Les écoles de management s’accrochent pour suivre les tendances en entreprise

Les écoles de management s’accrochent pour suivre les tendances en entreprise

Le deuxième campus parisien d'ESCP Europe à Montparnasse dans les anciens locaux de Novancia

« Mes cours ne sont jamais identiques d’une année à l’autre, prévient Emmanuelle Léon, professeure à l’ESCP Business School et directrice scientifique de la chaire Reinventing Work. Les tendances bougent énormément et deviennent rapidement obsolètes. » Si l’intérêt pour le management à distance ne date pas de la crise sanitaire liée au Covid-19, celle-ci a fait du travail hybride – avec le développement d’équipes virtuelles ou du télétravail – une véritable norme. Ce qui soulève de nombreuses questions concernant l’organisation des équipes et le suivi des collaborateurs au sein des entreprises.

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« Le télétravail pourrait renforcer un éloignement des manageurs du travail réel, et peut-être entraîner une focalisation sur des aspects purement techniques au détriment de la coopération, avertit ainsi Flore Barcellini, professeure des universités en ergonomie au CNAM et membre du Centre de recherche sur le travail et le développement. Il y a donc un besoin de formation sur la capacité des manageurs à organiser et à discuter des conditions de la coopération. » Sujet dont se sont saisies les écoles de commerce et les formations universitaires spécialisées dans le management.

« J’émets l’hypothèse que, quand on est à distance, on a tendance à oublier l’importance de l’humain et de l’informel », confirme Emmanuelle Léon, qui estime fondamental d’encourager les manageurs – et les futurs manageurs – à s’interroger sur le bien-être de leurs collaborateurs. Avec tout un attirail de thèmes pour remettre l’humain au cœur du travail : comment anticiper et fluidifier les échanges, comment détecter les signaux faibles, etc. « Dans une relation davantage marquée par la technologie, il faut s’assurer de faire encore communauté, qu’il y ait du lien social, qu’on arrive à intégrer les talents et à les développer », poursuit-elle. Certains de ses collègues proposent aussi du yoga ou de la méditation, une manière de « faire entrer les corps dans les cours » à l’heure du virtuel et du distanciel.

Anticiper et fluidifier les échanges

Les enseignants « restent à l’affût de toutes les tendances », poursuit Emmanuelle Léon, notamment grâce à la recherche et aux études. Elle cite ainsi les derniers travaux de l’université Stanford sur les risques que le télétravail fait peser sur la carrière des femmes : devenues mères de famille, celles-ci ont tendance à délaisser davantage le présentiel, pourtant valorisé pour obtenir une promotion. Au-delà de la recherche, les écoles de management s’appuient sur des partenariats avec des entreprises pour nourrir leur offre. « De plus en plus d’enseignements s’ancrent dans la réalité managériale des entreprises, alors qu’autrefois l’étude de cas représentait le seul point de contact avec le monde de l’entreprise », souligne Sébastien Damart, vice-président du Conseil de la formation et de la vie étudiante de l’université Paris Dauphine PSL. Au programme : hackathons (projets collaboratifs pour répondre au défi d’une entreprise), partenariats entre les masters et les entreprises, ou challenges à relever. « Nous sommes entrés dans ce nouveau paradigme : une formation en management sans ce type de partenariats serait un peu aberrante », poursuit-il.

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LJD

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