Ginni Rometty, la femme qui refait grandir IBM

Entrée chez IBM à 24 ans, Ginni Rometty y a escaladé tous les échelons. Pour la PDG, qui a transformé le géant infoatique, 2019 se présente bien. L’entreprise pourrait publier mardi la première hausse de son chiffre d’affaires en septrm ans.

La présidente et directrice générale d’IBM, Ginni Rometty, le 11 juin 2018 à Hanovre.
La présidente et directrice générale d’IBM, Ginni Rometty, le 11 juin 2018 à Hanovre. Malte Ossowski/Sven Simon / Picture-Alliance/AFP

C’est un long chemin de croix qui devrait se terminer pour IBM. Mardi 22 janvier, le groupe informatique américain devrait, selon les prévisions des analystes financiers, publier la première augmentation annuelle de son chiffre d’affaires en sept ans. Une croissance certes modeste – potentiellement inférieure à 1 % – mais un véritable accomplissement tout de même pour Ginni Rometty, la patronne de Big Blue, le surnom du géant américain de l’informatique. Si ce n’est un soulagement : depuis sa prise de fonction, le 1er janvier 2012, elle n’avait encore jamais connu cela.

Fondée en 1911 à Endicott, dans l’Etat de New York, International Business Machines est un Géant du secteur technologique américain. A partir de 1967 et jusque dans les années 1980, l’entreprise est même la première capitalisation boursière mondiale. Son histoire a été tracée d’innovations majeures : cartes perforées, disques durs, code-barres, ordinateurs personnels… Et aussi de changements. « IBM a toujours su se réinventer », aime d’ailleurs rappeler Mme Rometty.

Mais la transformation qui s’impose depuis quelques années est absolument plus brutale que toutes les précédentes. « Nous sommes dans une ère de changements rapides et ce n’est pas près de s’arrêter », reconnaissait la dirigeante au cours d’une conférence organisée en octobre 2018. Comme d’autres grands noms du secteur, IBM a dû s’adapter à une nouvelle réalité. Il dû passer « du monde des clients et serveurs informatiques à celui du cloud computing [informatique dématérialisée], du mobile, de l’intelligence artificielle », décalre Frank Gens, analyste au sein du cabinet IDC.

Mme Rometty est née à Chicago en 1957. Diplômée en informatique et en ingénierie électrique, elle commence sa carrière chez General Motors en 1979. Deux ans plus tard, elle rejoint IBM, comme ingénieure système. Elle y franchira tous les échelons. « J’ai dû apprendre à sortir de ma zone de confort », indiquait-elle lors d’un entretien accordé à Bloomberg en 2017. La responsable participe notamment à l’offensive dans les services aux entreprises, des activités plus rentables qui deviendront quelques années plus tard la première source de profits d’IBM.

« Inspirer d’autres femmes »

En 2002, Mme Rometty milite ainsi pour l’acquisition de la division de consulting du britannique PricewaterhouseCoopers. Une opération difficile entre deux sociétés aux cultures radicalement opposées. « Elle a permis à ce rachat de fonctionner », dira plus tard Sam Palmisano, son prédécesseur à la tête d’IBM. A partir de 2009, Mme Rometty supervise les équipes commerciales et le marketing. Elle développe l’activité sur de nouveaux marchés, comme la Chine, le Brésil ou l’Inde. Elle lance aussi le groupe sur de nouveaux segments, comme le cloud, l’intelligence artificielle et l’analyse de données.

« Diminution des marchés financiers, ruines d’entreprises… L’économie chinoise est en crise »

Une diminution des marchés financiers, faillites d’entreprises, emprunts non remboursés… Pour Xiang Songzuo, économiste à l’université du Peuple, à Pékin, la Chine éprouve un « ralentissement très fort ».

