication : ajoutée le 7 janvier, une annonce de lead développeur en CDI apparaît le même jour expirée sur son site d’origine… Frustrant.

Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi, invite à l’indulgence. « On a dû répondre à l’urgence. Mon obsession est qu’on ait une interface pour aider le jeune à trouver des opportunités. »

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Le portail ne veut pas se limiter aux offres et propose d’autres options, comme des événements avec des employeurs, des annonces de service civique, de l’information sur tous les dispositifs d’aide à l’emploi existants… M. Ducousso insiste sur cet éventail : « L’idée est que le jeune accède à toutes les solutions disponibles, qu’il fasse quelque chose, même si ce n’est pas un job. » Sauf que pour remplir leur frigo et éviter la précarité, c’est bien un emploi qu’ils cherchent.

Dopé par les aides, l’apprentissage se positionne comme solution « anticrise »

Au centre, le premier ministre, Jean Castex, en visite dans un centre de formation d’apprentis, à Besançon, le 23 juillet.

Avoir une chance de faire ses preuves. C’est tout ce que demande Idris Ben Daali. Depuis novembre 2020, cet élève en BTS électrotechnique à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) contacte une vingtaine d’entreprises par jour pour décrocher un contrat d’apprentissage. « J’ai jusqu’à fin février pour trouver, sinon je serai obligé d’arrêter ma formation », confie le jeune homme de 18 ans, démoralisé.

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En cette année de crise, les jeunes inscrits dans une formation en apprentissage bénéficient d’un délai de six mois, au lieu de trois mois habituellement, pour trouver une place en entreprise. Une mesure annoncée en juin 2020 par le gouvernement, dans le cadre d’un plan de soutien à l’apprentissage.

Ce système mêlant études et activité professionnelle, réservé aux 15-26 ans, assure au jeune une rémunération, et est considéré comme un tremplin vers l’emploi. Ce plan s’accompagne surtout d’une aide à destination des entreprises, pour tout jeune embauché en apprentissage entre juillet 2020 et février 2021 (5 000 euros pour les mineurs, 8 000 euros pour les majeurs). La ministre du travail, Elisabeth Borne, a indiqué vouloir prolonger cette aide, sans donner d’échéance.

Fortes différences

Le dispositif semble porter ses fruits : 440 000 contrats, du CAP au master, ont été signés en 2020, contre 353 000 en 2019. Un « record historique », s’est enthousiasmé la ministre. Trois centres de formation d’apprentis (CFA) sur quatre ont vu leur nombre d’apprentis augmenter par rapport à 2019, pour une hausse totale de 11 % en moyenne, indique une enquête de France Compétences réalisée en octobre 2020 auprès de 600 CFA enregistrés à l’éducation nationale. Cette hausse, plus forte chez les apprentis de l’enseignement supérieur, est également attribuée à la loi « avenir professionnel » du 5 septembre 2018, qui a libéralisé le dispositif d’offre de formations.

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« Sans la prime aux employeurs, on projetait une baisse de 30 à 50 % de nouveaux contrats d’apprentissage pour la rentrée 2020. Aujourd’hui, nous enregistrons une hausse de 19 % par rapport à 2019 », se réjouit David Derré, directeur emploi et formation de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Dans le même temps, le nombre de contrats de professionnalisation, autre dispositif d’études en alternance mais qui ne bénéficie pas de prime versée dans le cadre du plan de soutien, a diminué.

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Covid-19 : la sortie du chômage partiel, un défi pour l’Europe

Un restaurant fermé, à Paris, le 5 janvier.

Au début de la pandémie de Covid-19, les pays européens se sont lancés dans une vaste expérimentation économique pour protéger l’emploi : tous ont mis en place des programmes de chômage partiel d’une ampleur sans précédent, permettant aux entreprises de conserver leurs employés à coût très réduit. En avril, 32 millions d’Européens ont ainsi bénéficié de ce système, trois fois plus que le nombre de chômeurs officiels. La France est le pays qui a le plus utilisé ce système, avec 34 % de ses employés au chômage partiel à son pic, devant l’Italie (30 %), l’Espagne (21 %) et l’Allemagne (15 %). En comparaison, après la crise financière de 2008, le chômage partiel concernait entre 1 % et 3 % des employés.

Une étude de la Banque centrale européenne, publiée le 6 janvier, essaie d’évaluer l’efficacité de cette approche. Cela a-t-il permis de préserver l’emploi, les chômeurs partiels retrouvant leur travail une fois la crise passée ? Ou est-on en train de créer des emplois subventionnés qui n’ont plus de raison d’être économique ?

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L’étude ne tranche pas, mais se veut plutôt encourageante. En octobre 2020, avec la reprise progressive de l’activité, 8 millions de personnes étaient encore au chômage partiel. Soit quatre fois moins qu’en avril. Pendant ce temps, le taux de chômage est resté relativement stable : en zone euro, il a progressé de 7,2 % avant la pandémie à 8,3 % en novembre 2020.

