On estime que plus de 60 % des jeunes fonctionnaires (âgés de moins de 30 ans) occuperaient des postes qui n’équivalent pas à leur diplôme. Il ne s’agirait pas tant de pessimisme que de craintes dues à la dure réalité économique.
Actuellement, les entreprises ne veulent pas de jeunes « trop diplômés », afin de maîtriser le coût de la main d’œuvre. Ainsi, beaucoup de jeunes se contentent de postes qui ne correspondent pas du tout à leur niveau, y compris dans la fonction publique. Les jeunes peinent tellement à décrocher un emploi qui corresponde à leur niveau que plusieurs, ayant peur de ne pas être embauchés, ne mentionnent pas dans leur CV les diplômes supérieurs au bac+2.
Le même problème se retrouve dans d’autres pays développés :
Dérailleurs, cette crainte ne concerne pas que les jeunes français. Elle mine aussi le moral des étudiants américains. Bon nombre de jeunes américains en fin d’études se posent des questions sur leurs perspectives d’avenir. Par exemple, lors du deuxième débat présidentiel entre Obama et Romney en 2012, un étudiant interviewé précisait que ses parents et son entourage lui répètent souvent à quel point trouver un emploi après les études sera difficile. En Hexagone, les différents gouvernements ont répété qu’ils se fixaient pour objectif de restaurer la compétitivité des entreprises et d’assurer un climat d’affaires favorable. Pour ce dernier point, quand on sait que du fait de la surévaluation de l’euro, beaucoup d’entreprises ont déserté l’Allemagne pour s’implanter aux Etats-Unis ou ailleurs, l’objectif reste lointain.
« Ça ne rattrapera pas tout ce qu’ont perdu certains, mais on est quand même rassurés », réagit Sébastien Bernard, délégué syndical central CGT de Milee, dont le syndicat s’était mobilisé pour dénoncer l’extrême précarité des près de 10 000 salariés licenciés suite au naufrage de l’entreprise (ex-Adrexo), une société spécialisée dans la distribution de prospectus publicitaires.
La ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a annoncé, jeudi 24 octobre, à proximité du centre de distribution de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), que tous les salaires dus leur seraient payés d’ici le 31 octobre, et leurs soldes de tout compte (congés payés, indemnité de licenciement) d’ici mi-novembre, entre autres mesures.
Après des années de difficultés et de problèmes de gestion, acculée par le déclin de son activité, Milee avait été placée en redressement judiciaire le 30 mai, puis en liquidation judiciaire le 9 septembre, faute de trésorerie suffisante pour poursuivre son activité. Les 5 000 derniers salariés de l’entreprise se sont ajoutés aux 4 000 autres licenciés dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi durant l’été.
La grande majorité des effectifs distribuaient des prospectus à temps partiel, au smic. Un tiers cumulait ces revenus avec un emploi, un tiers avec sa retraite, tandis qu’un dernier tiers des salariés n’avait que Milee comme activité : 1 400 d’entre eux étaient à temps plein.
« Manque de professionnalisme »
Outre la fin de leur entreprise, les salariés, en particulier ceux licenciés lors de la seconde vague, ont donc eu la mauvaise surprise de ne pas recevoir tout ou partie de leur salaire, notamment du mois d’août. Plusieurs mois plus tard, des impayés demeurent, en raison du grand nombre et de la complexité des dossiers, et de difficultés administratives entre le liquidateur, les gestionnaires de paie et l’Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS), qui verse les salaires en cas de liquidation.
« La difficulté, c’est que les salaires sont longs à arriver, 150 personnes nous ont remonté qu’elles n’avaient toujours rien en août », décrit Philippe Viroulet, délégué syndical central à la Confédération autonome du travail, le premier syndicat chez Milee.
N’ayant pas reçu leur solde de tout compte ni leur attestation de fin de contrat, les licenciés ne pouvaient donc pas s’inscrire à France Travail. « Une personne qui travaillait à temps plein a tenté de se suicider, il y a quelques jours. D’autres se font expulser ou retirer la garde de leurs enfants », témoigne M. Bernard.