Affichage des cotations dans une maison de courtage à Pékin, le 3 janvier.
Affichage des cotations dans une maison de courtage à Pékin, le 3 janvier. ANDY WONG / AP

Ancien chef économiste de la banque agricole de Chine, Xiang Songzuo, né en 1965, est professeur à l’université du peuple à Pékin. La conférence dans laquelle, en décembre 2018, à Pékin, il parlait de la croissance chinoise de 1,67 % seulement a été vue sur Internet plus d’un million de fois.

En décembre 2018, vous avez remis en question les chiffres officiels sur la croissance chinoise. Selon vous, quel est son niveau ?

J’ai juste repris l’évaluation d’un institut. Les gens sont sceptiques face aux statistiques officielles. L’estimation que j’ai citée n’avait pour but que de démontrer la forte baisse de la croissance en 2018. Président, premier ministre, tout le monde reconnaît maintenant que nous faisons face à un ralentissement très fort.

L’économie chinoise est-elle en crise ?

On peut en effet le mentionner: l’économie chinoise est en crise. Il y a de nombreux indicateurs. La baisse des marchés financiers, les faillites d’entreprises, les emprunts non remboursés, le fort ralentissement des investissements. La consommation est en légère baisse. Les ventes d’automobiles, les achats dans les shopping malls [centres commerciaux] et la téléphonie mobile diminuent.

Peut-on comparer cette situation à la crise de 1929 ?

Si vous regardez les performances des marchés boursiers, c’est comparable. Dans les dix ans qui ont suivi 1929, Wall Street a baissé des deux tiers. Ces dix dernières années, les actions chinoises ont aussi baissé de 70 % en moyenne, voire plus. La baisse a même atteint 30 % en 2018. C’est une catastrophe, en fait, pour de nombreux investisseurs.

Mais est-ce un problème pour l’homme de la rue ?

Bien sûr. Un grand problème. La richesse de nombreuses personnes est détruite. Il n’y a plus d’incitations à consommer ou à investir davantage.

La guerre commerciale avec les Etats-Unis est-elle la cause de cette crise ?

C’est une des raisons, mais pas la principale. La guerre commerciale a surtout un effet  psychologique sur les investisseurs. Mais la principale raison du ralentissement économique, c’est que les entrepreneurs manquent de confiance à cause de la politique suivie.

En novembre [2018], le président Xi Jinping a même dû expliquer aux entrepreneurs privés qu’il n’allait pas changer de politique et promettre de protéger la propriété privée.

Comment la Chine peut-elle mettre fin à la guerre commerciale ?

Je croix qu’il y aura un compromis le 1er mars [limite fixée par Donald Trump pour trouver un accord]. Les Etats-Unis en ont besoin aussi. Il faut éliminer une source d’incertitude qui hante tout le monde. Mais la question-clé, c’est que Washington s’inquiète du réel pouvoir de la Chine, notamment dans les technologies.

Le défi d’impôt à la source pour les entreprises

Ministère des finances, Paris, France/ Ministry of Finance, Paris, France, (architectes: Paul Chemetov et Borja Huidrobo). Droits d'auteur gérés par l'ADAGP Demander l'autorisation à l'ADAGP Mention obligatoire du nom de(s) l'architecte(s) cité(s) en légende

Roger Rozencwajg/Photononstop

A la Brasserie Mollard, un établissement parisien situé près de la gare Saint-Lazare, il a fallu « aller à la pêche aux infos », paramétrer les logiciels de paie, voir les syndicats professionnels, rassurer, surtout, les salariés… Au final, la bascule s’est faite sans pertes ni fracas. Les quelque cinquante personnes qui travaillent dans le restaurant ont reçu leur fiche de salaire amputée de l’impôt sur le revenu le 5 janvier. « Pas une n’est venue me voir pour des réclamations », se déclare le patron, Stéphane Malchow.

Une assistance pour Bercy, qui, dès le 5 janvier, se félicitait d’un bilan positif : « Le lancement s’est fait sans heurt technique (…). Depuis le 2 janvier, 290 500 usagers ont été reçus aux guichets des services des impôts et les appels sur le numéro gratuit ont diminué », indiquait un communiqué de la direction des finances publiques (DGFiP).

