Comment lier entreprise et progrès social

Comment lier entreprise et progrès social

L’entreprise altruiste, d’Isaac Getz et de Laurent Marbacher, aux éditions Albin Michel, (528 pages, 22,90 euros).
L’entreprise altruiste, d’Isaac Getz et de Laurent Marbacher, aux éditions Albin Michel, (528 pages, 22,90 euros).

Le livre Et si la performance économique n’était pas une finalité, mais une conséquence organique de la finalité sociale ? Et si cette finalité sociale au service de l’autre était poursuivie inconditionnellement à travers les activités de cœur de métier ? Et s’il fallait arrêter de viser la création de valeur économique ? Pendant cinq années, Isaac Getz et Laurent Marbacher sont partis à la recherche d’entreprises qui agissent avec un respect profond de leurs fournisseurs, de leurs clients, de leurs employés ou des territoires où elles opèrent.

Chemin faisant, le chercheur et professeur à l’ESCP Europe et l’innovateur social ont découvert une espèce nouvelle, qui donne son titre à leur ouvrage : L’entreprise altruiste. Le voyage de l’entreprise altruiste débute en mars 2014 à Hyelzas, un village de soixante habitants situé sur le causse Méjean, dans le sud de la Lozère, un des territoires les plus désertiques de France, avec 1,4 habitant au kilomètre carré, où s’est installée la fromagerie Le Fédou, qui a fait revivre tout un village.

Il se poursuit dans une cuisine californienne, où germe l’idée de la start-up FruitGuys, qui fournit des fruits frais à plus de 3 000 entreprises. Il passe par le Japon, auprès d’un grand laboratoire pharmaceutique coté en Bourse qui a remplacé dans ses statuts les profits par l’émotion des patients et de leurs familles. Enfin, le périple se termine en Norvège, où le groupe Reitan, une chaîne de distribution discount, offre aux petits délinquants qui le veulent la formation et le prêt nécessaire pour devenir entrepreneur franchisé.

Si elles sont de toute taille, de tout secteur d’activité et de toute nationalité, les entreprises altruistes partagent deux grandes idées. La première consiste à considérer le résultat économique comme une conséquence organique, « fruit d’un service authentique de tous ceux avec qui elles interagissent », et non pas comme la simple application de modèles économiques et de processus le visant directement. Pour paraphraser le philosophe chinois Mencius [IVe siècle avant J.-C.], « essayer d’aider les pousses à grandir en tirant sur leur tige est non seulement futile, cela les abîme aussi. »

La seconde idée consiste à ne plus réduire la relation des entreprises avec leurs interlocuteurs à de simples transactions économiques. Les entreprises étudiées essayent d’avoir « des liens profondément authentiques avec toutes les personnes avec qui elles sont en rapport. D’ailleurs, certaines n’hésitent pas à qualifier d’amis leurs clients, leurs partenaires ou leurs fournisseurs. » En vue de servir ces interlocuteurs sans condition, ces entreprises ont été amenées à transformer leurs activités de cœur de métier, ces dernières étant subordonnées, le plus souvent, à l’intérêt économique. « Sans une telle transformation, l’intérêt financier conditionne le service authentique des interlocuteurs de l’entreprise, voire l’emporte sur lui tout simplement. »

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LJD

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