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La chimie française craint de perdre « 15 000 emplois » d’ici à trois ans, d’après la fédération France Chimie qui regroupe les entreprises du secteur. Les défaillances d’entreprises battent des records, avec 66 000 défauts en douze mois selon le cabinet d’études Altares, en particulier des PME de plus de 50 salariés dans les domaines de l’automobile et du bâtiment. L’avionneur européen Airbus a annoncé la suppression de 2 500 postes dans sa branche produisant des satellites au sein de son activité défense et espace, qui compte 35 000 salariés…
Le projet de loi de finances pour 2025 présenté par le gouvernement Barnier, qui recherche 60 milliards d’euros d’économies pour espérer atteindre 5 % de déficit public en 2025 contre 6,1 % aujourd’hui, intervient dans un moment critique pour l’industrie française. Chute de la demande au niveau national et européen, concurrence agressive des Etats-Unis et de la Chine, prix élevé de l’énergie qui freine sa compétitivité, le secteur accumule les difficultés depuis le début de l’année. La CGT a même dénoncé, vendredi 18 octobre, par la voix de sa secrétaire générale, Sophie Binet, une « situation industrielle extrêmement inquiétante », disant avoir recensé « 180 plans de licenciement » en cours dans plusieurs filières (automobile, chimie, verrerie…) et « autour de 100 000 salariés » touchés directement ou indirectement.
Le nouveau ministre de l’industrie, Marc Ferracci, a beau tenter de les rassurer en expliquant que le budget, dont l’examen débute lundi 21 octobre à l’Assemblée nationale, est « une base qui peut naturellement évoluer lors des débats parlementaires », les industriels ont peu de raisons de se réjouir de ce texte. Même le crédit d’impôt recherche, qu’ils défendent tous en bloc, épargné pour l’instantpar le gouvernement, est menacé par les députés de l’opposition, soit pour en diminuer les financements pour la droite, soit pour carrément les supprimer pour la gauche.
Des mesures qui déplaisent
Le budget 2025 comporte surtout plusieurs mesures fiscales qui déplaisent aux secteurs industriels. A commencer par la hausse de l’impôt sur les sociétés, de 25 % à 30 %, pour les 440 grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d’euros. Une augmentation présentée comme temporaire par le gouvernement, qui doit rapporter 8 milliards d’euros en 2025 et 4 milliards en 2026.
Les industriels y voient un coup de canif donné à la promesse d’Emmanuel Macron de stabilité fiscale pour les entreprises qui prévalait depuis 2017. Les prédébats en commission des finances de l’Assemblée nationale, qui ont commencé mercredi 16 octobre, ont montré par ailleurs que les oppositions étaient décidées à gonfler l’addition. Les entreprises redoutent que le temporaire dure plus longtemps que prévu et que les effets ne soient pas limités qu’aux seuls grands groupes, mais aussi à l’ensemble de la chaîne de valeur. « Ne croyez pas que parce que vous ne touchez qu’aux gros cela ne touchera pas les petits, car dans les filières industrielles, les commandes des grands groupes vont baisser vers leurs sous-traitants plus petits », prévient Alexandre Saubot, président de France Industrie, l’organisation qui représente les branches industrielles en France.
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Mardi 22 octobre puis le lendemain au Figaro, rue de Provence, à Paris, direction et élus au comité social et économique (CSE) se retrouveront en réunion extraordinaire pour les deuxième et troisième fois en quelques jours. Jeudi 17 octobre, un plan de réorganisation couvrant plusieurs services a été présenté : le secrétariat de rédaction, l’iconographie, la direction artistique, la documentation, etc. A terme, douze postes devraient disparaître selon la direction – dix-sept, selon les syndicats, qui incluent dans les effectifs trois départs volontaires intervenus ces derniers mois, et deux arrêts maladie.
« Tous les trois à quatre ans, nous procédons à une réorganisation de l’édition imprimée, en baisse structurelle », justifie Marc Feuillée, le directeur général du Groupe Figaro. Cette « simplification du processus d’édition » doit conduire à des « économies de productivité » d’un montant de 1,5 million d’euros annuel, notamment grâce au recours à des outils numériques plus performants. « Il semble que la direction place beaucoup d’espoir (…) dans les nouveaux outils, dont l’intelligence artificielle, censés automatiser certaines tâches comme le choix des photos, le traitement de l’image, la correction, etc. », regrette le Syndicat national des journalistes, majoritaire à la rédaction, dans un communiqué.
