Emploi des seniors : un niveau au plus haut depuis 1976

Emploi des seniors : un niveau au plus haut depuis 1976

Les seniors continuent d’être de plus en plus présents sur le marché du travail. En 2023, 38,9 % des personnes de 60 à 64 ans occupaient un poste, soit 2,7 points de plus qu’en 2022, d’après des données récemment diffusées par l’Insee. La progression s’inscrit dans une tendance ininterrompue depuis le début du XXIsiècle, mais elle s’avère particulièrement marquée au cours des douze derniers mois. Une statistique de nature à donner satisfaction au gouvernement sortant, car elle lui permet de se rapprocher de son objectif de plein-emploi pour cette tranche d’âge.

Il faut remonter au début du septennat de Valéry Giscard d’Estaing pour trouver des chiffres plus flatteurs. En 1975, la proportion des 60-64 ans qui travaillaient s’élevait à 40,5 %. Après, elle a régulièrement décliné, pour plusieurs raisons : flambée du chômage, recours massif aux dispositifs de cessation anticipée d’activité, notamment pour les salariés de la sidérurgie, abaissement à 60 ans de l’âge légal de départ à la retraite avec la réforme du gouvernement Mauroy (1981-1984), etc. La dégringolade a duré un peu plus d’un quart de siècle, l’étiage se situant à 10,8 % en 2001.

Ensuite, la courbe est repartie vers le haut, sous l’effet – là encore – de différents facteurs. Parmi eux, il y a les lois de 2003, de 2010 et de 2014 qui ont modifié les paramètres du système de retraite afin d’obliger ou d’encourager les personnes à prolonger leur carrière professionnelle bien au-delà de 60 ans.

L’une des questions qui se pose aujourd’hui est de savoir si la réforme de 2023, en repoussant à 64 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension, a pesé en faveur de l’accroissement du taux d’emploi des seniors, cette année-là. L’impact du texte est marginal, répond Bertrand Martinot, expert du sujet auprès de l’Institut Montaigne, car les dispositions n’ont, à ce stade, concerné que des effectifs relativement limités. Selon lui, l’explication principale réside « dans la poursuite de la montée en puissance de la loi de 2014 », qui a augmenté la durée de cotisation requise pour avoir droit à une pension à taux plein, le nombre de trimestres étant graduellement porté à 172 au fil des générations. « C’est une transformation profonde, qui continue d’avoir un impact, souligne-t-il. Elle incite les assurés à se maintenir en poste jusqu’à un âge avancé – parfois même après l’âge à partir duquel ils peuvent partir à la retraite. »

Très en retrait de l’Allemagne, la Suède ou la Finlande

Chercheur associé à l’Observatoire français des conjonctures économiques, Bruno Coquet met en avant un autre élément. « Sur la période récente, il est probable que les besoins de main-d’œuvre des entreprises ont joué un rôle, considère-t-il. Devant la difficulté à trouver des salariés pour pourvoir des postes, elles sont amenées à conserver plus fréquemment qu’avant leurs collaborateurs ayant franchi le cap de la soixantaine ou à recruter dans cette catégorie d’âge. »

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