Hôteliers dans la tempête du Covid-19 : « A 54 ans, c’est l’épreuve de ma vie »

Hôteliers dans la tempête du Covid-19 : « A 54 ans, c’est l’épreuve de ma vie »

Eric Huet n’a jamais reçu aussi peu de clients, mais n’a « jamais autant travaillé de [sa] vie ». Depuis la mi-mars, le propriétaire de l’Hôtel du Lion d’or, à Pont-L’Evêque (Calvados), ne s’autorise pas de répit pour faire passer l’épreuve du Covid-19 à ce relais de poste vieux de trois siècles. Téléphone en main et enthousiasme en bandoulière, il fait le tour de sa propriété presque refaite à neuf depuis le printemps – chambres, spa, restaurant et patio –, convaincu de s’être donné les moyens de relancer la machine plus fort qu’avant. Malgré le reconfinement, le Lion d’or est ouvert, comme la majorité des hôtels trois étoiles de France, mais ses 28 chambres sont rarement occupées dans un contexte où seule survit l’hôtellerie économique.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : le Plaza Athénée, un palace parisien déserté

« Ce n’est pas du tout rentable, c’est même une catastrophe économique, mais j’ai voulu que l’on profite de cette période pour corriger nos défauts, explique Eric Huet. Comme nous n’avions pas de clients, on a joué du marteau-piqueur tous les jours. Et quitte à être là pour les travaux, on est resté ouvert : on a marqué des points auprès des clients à qui on a rendu service. » Sept des 17 employés sont restés à l’hôtel depuis le printemps, moyennant une réorientation temporaire : « Le chef et la femme de ménage sont devenus peintres, le maître d’hôtel est devenu carreleur. »

Les travaux auront coûté plus de 400 000 euros, financés exclusivement par des emprunts aidés. « Cela n’a jamais été aussi simple de se faire prêter de l’argent. Je n’ai même pas vu mon banquier et, quinze jours après la demande, j’avais les sous sur mon compte : 370 000 euros de prêt garanti par l’Etat [PGE] et 100 000 euros de la région Normandie. » Diverses aides ont également permis à l’hôtelier d’économiser quelques milliers d’euros, entre l’exonération de taxes communales ou intercommunales et la baisse de la cotisation aux Logis Hôtels, le réseau de 2 000 établissements, dont il fait partie.

« Le gouvernement a été d’une générosité incroyable »

M. Huet admet que le recours à l’activité partielle, les demandes d’aides, les discussions avec l’assureur ou le banquier lui ont demandé une énergie qu’il n’aurait pas eue si, comme nombre d’hôtels indépendants, son affaire était déjà bancale avant la crise. « Sincèrement, le gouvernement a été d’une générosité incroyable. Mais certains professionnels sont passés à travers, soit par manque d’informations, soit parce qu’ils n’avaient pas le moral. C’est ceux qui en ont le plus besoin qui n’y arrivent pas. Même moi, à 54 ans, pour qui tout allait bien, c’est l’épreuve de ma vie. Ma chance, c’est que je travaille avec ma femme et que notre couple allait bien avant le Covid. Mais j’ai des collègues qui dépriment… voire pire. »

Il vous reste 46.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.