Confiance abîmée en la direction
En contrepartie, assure M. Feuillée, Le Figaro « continue d’embaucher » des journalistes,soit la création d’« une centaine de postes en quatre-cinq ans », ventilés entre les cinq « rédactions locales », la cellule réseaux sociaux ou encore la chaîne Le Figaro TV. « D’après la “slide” qui nous a été présentée, il s’agit d’une soixantaine de postes depuis 2019 », corrige Laurent Mardelay, délégué syndical CGT, majoritaire dans l’entreprise. Quoi qu’il en soit, à la rédaction technique, où ceux qui resteront redoutent déjà un surcroît de travail, comme à la rédaction écrivante, les bons chiffres de ventes du quotidien et de fréquentation du site enregistrés durant l’été n’ont pas éteint les inquiétudes.
La confiance en la direction de la rédaction, abîmée par les deux éditoriaux du directeur de la rédaction, Alexis Brézet, sur Europe 1 et dans le quotidien, jugés favorables au Rassemblement national et qui avaient suscité une lettre de protestation signée par 205 journalistes, n’est pas revenue. Elle a même été de nouveau entamée cet été, quand une « une interview, programmée de longue date, de Thomas Jolly », le metteur en scène des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques vivement critiquées par l’extrême droite, a été annulée, selon un compte rendu de la société de journalistes (SDJ), qui a interpellé M. Brézet à ce propos.
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Sale temps pour les jeux vidéo. Alors que doit s’ouvrir, mercredi 23 octobre, la Paris Games Week, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le secteur. Dernier exemple en date : l’un des plus grands développeurs et éditeurs français de jeux vidéo, Don’t Nod, a annoncé, le 16 octobre, une coupe sévère dans ses effectifs. Constatant « les contre-performances économiques des derniers lancements », Oskar Guilbert, le PDG de la société, a annoncé « un projet de réorganisation afin notamment de sauvegarder sa compétitivité dans un écosystème concurrentiel toujours plus exigeant ».
« Jusqu’à 69 emplois » sont menacés dans cette entreprise qui en compte un peu moins de 340. Une mesure qui vient s’ajouter à la saignée que connaît actuellement le secteur du jeu vidéo qui à date pourrait supprimer 13 000 emplois en 2024 à travers le monde. Un record, après 8 500 suppressions en 2022 et 10 500 en 2023. Un important plan de départs est également en cours chez le japonais Bandai Namco, affectant de 100 à 200 personnes.
Nul n’est épargné. Des plus grands employeurs comme Unity (1 800 suppressions de postes) aux plus petits, qui connaissent un « bain de sang », commente Charles-Louis Planade, directeur des opérations internationales du cabinet de courtage TP ICAP Midcap. « Dans le milieu on s’est mis à parler “d’Indiepocalypse”, tant le nombre de petits studios indépendants qui ont fermé est énorme ».
Le pari risqué du repli
Dans un secteur qui se distingue par une activité particulièrement cyclique – liée notamment à l’arrivée de nouvelles générations de produits ou de technologies –, le coup de frein est d’autant plus violent que l’industrie vidéoludique s’était emballée lors des périodes de confinement liées au Covid-19. En réponse à l’appétit de divertissement exprimé par les consommateurs, tous les acteurs du secteur, du plus grand au plus petit, avaient multiplié les développements de nouveaux titres en espérant prendre leur part du gâteau. Dans la foulée, de nouveaux studios se sont créés. En a résulté une « suroffre » qui a pénalisé tous les compétiteurs.
En réaction, les sociétés exploitant les franchises les plus diffusées (Assassin’s Creed, Call of Duty, etc.), ont fait le choix de se replier sur leurs titres phares, qui offrent le plus gros potentiel de retour sur investissement. Pari risqué puisque le lancement raté du nouvel épisode d’un titre premium peut pénaliser fortement une entreprise. Ce fut par exemple le cas tout récemment du français Ubisoft que les ventes décevantes de Star Wars Outlaw ont fragilisé en Bourse. Dans la foulée, l’entreprise a décidé de reporter le lancement de son prochain jeu phare – le dernier opus d’Assassin’s Creed –afin de rendre la copie la plus propre possible. Le jeu ne devrait finalement sortir qu’en février 2025, après la période faste des fêtes de fin d’année. Un nouvel échec plongerait la société dans une crise profonde.
