« En télétravaillant à Niort avec mon salaire parisien, j’ai le meilleur des deux mondes » : les villes moyennes séduisent les jeunes actifs
C’est un rituel auquel il ne déroge jamais. « Tous les matins, j’enfile une paire de baskets pour aller travailler », confie Mathieu Santostefano, développeur Web pour une agence parisienne. Le jeune homme de 29 ans n’a pourtant qu’une quinzaine de marches à gravir pour accéder à son bureau. Depuis deux ans, il travaille 100 % du temps à distance depuis chez lui, à Niort (Deux-Sèvres). C’est dans une petite pièce spécifique, au premier étage de sa maison, qu’il tape ses lignes de code toute la journée au milieu de ses maquettes de Lego.
« Quand Emilie, ma compagne, m’a annoncé qu’elle avait décroché un poste d’UX designer ici, j’avoue, j’ai eu un petit moment de panique, raconte l’ancien Parisien. Je ne connaissais pas Niort. Je savais à peine la situer sur une carte. »
L’affaire a pourtant vite été entendue. « En m’installant ici avec mon salaire parisien, je pouvais bénéficier du meilleur des deux mondes », résume Mathieu. « La Rochelle est à trois quarts d’heure de route, Paris à deux heures en TGV. A Paris, nous louions un 40 mètres carrés pour un smic par mois. C’était délirant. Ici, nous avons pu acheter une maison avec jardin, à dix minutes à pied de la gare, pour moins de 200 000 euros. » Côté qualité de vie, il n’y a pas photo. Même s’il reconnaît que la vie culturelle n’a rien à voir avec celle de la capitale – mais qui en profite, en ce moment ?
Des jeunes cadres qui fuient Paris, Lyon ou Marseille pour Niort, Chartres ou Albi : la tendance était déjà en marche avant la crise sanitaire – elle ne devrait faire que se renforcer, portée par l’essor du télétravail, l’expérience des confinements successifs, la montée des préoccupations environnementales et l’explosion des prix de l’immobilier à Paris.
Une tendance sur laquelle surfent de nombreuses villes moyennes : ces temps-ci, les campagnes de communication fleurissent sur les murs du métro parisien, vantant la belle vie à Alès (Gard), à Bourges ou à La Roche-sur-Yon.
Paris, trop chère
Selon un sondage Harris Interactive réalisé en octobre 2020 pour le réseau immobilier Procivis, 36 % des jeunes de 18 ans à 34 ans résidant dans une métropole ont amorcé une recherche immobilière ces derniers mois dans le but de déménager.
« Autant les jeunes plébiscitent toujours largement les grandes agglomérations pour suivre leurs études, autant ils changent d’état d’esprit une fois leur cursus terminé, aux alentours de 25-30 ans, analyse Elie Guéraut, maître de conférences en sociologie à l’université Clermont-Auvergne. C’est le moment où ils commencent à se projeter dans une situation plus stable, à vouloir accéder à la propriété, à avoir des envies d’enfants. » Des projets plus faciles à concrétiser dans des villes peuplées de 20 000 à 100 000 habitants que dans la mégapole parisienne, jugée trop dense, trop stressante et surtout trop chère.
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