Un bilan nuancé pour les intérimaires

De fait, les DRH à la manœuvre dans les grandes entreprises sont plutôt tranquilles, même s’ils s’attendent à quelques tensions à l’automne. « Les grandes entreprises se sont bien préparées, mais elles appréhendent un peu l’actualisation des taux qui sera appliquée en septembre à partir des prochaines déclarations d’impôt d’avril [sur les revenus 2018] », remarque Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise & Personnel, une chaîne d’une centaine de grandes et très grandes entreprises.

« Dans les petites structures, les dirigeants n’ont ni le temps ni la culture d’échanger sur ces thématiques-là »

Les PME, elles, n’ont pas toutes prévu comme la Brasserie Mollard, qui a mis en place dès l’automne 2018 des simulations pour donner une idée aux salariés des montants qui figureraient sur leurs feuilles de rétribution. « Dans les petites entreprises, où il n’y a pas de service de ressources humaines, ça va être compliqué, témoigne Anthony Contat, DRH à temps partagé entre une PME de 35 collaborateurs et une structure associative de 350 salariés. Elles ont trop attendu, il n’y a pas eu de phase de préfiguration et la paie est externalisée chez l’expert-comptable. J’ai eu les premières questions cette semaine : les salariés se demandent à quoi va ressembler leur bulletin de salaire le 31 janvier. Ce sont les experts-comptables de ces entreprises qui vont se retrouver en première ligne. Dans les petites structures, les dirigeants n’ont ni le temps ni la culture d’échanger sur ces thématiques-là. »

 

Impôt à la source : « L’administration fiscale reste au cœur de la relation avec le contribuable »

Sonia Arlaud, responsable du pôle veille juridique chez le spécialiste de la paie ADP, expose les transformations sur le bulletin de salaire.

Un centre du Trésor public à Paris, en 2010.
Un centre du Trésor public à Paris, en 2010. ETIENNE LAURENT/AFP

Les salariés vont obtenir, fin janvier, leur tout premier bulletin de paie incluant le prélèvement à la source. Quelles sont les modifications qui vont y figurer ?

La case « net à payer » indiquera aussitôt la rétribution perçue après déduction de l’impôt sur le revenu. Ce montant correspondra à la somme versée sur le compte bancaire du salarié. Cependant, une autre ligne indiquera le « net à payer avant impôt sur le revenu ». Elle devra obligatoirement être inscrite en caractères 1,5 fois plus gros que ceux affichant le net après ponction fiscale. Une autre ligne, « impôt sur le revenu prélevé », devra renseigner l’assiette, le taux de prélèvement et le montant de la retenue.

Comment est calculé ce taux de prélèvement ?

Il a été résolu pendant l’été 2018 sur la déclaration des revenus de 2017. Le taux personnalisé du foyer est appliqué par défaut, mais il est possible d’opter pour un taux individualisé pour les conjoints et partenaires de Pacs, ou encore pour un taux non personnalisé, dit neutre, si le salarié ne souhaite pas que le taux personnalisé soit donnés par l’administration fiscale à son employeur.

Que se passe-t-il si le taux neutre est inférieur au taux personnalisé ?

Alors, le salarié devra verser immédiatement au fisc un complément de retenue à la source avant la fin du mois suivant pour compenser le manque à gagner.

Le salarié peut-il agir sur son taux de prélèvement ?

Oui. Le taux à la hausse ou l’option prise (taux personnalisé, taux individualisé, taux neutre) peuvent être adaptés à tout moment sur le site Impots.gouv.fr, dans l’espace « Gérer mon prélèvement à la source ». Le prestataire peut demander à l’administration de recalculer le montant du taux à la baisse si sa situation évolue.

A partir du taux transmis par l’administration fiscale, l’employeur a-t-il connaissance des revenus annexes, tels que les revenus locatifs ou financiers, par exemple ?

Non, car même si un taux personnalisé est appliqué, l’employeur ne peut pas savoir comment celui-ci a été calculé, les paramètres sont trop complexes.