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La rentrée est décidément pénible pour les élus locaux. Pointés pour leurs dépenses par le gouvernement Attal, début septembre, ils ne décolèrent pas à l’idée de devoir consentir à l’effort de 5 milliards d’euros que le premier ministre, Michel Barnier, attend d’eux en 2025. Entre-temps, la Cour des comptes a ajouté sa touche personnelle en suggérant, dans un rapport publié le 2 octobre, de supprimer 100 000 agents territoriaux.
« On voit bien la séquence, affirme Johan Theuret, directeur général adjoint chargé du pôle ressources à Rennes Métropole et à Ville de Rennes, cofondateur du cercle de réflexion Sens du service public. Un déficit qui dérape, la recherche d’économies et la question des effectifs des collectivités locales arrive dans le débat… Ce n’est pas nouveau. »
La Cour des comptes note que « les dépenses de personnel, qui représentent un quart des dépenses des collectivités, connaissent une croissance soutenue », et considère une « optimisation » possible. Appliquer partout la durée légale du travail et lutter contre l’absentéisme permettraient de faire des économies, disent les magistrats financiers. Avant de sortir une proposition massue : ramener la fonction publique territoriale, qui compte 1,9 million d’agents, à son niveau de 2010. Cela se traduirait par la réduction de 100 000 emplois, soit 5,25 % de l’effectif. Economie escomptée : 4,1 milliards d’euros à partir de 2030.
« Procès facile en incompétence »
Pourquoi 2010 ? Parce que pendant dix ans, entre 2011 et 2021, expose l’institution financière, il n’y a pas eu de nouveau transfert de compétences de l’Etat aux collectivités ; que cela n’a cependant pas empêché les groupements de communes – les intercommunalités, en plein développement – d’employer 112 100 agents de plus (+ 48 %) quand les communes ne faisaient baisser leurs effectifs que de 3 %. Or, la logique était précisément qu’en confiant des missions à leur intercommunalité, les communes réduisent leur personnel.
Derrière la logique comptable, les élus locaux perçoivent une nouvelle manifestation du « mépris » des hauts fonctionnaires de Bercy, qui les considéreraient comme dépensiers et incapables de tenir leur masse salariale. « Je ne dis pas que des efforts ne sont pas possibles, poursuit M. Theuret. Mais c’est surtout un procès facile en incompétence des élus dans la gestion des ressources humaines. »
Maire (divers droite) de Charleville-Mézières, Boris Ravignon se dit également « convaincu » que c’est la défiance des argentiers qui s’exprime. « Même si c’est d’abord de la méconnaissance : les magistrats de la Cour des comptes ne connaissent pas le fonctionnement des collectivités locales », note celui qui vient de se voir confier par la ministre du partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, la mission d’alléger le « millefeuille administratif ». Dans un rapport, remis en mai, M. Ravignon a chiffré à 7,5 milliards d’euros l’enchevêtrement des compétences entre l’Etat et les collectivités.
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Nouveau signe de la mauvaise passe que traverse l’industrie aérospatiale européenne, Airbus a l’intention de supprimer « d’ici à la mi-2026 » jusqu’à 2 500 postes dans sa branche produisant des satellites, qui leste ses performances financières, a annoncé l’entreprise mercredi 16 octobre.
Citant dans un communiqué la nécessité de s’adapter à « un contexte difficile pour l’activité », le géant industriel européen a dit vouloir « rationaliser [son] organisation pour améliorer la compétitivité à l’avenir ». La division concernée, « Defence and Space » (D&S), compte quelque 35 000 salariés.
Les modalités de ces réductions d’effectifs n’ont pas été précisées dans l’immédiat mais Airbus a dit vouloir éviter des « mesures contraignantes » et promis d’œuvrer à « limiter l’impact » social de cette décision.
