Batteries électriques : la start-up Verkor réalise une levée de fonds record pour sa gigafactory de Dunkerque

Batteries électriques : la start-up Verkor réalise une levée de fonds record pour sa gigafactory de Dunkerque

En bouclant une levée de fonds record, la start-up française Verkor a franchi un pas décisif pour l’installation de sa gigafactory de production de batteries électriques à Dunkerque, dans le nord de la France. L’entreprise, qui fournira d’abord le constructeur automobile Renault, a annoncé, jeudi 14 septembre, avoir réuni « plus de 2 milliards d’euros », dont le montant record d’« au moins 850 millions d’euros » auprès d’investisseurs privés.

Il s’agit de la plus importante levée de fonds pour une jeune pousse de l’industrie française à cette date. S’ajoute aux subsides privés une subvention publique d’environ 650 millions d’euros – sous réserve de la validation par la Commission européenne – ainsi qu’un prêt de 600 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement.

L’Etat français finance le projet dans l’espoir de faire monter en puissance l’industrie européenne de la voiture électrique face à la concurrence asiatique, tandis que la région des Hauts-de-France ambitionne de devenir la leader de la production de batteries en Europe.

« Un signal fort sur notre ambition de réindustrialisation »

Cité dans un communiqué de l’entreprise, le président de la République, Emmanuel Macron, « félicite » Verkor pour ce tour de table « historique » qui « envoie un signal fort sur notre ambition de réindustrialisation ». « La France attire, se réindustrialise, décarbone son économie, crée des emplois ! », a-t-il ajouté sur le réseau social X (ex-Twitter).

L’opération, « une étape très importante », valorise la start-up à « plus d’un milliard d’euros », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Benoit Lemaignan, cofondateur et président de l’entreprise.

Fondée en 2020, Verkor a inauguré à la fin de juin à Grenoble son usine pilote de batteries à haute puissance et compte ouvrir d’ici à 2025 son usine à Dunkerque, avec 1 200 emplois directs à la clé et une production initiale de 16 gigawattheures (GWh) par an.

Sur le site, les premiers travaux sont en cours. Le financement bouclé « donne une bonne visibilité » pour « construire l’usine, faire venir les machines, monter l’équipe et démarrer », détaille le responsable.

La start-up Verkor est suivie de près par le gouvernement français. Erigée en symbole de la réindustrialisation, l’usine doit aider l’industrie automobile française à atteindre l’objectif de deux millions de voitures électriques produites en France en 2030, après de longues années de délocalisations.

Renault va acheter les trois quarts de la production

Le gestionnaire d’actifs australien Macquarie Asset Management est le « principal investisseur », « avec l’appui » de Meridiam, fonds français spécialisé dans les infrastructures, qui a précisé à l’AFP avoir versé 200 millions d’euros. Ces deux entités deviendront les premiers actionnaires, selon l’Elysée.

Le Fonds stratégique de participations (FSP), alliance de sept grandes compagnies d’assurance françaises, a également « réalisé un investissement majeur », selon un communiqué d’Isalt, la société gestionnaire du fonds. « C’est un investissement très symbolique de ce que peut être la question de la réindustrialisation en France avec une industrie de pointe », a expliqué à l’AFP Nicolas Dubourg, directeur général du FSP.

Plusieurs actionnaires existants ont contribué à nouveau, notamment le constructeur automobile Renault, qui s’était déjà engagé à acheter les trois quarts de la production de Verkor. Les batteries produites à Dunkerque seront notamment utilisées dès 2025 dans les futurs modèles Alpine « ainsi que des véhicules des segments supérieurs de la gamme Renault », déclare le patron du groupe, Luca de Meo, dans le communiqué.

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« Nous n’avons pas vocation à ne fournir que Renault », a toutefois fait savoir M. Lemaignan. Cette gigafactory répond à « un besoin de marché à court terme » tout en bâtissant « un outil industriel qui va durer des dizaines d’années », assure-t-il, qualifiant les batteries de « pétrole de demain dans la mobilité ».

Créer une « vallée des batteries »

Actuellement, la fabrication des batteries et le raffinage des matériaux qui les composent sont dominés par des groupes asiatiques. Mais Verkor n’est pas seule à s’installer en France : le fabricant taïwanais ProLogium a obtenu une subvention de l’Etat à hauteur de 1,5 milliard d’euros pour sa première usine, à Dunkerque également, avec une ouverture prévue pour 2026.

Cent kilomètres au sud, à Douvrin (Nord), Stellantis, TotalEnergies et Mercedes ont implanté la première usine de batteries française pour voitures électriques, avec leur coentreprise Automotive Cells Company (ACC). Et Renault doit ouvrir sa propre usine avec le groupe chinois AESC-Envision en 2024, également dans le Nord, à Douai.

« On est en train de constituer une vraie vallée des batteries » avec quatre usines, qui « permettront à la France d’être autonome en matière de production de batteries », s’est félicité la présidence française.

En Allemagne, le grand groupe technologique chinois CATL (pour Contemporary Amperex Technology Co. Limited) a lancé la construction d’une usine en 2019. Le financement public montre que l’Europe est « capable de soutenir cette industrie » au même titre que les Etats-Unis avec l’Inflation Reduction Act (IRA), a estimé le patron de Verkor.

« On n’a pas à rougir » des montants, mais « la vitesse de mise en route américaine est probablement aujourd’hui significativement plus rapide », juge M. Lemaignan, ajoutant que « le pragmatisme américain doit nous interpeler ».

Le Monde avec AFP

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