Un récapitulatif mensuel et annuel des sommes versées au titre de l’impôt sur le revenu est-il prévu sur la fiche de paie ?

De nombreuses entreprises le prévoient, mais il n’y a aucune obligation en la matière.

En cas d’erreur sur son bulletin de salaire, vers qui doit se tourner le salarié ?

L’administration fiscale reste au cœur de la relation avec le prestataire. L’entreprise ne fait qu’à mettre le taux reçu par l’administration ou, à défaut, un taux défini par un barème. Donc, si le problème concerne le taux de saisie, le salarié devra joindre l’administration fiscale ; mais s’il s’agit d’une erreur sur l’assiette, ce sera à l’employeur de la corriger.

« J’avais désiré de prendre mes décisions, d’oser me tromper »

Céline Lannoye, 31 ans, est à la tête des crémants de bordeaux Celene depuis trois ans. Cette amoureuse des affaires s’est lancée dans l’entrepreneuriat en parallèle de ses études de commerce.

Elle l’assure, elle a peut-être été un peu timide. « J’étais quelqu’un qui n’osait pas. » Aujourd’hui, Céline Lannoye a changé. A seulement 31 ans, elle a déjà multiplié les vies professionnelles. Avec une ligne directrice : les métiers du vin. Elle est aussitôt patronne de la maison Celene, productrice de crémant de Bordeaux.

Cette marathonienne des affaires débute à l’été 2007. Etudiante à la Kedge Business School de Bordeaux, elle quitte l’Europe pour la Floride et un stage de troisième année en entreprise. Son avion n’a pas encore atterri que l’apprentissage du dépassement commence : « Mon vol a du retard, je rate la correspondance, je perds mes bagages, je suis perdue dans un aéroport de la taille d’une ville et, bien sûr, mon téléphone portable est incompatible avec le réseau local », déclare-t-elle. Au guichet, l’employée lui répond « avec un accent du sud des Etats-Unis à couper à la tronçonneuse », et lui tend un billet « en criant RUN ! [“Courez !”] ». La jeune Française traverse l’aérogare en courant. « Et je m’envole pour Destin. Cela ne s’invente pas ! »

Immersion américaine

Rien ne prédestinait Céline Lannoye à faire carrière au milieu des vignobles. Originaire d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), d’une famille aisée, la collégienne usait son temps libre entre danse classique, violoncelle, piano, équitation… A 16 ans, changement de programme : « Ma mère a toujours rêvé de gérer un domaine viticole. En 2001, elle a l’occasion d’acquérir Château Lanbersac [AOC puisseguin-saint-émilion, en Gironde]. Elle s’installe là-bas avec ses trois ados sous le bras. Nous passons de la grande ville à la province profonde… »

Bachelière, la jeune femme préfère intégrer l’European Business Program de Kedge. « Le côté international me plaisait », dit-elle. Un cursus, en partenariat avec la Hull University Business School, à Kingston-upon-Hull, dans le nord-est de l’Angleterre et dont la troisième année se passe sur le terrain, en stage, à l’étranger.

« Monter un business de distribution aux Etats-Unis, créer sa boîte en sortant du stage de troisième année et poursuivre ses études, c’est incroyable. C’est l’ADN de l’entrepreneuriat. Il y a des gens qui l’ont. » Jacques-Olivier Pesme, ancien directeur de l’European Business Program de Kedge

« Un ami d’ami, un concours de circonstances me permettent de décrocher un poste de vendeuse chez un distributeur américain », en Floride, dans station balnéaire de Destin. « J’ai adoré cette année. C’était une immersion totale, chaque détail de la vie était un cap à franchir : passer son permis, assurer sa voiture, travailler au quotidien… Les choses simples étaient hyper intenses ».

Une nouvelle education sentimentale à l’université

Le temps des études supérieures est un moment favorable à la découverte et l’expérimentation amoureuse, entre prise d’indépendance familiale et découverte d’un nouveau monde social. Reportage à l’université deBordeaux.