« Compte tenu des résultats financiers assez catastrophiques qu’on a eus, on se doutait bien qu’il allait se passer quelque chose de ce genre », a déclaré à l’Agence France-Presse Hervé Pinard, coordinateur CFDT pour l’ensemble du groupe. Pour lui, « il faut que ce soit accompagné non seulement socialement pour ceux qui partent mais aussi pour ceux qui restent, pour qu’ils ne se retrouvent pas dans une situation où on va multiplier les burn-out parce que les gens auront une charge de travail qu’ils ne seront pas capables d’assumer ». La CFDT, pour l’heure, « analyse les données », a expliqué M. Pinard, et « n’est pas encore capable de dire comment [elle] va réagir ».
Le coordinateur adjoint de FO D&S, Jean-Daniel Bloquet, a quant à lui estimé que « la réduction des effectifs ne [pouvait] pas être la principale variable d’ajustement » et a jugé possible « qu’il y ait, à moyen terme, des mesures d’austérité annoncées, si on ne règle pas le problème par les solutions douces qui sont proposées à ce jour ».
Selon le délégué syndical central CFE-CGC D&S, Thierry Préfol, Airbus donnera des détails sur la répartition des mesures par pays et activité le 4 décembre, un délai qui « a un côté anxiogène » pour les salariés, a-t-il regretté, en soulignant l’importance du « jusqu’à » 2 500 suppressions. « Ça ne pourra pas augmenter mais (…) ça peut baisser. On a demandé un engagement qu’il n’y ait pas de licenciements secs. On a eu une forme d’engagement moral [selon lequel], si on arrive à mener à bien les mesures d’économies envisagées, il n’y aura pas de départs contraints », a-t-il ajouté.
« Résoudre les causes racines de ces difficultés »
Numéro un mondial des satellites de télécommunication, Airbus est affecté depuis quelques années « par un climat d’affaires très difficile et en évolution rapide, avec des ruptures de chaînes d’approvisionnement, des changements dans la conduite des conflits et une pression sur les coûts en raison de contraintes budgétaires », a justifié Michael Schoellhorn, le directeur général d’Airbus D&S, cité dans le communiqué.
Thales, un autre poids lourd du secteur, avait déjà annoncé au printemps un plan de redéploiement au sein du groupe de 1 300 postes issus de sa branche spatiale, Thales Alenia Space.
Plombé par de nouvelles charges pour son activité spatiale, Airbus a vu son bénéfice divisé par deux au premier semestre. « Notre performance financière à mi-année reflète principalement les importantes charges liées à nos activités spatiales. Nous nous appliquons à résoudre les causes racines de ces difficultés », avait déclaré le président exécutif, Guillaume Faury, au moment de la publication des résultats, en juillet.
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Le constructeur aéronautique avait déjà prévenu à la fin de juin qu’il devait passer une nouvelle provision d’« environ 900 millions d’euros » au premier semestre, liée au passage en revue des coûts de développement et des perspectives commerciales attendues de certains programmes de satellites de télécommunications et de navigation. Ce montant a finalement été affiné à 989 millions d’euros, à mesure que l’examen programme par programme s’est poursuivi.
En 2023 Airbus avait déjà inscrit une charge de 600 millions d’euros dans ses comptes pour cette même activité spatiale, qui a représenté l’année dernière environ 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur les 65,4 milliards réalisés par le groupe.
« Nous nous attaquons aux causes profondes de ces problèmes par le biais d’un plan de transformation, qui se concentrera notamment sur la mise en œuvre d’une stratégie plus sélective de réponse aux appels d’offres, sur le renforcement de la gouvernance et du contrôle internes, et sur le plan de maîtrise des coûts et de compétitivité », avait déclaré Guillaume Faury en juillet.
Ces réévaluations concernent avant tout les programmes de satellites de télécommunications et de navigation. Le problème tient au fait qu’il s’agit de satellites adaptés au besoin de chaque client et produits en petites quantités, empêchant les gains d’efficacité d’une production en série, explique-t-on chez Airbus.
