Contrat d’engagement jeune : une insertion dans l’emploi à relativiser

Contrat d’engagement jeune : une insertion dans l’emploi à relativiser

Catherine Vautrin à l’Assemblée nationale, à Paris, le 31 janvier 2024.

Un bilan positif à relativiser. Près de deux ans après son lancement, le contrat d’engagement jeune (CEJ) a trouvé son public. Selon le deuxième rapport d’évaluation du dispositif, remis par le conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) à la ministre du travail, de la santé et des solidarités, Catherine Vautrin, jeudi 8 février, et auquel Le Monde a eu accès en exclusivité, 540 413 contrats ont été signés entre le 1er mars 2022 et le 8 novembre 2023. Dans le détail, 192 918 l’ont été avec France Travail (ex-Pôle emploi) et 347 495 à travers les missions locales.

Parmi les dernières réformes sociales du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le CEJ a remplacé la garantie jeune. Ce dispositif d’insertion intensif s’adresse aux 16-25 ans − et aux moins de 30 ans en situation de handicap − qui ne sont ni en études, ni en activité, ni en formation, et qui peinent à accéder à un emploi durable. Il repose sur un double engagement : le jeune qui signe un contrat d’engagement jeune s’engage à respecter un accompagnement de quinze à vingt heures d’activité hebdomadaire que lui propose son conseiller d’insertion, en fonction de son parcours. En contrepartie, il bénéficie d’une allocation mensuelle de 528 euros.

L’évaluation de ce dispositif centré sur les jeunes est d’autant plus intéressante aujourd’hui que son architecture a inspiré la réforme du revenu de solidarité active (RSA), entérinée fin 2023. Désormais, chaque bénéficiaire du RSA devra également s’acquitter d’au moins quinze heures d’activité par semaine pour toucher l’allocation. Actuellement expérimenté dans 18 territoires, le conditionnement du RSA va être étendu à 47 bassins d’emploi, d’ici à la fin de février, a précisé Catherine Vautrin, mercredi 7 février, sur la chaîne Public Sénat. La mesure sera ensuite généralisée à tous les départements « d’ici au 1er janvier 2025 », a annoncé le premier ministre, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, le 30 janvier.

Un difficile suivi

Le rapport du conseil d’orientation des politiques de jeunesse dresse un bilan de ce dispositif pour le CEJ. Et l’« accompagnement intensif » promis à l’origine est tout relatif. En moyenne, les jeunes ayant signé un contrat d’engagement réalisent 16,2 heures d’accompagnement par semaine. Mais, parmi ces activités, celles réalisées en autonomie (démarches administratives, de santé, liées au logement, à la mobilité, de prospection auprès des entreprises, de recherche d’information, etc.) prennent une part prédominante (47,4 %). « Il est difficile de considérer ce type d’activité comme un réel accompagnement », souligne le président de la commission insertion du COJ, Antoine Dulin. Un peu plus de 32 % des heures sont également consacrés à l’activité professionnelle (CDD, intérim ou immersion en entreprise).

Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.