« J’ai rencontré une fille il y a un mois, à l’association ciné. On a commencé à se voir un peu. Et puis, je lui ai demandé si je pouvais l’embrasser, parce que je n’étais pas sûr qu’elle voudrait bien. » Pour le moment, Valentin (tous les prénoms ont été modifiés), 19 ans, étudiant à l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux, ne veut pas juger trop vite cette relation débutante. Il préfère rester dans cette zone grise où l’on se voit en taisant ses sentiments. « Je suis amoureux, mais je ne le dis pas, j’ai l’impression qu’il y a des choses à ne pas faire, à ne pas dire », confie-t-il avec pudeur. Pour cet étudiant venu de l’est de la France, qui a sciemment choisi l’IEP de Bordeaux car il est « le plus éloigné de chez [s]es parents », la décohabitation juste après le bac a insufflé un vent de liberté.

Pour éviter d’alimenter sa jalousie et son imagination, lui doit « raconter ses aventures » et elle, en retour, ne doit rien dire « pour ne pas blesser son ego ».

Comme lui, une poignée de jeunes étudiants de l’université de Bordeaux ont accepté de parler leurs expériences amoureuses. C’est dans l’espace confiné d’une salle de l’espace santé du campus que ces étudiants en sciences politiques, en droit, en sciences, en communication ou en lettres font le récit de leur jeunesse amoureuse. Plusieurs évoquent la période compliquée, parce qu’indéfinie, des débuts d’une liaison, la difficulté de tenir dans une relation à distance, ou l’envie d’expérimenter sans être défini ni étiqueté. Pour tous, l’idée d’un « partenaire qui serait le centre de la vie amoureuse » fait encore rêver. Mais les aventures sont valorisées, car il faut aussi « savoir profiter de sa jeunesse ».

Sacha, étudiante de 21 ans en sciences politiques, évoque du « malentendu » causé par cette zone grise, lorsqu’elle est tombée amoureuse pour la première fois. « Je venais d’arriver en Israël pour une année d’échange. Je l’ai rencontré à un cours de danse, puis nous nous sommes revus plusieurs fois. Lorsque nous avons commencé à sortir ensemble, nous n’avons pas évoqué la question de l’exclusivité parce que, pour moi, elle allait de soi. » Pour son amoureux, en revanche, la fidélité n’avait pas été mentionnée dans le « deal ». Après les vacances où les deux amants sont séparés, Sacha, prise d’un doute, fouille dans le portable de son amant et découvre qu’il l’a trompée. Pour la jeune fille c’est un « drame » – mais pour son amoureux, il s’agit clairement d’un « malentendu ».

Quand le métier de concierge est supprimé

La question de la suppression du poste suscite souvent des frictions entre copropriétaires, qui se doublent de désaccords sur la manière de voter.

Dans une copropriété du 13e arrondissement de Paris.
Dans une copropriété du 13e arrondissement de Paris. Jacques Loic / Photononstop / Jacques Loic / Photononstop

Janvier est, habituellement, le mois où les copropriétaires offrent des étrennes à leur concierge pour le remercier des services rendus – rattraper leurs colis ou ouvrir la porte de leur appartement aux employés du gaz, de l’électricité ou du chauffage en leur absence. Certains regrettent toutefois de ne plus pouvoir le faire, du fait que le poste de concierge a été… supprimé.

Ce sont surtout les copropriétaires les plus âgés qui conservent à la présence permanente d’un gardien, en considérant qu’il contribue à la sécurité des lieux. Les plus jeunes, en revanche, préfèrent s’en passer et recourir à des prestataires extérieurs pour le nettoyage des parties communes, afin de faire des économies ; ils souhaitent aussi récupérer la loge pour y mettre des poussettes, des vélos ou des trottinettes.