Si Boeing s’enrhume, Airbus n’est pas non plus à l’abri d’un coup de froid ! L’avionneur européen a annoncé, mercredi 16 octobre, son intention de supprimer jusqu’à 2 500 postes dans sa branche produisant des satellites au sein de son activité défense et espace, qui compte 35 000 salariés. Le groupe présidé par Guillaume Faury a pour objectif de « rationaliser [son] organisation pour améliorer la compétitivité à l’avenir ». Cette restructuration sera menée jusqu’à la mi-2026 en évitant les « mesures contraignantes », c’est-à-dire des licenciements secs, afin de « limiter l’impact » social, a promis l’avionneur.
Airbus, pourtant numéro un mondial des satellites de télécommunication, est affecté depuis quelques années « par un climat d’affaires très difficile et en évolution rapide, avec des ruptures de chaînes d’approvisionnement, des changements dans la conduite des conflits et une pression sur les coûts en raison de contraintes budgétaires », a indiqué Michael Schoellhorn, le directeur général d’Airbus Defence and Space, pour justifier cette réduction d’effectifs.
L’avionneur européen n’est d’ailleurs pas le seul dans cette situation. Thales a lui aussi engagé des réductions d’emplois. Le groupe dirigé par Patrice Caine a annoncé, au printemps, un plan de redéploiement qui prévoit 1 300 suppressions de postes au sein de sa branche spatiale Thales Alenia Space, qu’il détient à 67 % aux côtés de l’italien Leonardo (33 %).
Cette annonce n’a pas surpris les syndicats d’Airbus. « Compte tenu des résultats financiers assez catastrophiques qu’on a eus, on se doutait bien qu’il allait se passer quelque chose de ce genre », a reconnu Hervé Pinard, coordinateur CFDT pour l’ensemble du groupe. Le syndicat veut parer par avance tout durcissement du climat social. « Il faut que ce soit accompagné non seulement socialement pour ceux qui partent mais aussi pour ceux qui restent, pour qu’ils ne se retrouvent pas dans une situation où on va multiplier les burn-out parce que les gens auront une charge de travail qu’ils ne seront pas capables d’assumer », plaide, par avance, la CFDT.
L’émergence des petits satellites
Avec ses 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, l’activité spatiale ne fait pas le poids face aux 65,4 milliards d’euros réalisés par le groupe essentiellement porté par sa branche aviation commerciale. En revanche, ses pertes pèsent lourd. En 2023, Airbus avait dû déjà inscrire une charge de 600 millions d’euros. En 2024, cette provision a été sensiblement revue à la hausse pour passer à 989 millions d’euros. Plombé par ces nouvelles charges, l’avionneur a vu son bénéfice divisé par deux au premier semestre.
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« Le débat parlementaire n’a pas commencé. Il peut encore y avoir des évolutions », a affirmé la ministre de l’éducation nationale, Anne Genetet, dans un entretien à La Tribune Dimanche, le 13 octobre. Son cabinet a martelé ce message aux organisations syndicales, qu’il a reçues mercredi 16 octobre, après leur dépôt d’une « alerte sociale » concernant le projet de budget 2025 pour l’éducation nationale. Les 4 000 suppressions de postes d’enseignant dans le projet de loi de finances provoquent inquiétude et colère dans une école en crise.
L’entourage d’Anne Genetet tente de tempérer et cite l’exemple de Gabriel Attal, qui avait obtenu des créations d’emplois dans le second degré fin 2023, après l’examen du projet de loi de finances, pour soutenir la mise en place de ses « groupes de niveau » au collège, ainsi qu’une baisse du nombre de suppressions de postes dans les écoles primaires.
Faute de réponse sur le volet budgétaire, le cabinet de la ministre a proposé aux représentants syndicaux de relancer l’« agenda social » – les discussions avec les syndicats – autour de plusieurs chantiers : les bas salaires, les progressions de carrière ou encore les conditions de travail, sans dire toutefois comment il arriverait à financer de nouvelles mesures.