Travail « réalloué »

Où sont passés ceux qui étaient chômeurs partiels au deuxième trimestre ? Une large partie a retrouvé leur emploi. Mais une autre a non seulement perdu leur travail, mais a abandonné l’idée même d’en chercher un nouveau : ceux-là sont allés joindre les rangs des « inactifs ». Les chercheurs calculent que le taux de participation au marché du travail a baissé de 2 points au premier semestre 2020.

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En l’état actuel des statistiques, la répartition exacte entre ces deux catégories n’est pas connue. « Il n’est pas clair de savoir combien de ces travailleurs retrouveront leur travail (…) et combien risquent de le perdre », écrivent les chercheurs dans leurs conclusions.

Néanmoins, plus le temps passe, et plus la raison d’être de certains postes risque de disparaître. Les consommateurs achètent de plus en plus en ligne et pourraient ne pas retourner aussi souvent dans les magasins après la pandémie. Les entreprises numérisent leurs activités, transformant les emplois. Progressivement, le travail va être « réalloué ». « Cette réallocation (…) va dépendre de la durée de la crise et des possibles changements structurels de la demande. Plus le choc durera, plus ce sera nécessaire. »

Le chômage partiel pourrait masquer ce processus. Les chercheurs suggèrent de rendre le système progressivement moins généreux et d’y attacher des conditions (par exemple, obliger l’entreprise à prendre en charge une partie plus importante du salaire). Ils proposent aussi que d’importants programmes de formation soient déployés, pour remettre à niveau ceux qui perdraient leur emploi.

Covid-19 : aux Etats-Unis, l’emploi est en baisse pour la première fois depuis avril 2020

Devant un centre pour l’emploi, à Frankfort, dans le Kentucky, le 18 juin 2020.

Joe Biden, le nouveau président américain, va prendre les rênes d’un pays dont l’économie est en pleine rechute. En décembre 2020, pour la première fois depuis le mois d’avril, le solde de créations et de destructions d’emplois a été négatif, selon les données publiées, vendredi 8 janvier, par le Bureau américain des statistiques du travail. Au total, 140 000 emplois ont été détruits, dans la fourchette basse de ce que prévoyaient les économistes. Le taux de chômage est néanmoins stable, à 6,7 %.

Ce recul est la conséquence logique de la reprise de la pandémie de Covid-19 et des reconfinements plus ou moins durs imposés à travers les Etats-Unis en fin d’année. En décembre 2020, 498 000 emplois ont été perdus dans le secteur des loisirs, de la restauration et de l’hôtellerie. Les restaurants et les bars sont particulièrement touchés, suivis des casinos et des magasins de paris.

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« Ces chiffres apportent la plus claire indication que la vague actuelle de Covid-19 a mis fin à la reprise de l’économie américaine, estime Pablo Shah, économiste au Centre for Economics and Business Research. Alors que le nombre de morts du Covid-19 est désormais nettement au-dessus de son pic d’avril 2020, le marché du travail va continuer à souffrir pendant les semaines et les mois qui viennent. » Les Etats-Unis enregistrent actuellement autour de 2 800 décès par jour à cause de la pandémie, contre 2 200 en avril.

Un travail de reconstruction colossal

A travers les Etats-Unis, les mesures de confinement se sont progressivement durcies. A New York, les bars et restaurants sont fermés depuis la mi-décembre 2020, sauf pour la vente à emporter. En Californie, à l’exception de quatre comtés, les habitants ont ordre de rester chez eux, et les écoles sont fermées. A Washington DC, la situation est similaire depuis le 23 décembre.

Contrairement à l’Europe, qui a choisi le modèle du chômage partiel pour limiter les licenciements, les Etats-Unis ont préféré offrir une indemnisation plus généreuse que d’habitude aux sans-emploi. Cette approche a provoqué une explosion du taux de chômage entre février et avril 2020, qui est passé de 3,5 % à 14,8 %, suivie d’un fort retour des embauches dès que les conditions sanitaires l’ont permis. Le taux de chômage a été réduit de moitié, repassant sous la barre des 7 % en octobre. Décembre marque la fin de cette amélioration.

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Le travail de reconstruction économique s’annonce colossal. Sur l’ensemble de 2020, 9,8 millions de personnes ont perdu leur emploi. Un peu plus de la moitié sont allés pointer au chômage, l’autre est sortie de la population active, perdant l’espoir de retrouver un travail rapidement. Désormais, plus de 19 millions d’Américains touchent une allocation-chômage.

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Emploi des jeunes : le gouvernement tente de limiter la casse

Des bénéficiaires du « plan jeunes », à l’Ecole hôtelière de Paris-CFA Médéric, le 19 novembre.

Tout faire pour éviter une « génération sacrifiée ». Dans la droite ligne du « quoi qu’il en coûte », le gouvernement ne ménage ni sa peine ni ses deniers, pour tenter de redonner aux 20-30 ans des perspectives, malgré la crise historique que traverse le pays. « C’est à notre jeunesse qu’on a demandé le plus gros effort », avait déclaré le président de la République Emmanuel Macron lors de son allocution du 14 juillet 2020. Sur le plan de l’emploi et du chômage, au moins, l’affirmation est exacte.

