La formation interne, une réponse au manque de main-d’œuvre qualifiée
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Début octobre, une étude de Korn Ferry, un gros cabinet international de conseil en organisation, a semé un peu d’émoi dans l’univers feutré des grandes entreprises. Selon ce texte, d’ici à 2030, le marché mondial du travail pourrait manquer de 85,2 millions de talents, une pénurie anticipée par 23 % seulement des chefs d’entreprise en France. De plus, « 70 % des dirigeants français considèrent qu’il est plus facile pour eux de concevoir des stratégies autour des technologies et des autres actifs tangibles », ajoute l’étude, que d’aborder de front le problème des recrutements. Or, souligne Frédéric L’Héréec, associé principal chez Korn Ferry, « le besoin en compétences pour accompagner de nouvelles formes de travail sera de plus en plus fort ».
Un enjeu managérial de taille pour les entreprises, qui vont non seulement devoir développer leur réputation et leur « marque employeur » sur le marché du travail, mais également accompagner les transformations en interne en formant mieux leurs collaborateurs. « Aujourd’hui, tout le monde cherche les mêmes compétences, ajoute Isabelle Lamothe, responsable de la pratique People and Organization de Capgemini Invent, un autre cabinet de conseil, mais il n’y a pas assez de gens pour satisfaire tous les besoins. Donc les entreprises cherchent une autre solution, par exemple en interne. » Selon cette experte de la transformation, c’est là « l’effet vertueux » de la pénurie de talents : faire progresser les salariés en place. « On commence de plus en plus à voir apparaître des passerelles et des dispositifs de mobilité à l’intérieur des entreprises auxquels on n’aurait pas pensé il y a quelques années. »
Changement de comportement des entreprises
Un constat confirmé par Vincent Donne, chez France Stratégie : « La pénurie de compétences a des conséquences sur le comportement des entreprises », dit-il. « Quand elles n’arrivent pas à recruter, elles développent des stratégies, par exemple en faisant des efforts de formation. »
Autre moyen pour les entreprises de « contourner » la pénurie : développer des modes de collaboration innovants comme des contrats de mission, pour être accompagnées par des collaborateurs experts le temps d’un projet, ou le recours à des free-lances, particulièrement dans les domaines du numérique et du développement – donnant naissance au concept « d’entreprise étendue ».
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