Baisser le nombre d’élèves par classe
A la presse, son cabinet a notamment évoqué une revalorisation des bas salaires en novembre, du fait de la transposition de l’augmentation du smic, et une accélération des progressions de salaire en milieu de carrière avec des passages plus rapides au deuxième grade de la grille (la « hors classe »). En la matière, une hausse a déjà été négociée en 2023 et est inscrite au budget 2025. L’entourage d’Anne Genetet a avancé un gain « de 150 à 350 euros net par mois » pour « plus de 100 000 enseignants » d’ici à 2027, sans préciser s’il s’agissait des hausses déjà prévues ou de nouvelles. Aucun chiffre ni objectif n’a cependant été donné aux syndicats, qui ont tous fustigé la communication ministérielle.
L’intersyndicale s’est mise d’accord pour interpeller les parlementaires, exception faite des élus Rassemblement national, sur le budget de l’école. « On ne parle pas le même langage avec le ministère : eux nous disent que les suppressions de postes auraient pu être plus importantes, mais, avec une école en crise et des collègues qui souffrent, ça n’est pas entendable », dénonce plus largement Guislaine David, cosecrétaire générale du SNUipp-FSU.
Anne Genetet se sait attendue au Parlement. Elle a déjà été interpellée sur le budget, lors des questions au gouvernement, mercredi, par la députée socialiste de Seine-Saint-Denis Fatiha Keloua Hachi. La présidente de la commission des affaires sociales et de l’éducation a prévu de déposer des amendements pour revenir sur cette diminution du nombre de professeurs.
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« Quand est-ce que j’ai su que je voulais travailler dans le social ? » Alice (le prénom a été modifié), 23 ans, rembobine le fil de ses souvenirs. « Dès le lycée. Lorsque je voyais une personne subir du harcèlement scolaire, j’essayais toujours de l’aider. » Celle qui est aujourd’hui monitrice éducatrice exprime comme une évidence : « Je n’ai jamais aimé les injustices. »
La notion d’injustice est également évoquée par Gwendal, 27 ans : « Pour moi, l’injustice est invivable. » L’apprenti éducateur spécialisé ne supporte pas d’observer autour de lui des situations qu’il estime anormales, surtout envers des personnes vulnérables. Ce refus de l’iniquité est lié à son histoire familiale. Son père, atteint d’une sclérose en plaques, se voit refuser des emprunts bancaires depuis des années en raison de sa maladie. « Pourtant, il travaille », déplore Gwendal. En devenant travailleur social, « je voulais contribuer et aider à régler ces situations injustes », confie l’éducateur, qui s’occupe aujourd’hui d’enfants placés dans un lieu de vie et d’accueil.
Cette quête de justice et une profonde volonté d’aider les autres poussent ces jeunes à s’orienter vers le travail social. Les professions du secteur relèvent pour beaucoup de la « vocation » ou du « métier passion », et sont porteuses de sens. « Car elles ont une dimension d’utilité sociale, et ces jeunes veulent se rendre utiles à la société », analyse Yvette Molina, sociologue spécialiste du travail social et directrice du Cereiso, le centre de recherche de l’association Askoria, qui gère des organismes de formation aux métiers de l’intervention sociale. Le souhait d’embrasser une activité professionnelle tournée vers l’autre découle souvent d’un « héritage familial de valeurs humanistes et altruistes », poursuit la sociologue.
« Notre génération n’est plus aveuglée »
Les jeunes travailleurs sociaux vont alors s’engager pleinement dans leur métier, aux horaires parfois décalés. « Ce n’est pas un emploi de bureau où on peut couper son ordinateur à 17 heures, il y a de l’humain derrière », souligne Gwendal, qui travaille régulièrement la nuit. « Je sais que je suis fait pour ça », assure Louis, 23 ans, en souriant. Lui aussi est en formation pour devenir éducateur spécialisé. « En stage, je ne me transforme pas, je reste le même. Mon métier est fatigant mais il n’est pas éprouvant. »
Ce sentiment d’évidence quant à leur vocation n’empêche pas les jeunes travailleurs sociaux de se poser des questions. Notamment sur leur rapport au travail. « Notre génération n’est plus aveuglée par l’idée qu’il faut s’acharner pour réussir, estime Louis. On veut faire ce qu’on aime. Moi-même, je me suis toujours promis de faire ce que j’aime car j’ai vu mes parents, employé dans une usine et fonctionnaire, se tuer à la tâche. »
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