Les jeunes ont, jusqu’à présent, payé un plus lourd tribut à la crise économique que leurs aînés. En un an, entre le troisième trimestre 2019 et la même période de 2020, le nombre de chômeurs de moins de 24 ans a bondi de 16 %. Quant au taux d’emploi, il a quatre fois plus reculé dans cette catégorie que pour l’ensemble de la population.

« Les jeunes, qui sont aux marges du marché du travail, subissent plus que les autres les fluctuations conjoncturelles, explique Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee, un peu sur le principe du dernier entré, premier sorti. » Dès le début de la crise sanitaire, en effet, les entreprises ont supprimé massivement les missions d’intérim, réduit ou choisi de ne pas renouveler les CDD, où les jeunes sont surreprésentés.

La dimension sectorielle de la crise qui frappe le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, le monde du sport et de la culture, les pénalise également, puisqu’ils sont proportionnellement plus nombreux à travailler dans ces secteurs, ne serait-ce qu’au travers de petits jobs destinés à financer leurs études.

Aides aux employeurs

« Les sorties de crise précédentes nous montrent que lorsque la reprise arrivera, les embauches des jeunes reprendront sur un rythme plus soutenu. C’est ce qu’on a déjà vu à l’issue du premier confinement, lorsque le taux d’emploi des jeunes avait repris 2,1 points en un trimestre », rappelle M. Passeron. En attendant, « prioriser les jeunes dans les plans de soutien n’est pas aberrant », souligne-t-il.

Dès la fin du mois de juillet 2020, peu après l’allocution de M. Macron et alors que le contingent annuel de quelque 750 000 jeunes, leurs études terminées, s’apprêtait à entrer sur le marché du travail, l’exécutif a lancé le plan baptisé « un jeune, une solution ».

Fin juillet 2020, alors que le contingent annuel de 750 000 jeunes s’apprêtait à entrer sur le marché du travail, l’exécutif a lancé le plan « un jeune, une solution »

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Un mouvement de grève perturbe « L’Equipe »

A Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), devant les bureaux de « L’Equipe », en juin 2015.

Un appel à la grève a été lancé ce vendredi 8 janvier, à partir de 16 heures, par les syndicats du quotidien L’Equipe. L’intersyndicale (SNJ, SNJ-CGT, UFICT-CGT, SGLCE-CGT) demande « le retrait des plans de sauvegarde de l’emploi [PSE] », qui touchent le quotidien et ses magazines (L’Equipe Magazine, France Football, Sport & Style…) et qui pourraient se solder par 50 à 60 départs. Fin octobre 2020, les syndicats avaient repoussé l’accord de performance collective qui avait été proposé avant l’été ; la très grande majorité des salariés estimait alors être victime d’un « chantage à l’emploi ».

Aujourd’hui, ils s’inquiètent de « l’avenir de leurs métiers et de leurs conditions de travail », explique l’un d’eux. Les syndicats entendent, en outre, protester contre « le refus de la direction de modifier son projet et les conditions de départs des PSE », qu’ils estiment insuffisantes, notamment au regard des plans de départs conclus les années précédentes. « On a compris que la direction ne bougerait pas d’un iota », explique un délégué syndical, qui parle d’une « très grande colère » des salariés.

Des « variables d’ajustement »

Celle-ci s’est exprimée cette semaine dans de longs courriers envoyés à Jean-Louis Pelé, le directeur général du groupe, et Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction. Des salariés des services de l’édition, de l’iconographie ou de la correction y détaillent les raisons de leur opposition au projet de réorganisation, qui se ferait « au détriment de [leur] excellence journalistique », estiment ainsi les éditeurs du pôle football. Jeudi 7 janvier, c’était au tour de « 115 reporters de L’Equipe, de L’Equipe Mag et de France Football » (17 des leurs pourraient quitter l’entreprise) d’interpeller leurs dirigeants, afin d’exprimer leurs « sérieux doutes sur le cap choisi ».

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Alors que des échéances olympiques se profilent (2021 et 2024), ils refusent de « négliger » le traitement des « petits sports », ou de voir le rugby moins bien suivi, alors qu’une Coupe du monde sera organisée, en France, en 2023. « Quelle est la cohérence de votre projet, où il est question de faire mieux, mais avec moins de monde ? », résument-ils, s’estimant considérés comme des « variables d’ajustement que l’on déplace et que l’on vire au gré des lignes de comptes à équilibrer ». En tout, 180 salariés auraient signé ces manifestations d’inquiétude, sur environ 220 signataires possibles.

Ce mouvement de vingt-quatre heures, qui pourrait se traduire par une non-parution du quotidien (qui, le samedi, est vendu avec l’hebdomadaire), est reconductible. Preuve que la protestation pourrait se durcir, une caisse de solidarité est en cours de création, indique l’intersyndicale. Sollicitée, la direction du groupe n’a pas souhaité réagir.

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