« Que sait-on du travail ? » : le secteur de la propreté, fragmenté, sous-rémunéré et en mal de reconnaissance

« Que sait-on du travail ? » : le secteur de la propreté, fragmenté, sous-rémunéré et en mal de reconnaissance

« Ces salariés sont payés à temps partiel alors que l’emprise du travail sur leur vie est celle d’un temps plein », résument les économistes François-Xavier Devetter et Julie Valentin. En effet, 45 % des personnels du nettoyage en France relèvent des emplois à bas salaire – soit rémunérés à moins de 60 % du salaire mensuel médian –, contre 13,5 % pour l’ensemble des emplois en France, d’après l’« Enquête emploi » 2021 de l’Insee ; 55 % d’entre eux travaillent à temps partiel, contre 18 % de l’ensemble des salariés.

Les deux chercheurs décortiquent ces professions dans un article réalisé pour le projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? » du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec le Liepp et les Presses de Sciences Po sur la chaîne Emploi de Lemonde.fr. Deux millions de personnes appartiennent à la catégorie des emplois du nettoyage, qui regroupe selon les critères des économistes huit professions, des agents de service aux aides à domicile, en passant par les femmes de chambre.

Tous ces métiers, occupés à plus de 80 % par des femmes, ont en commun le morcellement de leur temps de travail, souvent dû à leur forte externalisation par les entreprises : 40 % des nettoyeurs et nettoyeuses du secteur de la propreté et des aides à domicile travaillent ainsi moins de vingt-quatre heures par semaine, décrivent les auteurs – en effet, la durée minimale hebdomadaire dans le secteur est de seize heures, et non vingt-quatre. Les horaires de travail sont souvent concentrés entre 6 et 9 heures du matin et entre 18 et 21 heures, surtout dans les entreprises privées.

Des postures pénibles

La plupart du temps, le temps partiel est donc subi et les périodes d’inactivité qui ne sont pas rémunérées par les employeurs se multiplient. Ce fonctionnement encourage « le développement de formes d’emploi comme le microentrepreneuriat, les stratégies de spécialisation et de déqualification des travailleurs ».

Cette fragmentation du travail s’accompagne de conditions de travail dégradées : 60 % des travailleurs déclarent des postures pénibles, contre 34 % de l’ensemble des actifs occupés, selon l’enquête « Conditions de travail 2019 » de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares). A cela s’ajoutent un isolement fréquent, un manque de formation et des carrières qui progressent très lentement. Enfin, 32 % des agentes et agents d’entretien de 50 à 64 ans ne sont ni en emploi ni à la retraite.

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LJD

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