La question de la cession du poste, qui se pose surtout dans les petites copropriétés, suscite donc souvent des frictions, qui se doublent de désaccords sur la manière de voter. La loi du 10 juillet 1965 sur la copropriété étant restée muette sur le sujet, ceux qui voulaient soutenir le poste de concierge ont longtemps bénéficié d’une jurisprudence favorable : une majorité des juges ont considéré que, lorsque le poste de gardien était prévu au règlement de copropriété, il fallait l’unanimité des voix pour le supprimer. Ils ont annulé des résolutions qui s’étaient contentées d’une majorité qualifiée (majorité des membres du syndicat représentant au moins les deux tiers des voix).

 « Habitation bourgeoise »

Mais la loi Boutin, du 25 mars 2009, puis la loi ALUR, adoptée le 24 mars 2014, ont borné les exigences de cette jurisprudence. Elles précisent qu’il suffit d’une majorité qualifiée, à condition toutefois que la suppression du poste ne porte pas atteinte « à la destination de l’immeuble » (son standing) ou « aux modalités de jouissance des parties privatives » – dans le cas contraire, il faut l’unanimité. Les juges considèrent que la destination de l’immeuble ou la jouissance des parties privatives ne sont « pas atteintes » si les solutions de substitution mises en place par la copropriété offrent des avantages « strictement équivalents » à ceux que proposait le service de conciergerie.

Création d’emplois : « la tendance reste généralement positive »,

Société expert dans la gestion du capital humain (administration RH, paie, gestion des temps), ADP a publié, jeudi 17 janvier, les résultats de son « Rapport national sur l’emploi » en France.
«  L’immobilier se porte bien, mais il subit l’impact d’Internet, qui permet aux clients de mieux cibler leurs visites. »
«  L’immobilier se porte bien, mais il subit l’impact d’Internet, qui permet aux clients de mieux cibler leurs visites. » Nathan Alliard / Photononstop

Le secteur privé, hors agriculture, a enregistré la création de 65 240 emplois en France en 2018, indique le « Rapport national sur l’emploi », publié jeudi 17 janvier par ADP, spécialiste des ressources humaines, qui gère les bulletins de paie de 44 millions de travailleurs dans le monde, dont 25 millions aux Etats-Unis et 3 millions en France. « C’est nettement moins qu’en 2017, puisque 111 000 créations avaient alors été enregistrées, mais la tendance reste globalement positive. Ainsi aucun mois n’a connu de solde négatif. Et cette orientation devrait se maintenir en 2019 », déclare Carlos Fontelas De Carvalho, PDG d’ADP France.

« Source complémentaire aux statistiques publiées par l’Insee pour offrir une meilleure visibilité du marché du travail et suivre ses évolutions, l’objectif de ce rapport est de fournir régulièrement une mesure de l’évolution de l’emploi en France », explique Carlos Fontelas De Carvalho. Depuis octobre 2015, l’institut de recherche du groupe a étendu ses rapports nationaux sur l’emploi à la France, qu’il réalise chaque mois en collaboration avec Moody’s Analytics, fournisseur de solutions de gestion des risques, sur la base des statistiques d’effectifs déclarés d’un échantillon de clients français d’ADP.

En plus de la publication mensuelle du nombre de créations d’emploi, le « Rapport national sur l’emploi » en France d’ADP inclut un suivi de six secteurs majeurs : industrie manufacturière, commerce, services financiers, services aux entreprises, transport, immobilier.

Commerce et services aux entreprises en tête

En 2018, sur la base de leurs données, ADP analyse que la croissance de l’emploi a été tirée par deux secteurs qui indiquent, à eux seuls, près de 70 % des créations : le commerce et les services aux entreprises, avec respectivement 23 740 et 21 720 nouveaux emplois. Viennent ensuite la fabrication industrielle (9 800 nouveaux emplois), les transports (4 330) et les services financiers (2 220).

