« Quelles politiques de l’emploi pour les jeunes ? » : les défaillances de l’accompagnement en début de carrière

« Quelles politiques de l’emploi pour les jeunes ? » : les défaillances de l’accompagnement en début de carrière

Trajet d’accès à l’emploi (Trace), contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis), emplois d’avenir, écoles de la deuxième chance… Depuis plusieurs décennies, une multitude de dispositifs sont déployés en France pour tenter de résorber le chômage des jeunes. Sans grand succès : il s’élève à 17,3 % chez les moins de 25 ans en 2022 contre 7,3 % pour l’ensemble de la population. Un taux qui atteint même environ 50 % pour ceux qui, à 20 ans, ne détiennent au mieux qu’un brevet des collèges.

Dans le même temps, leur suivi montre ses failles : un jeune NEET (ni en emploi, ni en études, ni en formation) sans aucune expérience professionnelle sur trois n’est accompagné par aucun organisme (Pôle emploi, mission locale…).

Quelles sont les lacunes des politiques de l’emploi pour les jeunes en France et quels leviers activer pour gagner en efficacité ? Quels sont les modèles qui font leurs preuves à l’étranger ? Pierre Cahuc, professeur d’économie à Sciences Po, et Jérémy Hervelin, enseignant-chercheur en économie au Thema, centre de recherche associé à l’université CY-Cergy-Paris, se sont penchés sur ces problématiques dans Quelles politiques de l’emploi pour les jeunes ? (Les Presses de Sciences Po).

L’essai dresse un état des lieux précis des initiatives françaises comme étrangères visant à accompagner les jeunes vers l’emploi, des contrats aidés à la formation en alternance en passant par un travail spécifique sur l’offre de formation. Leur étude met au jour l’extrême « sensibilité » de ces dispositifs : de multiples variables peuvent ainsi jouer dans le succès ou l’échec de la politique menée, au-delà de ses principes fondateurs.

Inefficacité

Le lieu de formation, notamment : « Un même diplôme de l’enseignement secondaire professionnel, avec une même spécialité, peut aboutir, six mois après la fin des études, à un taux d’insertion dans l’emploi qui varie du simple au septuple selon l’établissement dans lequel il a été préparé », expliquent les auteurs. Autre exemple, ils soulignent combien les aptitudes des conseillers en insertion professionnelle qui accompagnent les jeunes vers l’emploi peuvent se révéler déterminantes.

MM. Cahuc et Hervelin jugent négativement les dispositifs proposés aux jeunes sortis du système éducatif avec un faible niveau de formation (aides à la recherche d’emploi, formation professionnelle…) : « En moyenne, les effets sur l’emploi et sur les rémunérations sont très faibles et pas toujours positifs. »

Qu’en est-il des politiques ciblées sur le système éducatif ? Là encore, c’est leur inefficacité qui est globalement mise en avant. « Le système français souffre d’une inadéquation de l’offre de formation », notent les auteurs, qui déplorent aussi une « orientation défaillante » et un « pilotage à l’aveugle ». En cause, le fait que « les débouchés professionnels des élèves [soient] inconnus, même pour l’écrasante majorité des établissements, dont les formations ont une vocation purement professionnelle ».

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LJD

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