La livraison d’un livre neuf bientôt facturée 3 euros

La livraison d’un livre neuf bientôt facturée 3 euros

Un centre de logistique Amazon à Lauwin-Planque (Nord), le 16 avril 2020.

L’effet boomerang de certaines mesures risque parfois de provoquer l’inverse de ce qui était souhaité. L’arrêté publié au Journal officiel le 7 avril, et qui s’appliquera à partir du 7 octobre, fixe à 3 euros minimum le seuil réglementaire des frais de port pour les commandes de livres neufs inférieures à 35 euros. Au-delà de cette somme, il sera possible de ne facturer que 1 centime d’euro pour ces frais d’envoi.

Le gouvernement a souhaité relever le prix plancher de la livraison des livres neufs pour inciter les lecteurs à aller davantage en librairie. Sans le dire officiellement, en espérant incidemment les détourner d’Amazon ou du service en ligne de la Fnac. Pas sûr, pour autant, que cette décision ne dope le marché du livre, redevenu atone, en 2023, après une parenthèse de deux années de grâce pendant la pandémie. Une étude IFOP de septembre 2023 commandée par Amazon, prévoit que 51 % des lecteurs vont réduire leurs achats de livres à compter de la mise en œuvre de cette mesure.

Depuis 2014 et jusqu’au 7 octobre, Amazon ne facturait l’envoi d’un livre que 1 centime d’euro à ses abonnés Prime. Tout comme la Fnac. Légitimement, les libraires indépendants se plaignaient de la concurrence déloyale de ces géants du secteur qui « orchestrent ce dumping pour améliorer leur part de marché », analyse Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF). La nouvelle mesure constitue, selon lui, « une grande amélioration », mais laisse les libraires « au milieu du gué ». Les frais de port devraient, à ses yeux, être facturés 7,50 euros par ouvrage – ce que paient les libraires pour expédier leurs commandes en ligne. « Avec cet arrêté, nous traitons en fait une anomalie », assure M. Husson.

« Effet inflationniste majeur »

Mais en ces temps d’inflation et de réduction des dépenses des ménages, ajouter 3 euros au prix d’un livre pourra sembler élevé. Cette somme représente en effet 40 % du prix d’un livre de poche vendu à 7,50 euros. Une étude Kantar TNS Sofres de 2021 brandie par Amazon assure que, sur les 400 millions d’ouvrages vendus chaque année, 17 % le sont par le commerce en ligne (soit 68 millions d’ouvrages). La décision du gouvernement représentera donc 204 millions d’euros supplémentaires de frais de transport si les ventes se maintiennent au même rythme.

Selon Amazon, « l’introduction d’un tarif minimum d’expédition [aura] un effet inflationniste majeur, induisant une hausse du coût d’acquisition des livres vendus en ligne et affectant le pouvoir d’achat des lecteurs – et plus particulièrement de ceux qui résident loin des points de vente physiques et n’ont pas d’alternative ». Toujours selon l’étude IFOP, 49 % des Français achètent des ouvrages en ligne en raison de l’éloignement des points de vente physiques. Proportion qui monte à 75 % dans les communes rurales.

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LJD

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