« Le Quotidien de La Réunion », placé en liquidation judiciaire, cherche un repreneur

« Le Quotidien de La Réunion », placé en liquidation judiciaire, cherche un repreneur

Devant « Le Quotidien de La Réunion », en décembre 2020.

L’île de La Réunion va-t-elle conserver ses deux quotidiens ? Pour l’instant, oui, mais difficile de se prononcer sur le temps long. Après France-Antilles, Les Nouvelles calédoniennes et La Dépêche de Tahiti, deux titres supplémentaires de la presse ultramarine sont en difficulté. Le tribunal de commerce de Saint-Denis a validé, mercredi 4 octobre, le placement en liquidation-cession du Quotidien de La Réunion. Cette procédure se fera avec poursuite d’activité sur une période de trois mois, afin de trouver un repreneur, conformément à la demande de Carole Chane-Ki-Chune, présidente du groupe. Mais le calendrier de reprise apparaît très serré, la date limite de dépôt des offres étant fixée au 15 novembre.

« On pensait que le scénario de reprise était déjà ficelé, mais on se rend compte qu’il n’y a rien de bouclé avec un potentiel nouvel actionnaire, ni en local ni d’un point de vue national », analyse l’un des journalistes du titre réunionnais, qui souhaite rester anonyme. Les paies des 53 salariés, qui n’ont pas été honorées depuis début septembre, restent l’urgence à gérer, selon Edouard Marchal, du SNJ. Il espère que le régime de garantie des salaires puisse honorer les paies d’ici au 11 octobre.

« Un coup de canif dans la démocratie »

Fragilisé depuis la crise sanitaire du Covid-19, Le Quotidien de La Réunion était sorti de redressement judiciaire en décembre 2021 avec un plan de remboursement de ses dettes sur une durée de dix ans. « Ce plan, qui s’était traduit par vingt-quatre suppressions de postes, était intenable », déplore M. Marchal. L’érosion des ventes en kiosque – divisées par trois en l’espace de vingt ans –, le recul du marché publicitaire, causé par la guerre en Ukraine, et l’inflation bien plus importante qu’en métropole ont encore amplifié les déboires financiers du titre, fondé en 1976.

Son concurrent direct, Le Journal de l’île de La Réunion (JIR), est, lui aussi, en difficulté. « Aujourd’hui, j’arrive à peine à m’en sortir, mais je veux tenir », explique Jacques Tillier, le PDG du quotidien, tablant sur des rentrées liées à la diversification, notamment en organisant des salons. Alors que les Etats généraux de l’information se sont ouverts mardi 3 octobre, « il est temps que l’Etat considère les soucis spécifiques des titres ultramarins, comme la moindre publicité publique », souligne M. Tillier. Selon lui, l’aide au pluralisme des titres ultramarins, qui a soutenu onze publications en 2022, avec une enveloppe de 2 millions d’euros, est aujourd’hui insuffisante. « Si Le Quotidien ou Le JIR venait à disparaître, ça serait un coup de canif dans la démocratie », alerte-t-il. Le tribunal de commerce de Saint-Denis a fixé la prochaine audience au 13 décembre pour Le Quotidien de La Réunion.

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LJD

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