L’argot de bureau : attention, « impact » imminent

L’argot de bureau : attention, « impact » imminent

Argot de bureau

« Une comète va s’écraser sur notre planète. Vous espérez qu’elle tombera dans l’océan ? Vous avez tort. » Voici l’affiche de Deep Impact, film catastrophe hollywoodien sorti en 1998. Plus de vingt ans plus tard, dans Don’t Look Up (2021), c’est une météorite qui menace la Terre.

Devant cette métaphore de la crise climatique, la majorité des décideurs réagit avec cynisme et ne fait rien. Dans la première œuvre, le président américain envoie des astronautes dans l’espace pour dévier la trajectoire du corps céleste, mais cela ne fonctionne qu’à moitié. Quel est le point commun entre ces deux films ? L’impact finit par arriver, et ses conséquences ne sont pas joyeuses. Même avec un chief impact officer, l’humanité n’aurait rien pu faire.

Quand on pense au mot « impact », ça sent le roussi, qu’il s’agisse d’un astéroïde, ou d’une force surhumaine qui sent les stéroïdes. Etymologiquement, c’est le choc violent d’un projectile contre un corps, mais l’usage du mot s’est élargi pour désigner une répercussion. Dans un anglicisme que n’a toujours pas digéré l’Académie française, le verbe « impacter » connote les conséquences d’un événement. Il en va ainsi des « études d’impact » pour mesurer les effets d’un projet… notamment sur le climat. Produits par l’activité humaine, ils sont souvent réputés négatifs : il s’agit de « réduire les impacts » d’une industrie, sur la biodiversité par exemple.

Paradoxalement, c’est dans un sens positif que le terme pullule dans le monde du travail, après avoir gagné ses galons dans l’économie sociale et solidaire : un métier « à impact » œuvre pour le bien commun, ou cherche du moins à atténuer les répercussions négatives de ce que fait l’entreprise. C’est, par exemple, une équipe de jeunes consultants en RSE (responsabilité sociétale des entreprises) qui imposera à tous les salariés la participation à un atelier « fresque du climat », ou favorisera les mobilités douces. Même si les conséquences sur la planète sont fortes, travailler dans l’extraction de pétrole n’est donc pas considéré comme un job « à impact ». De même que le métier de conducteur de marteau-piqueur, ou de réparateur de voitures qui auraient un « impact dans leur pare-brise ».

Quels critères de mesure

Concernant l’entreprise à impact, il n’en existe pas de définition claire, ce qui permet à nombre de dirigeants de s’en revendiquer, à peu de frais : on ne sait pas exactement comment, mais cette rentrée sera placée sous le signe de l’« impact » et du « sens » (pour la énième année consécutive).

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LJD

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