L’immobilier, a enregistré une perte de 1 700 emplois. « Mais, attention, avertit Carlos Fontelas De Carvalho, il ne faut pas déduire d’une diminution de l’emploi dans un secteur que celui-ci manque de dynamisme. » Ainsi l’immobilier se porte bien, mais il subit l’impact d’Internet, qui accepte aux clients de mieux cibler leurs visites. « Dans les banques de détail, les agences ferment, mais les banques en ligne explosent », illustre le PDG d’ADP, qui rappelle que « des créations d’emploi dans l’industrie sont relativement faibles car la robotisation a fait une entrée en force. »

La camaraderie, soutient d’une vie professionnelle

Le groupement ouvrier des Compagnons du devoir forme 10 000 personnes chaque année. Elle tient ses journées portes ouvertes du 18 au 20 janvier.
Vérification d’une chaussure avec comparaison des deux pieds, à la maison des Comagnons du devoir, à Pantin,  le 11 janvier.
Vérification d’une chaussure avec comparaison des deux pieds, à la maison des Comagnons du devoir, à Pantin,  le 11 janvier. 

Aude Coutarel, 30 ans, a regagné la maison des Compagnons du devoir et du tour de France de Pantin, en Seine-Saint-Denis, pour « cinq semaines de perfectionnement au piquage ». En novembre 2018, cette titulaire d’un CAP de cordonnier-bottier était à Tokyo. Grâce à une bourse de la fondation J. M. Weston, elle a fait un stage de deux mois dans deux ateliers de fabrication de chaussures pour hommes dans la capitale japonaise.

De retour en France, cette jeune femme aux mains musclées a repris ses pointes, ses fils et son marteau, à Limoges, au sein de l’usine J. M. Weston.

Il y a un an, celle qui a décroché la médaille d’or du concours du Meilleur artisan de France en tant que bottier, vivait à 1 500 kilomètres de là, en Irlande. Dans sa quatrième année de formation, l’ancienne étudiante de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges restaurait des « baskets, des sacs et faisait des clefs » dans une cordonnerie de Dublin.

Son « Tour de France », parcours itinérant de formation, s’achèvera en 2020. Soit huit ans après son entrée au sein des Compagnons du devoir, une association ouvrière dont les longs parcours d’apprentissage – le fameux Tour de France inclus – sont la marque de fabrique.

Du 18 au 20 janvier, ses soixante maisons vont ouvrir leurs portes pour faire découvrir au grand public sa méthode. « Nous formons 10 000 jeunes par an, c’est autant que l’université Paris-Dauphine », mentionne Jean-Claude Bellanger, secrétaire général. Mais l’offre de formation, basée sur les principes du compagnonnage né au Moyen Age, est encore mal connue des jeunes et de leurs familles.

 « Une structure atypique »

Ce principe d’enseignement en groupe suscite parfois des interrogations. L’association a survécu à sa création en 1941 sous le régime de Vichy. Mais elle est toujours apparentée à « une secte, aux tailleurs de pierre et à la franc-maçonnerie », reconnaît Grégoire Talon, responsable du Pôle d’excellence des matériaux souples à Pantin.

Et, pourtant, c’est un « truc formidable, une école d’excellence », décalre Christian Blanckaert, président de la fondation J. M. Weston, ancien directeur général d’Hermès. L’association dispense des formations rémunérées, en alternance en entreprise, pour devenir pâtissier, chaudronnier, plombier ou tapissier… C’est selon. Une trentaine de métiers de l’industrie ou de l’alimentation, au total, sont abrités.

 

Comment Parcoursup a transformé les stratégies des lycéens

La fin de la structuration des vœux, les dispositifs « oui si » et la définition des « attendus » dans chaque licence, apparus l’année dernière avec Parcoursup, ont changé les comportements. Reportage dans un salon de l’orientation à Paris.

Ce vendredi matin de janvier, des classes entières de lycéens arpentent les allées du salon Postbac agencé à La Villette, à Paris. Les élèves se déplacent en petits groupes, prenant le temps de poser pour un selfie devant un stand, avant d’aller récolter des informations. A partir du mardi 22 janvier, ils pourront exprimer leurs vœux sur Parcoursup, la plateforme d’inscription et d’admission dans l’enseignement supérieur, qui fonctionnera pour la deuxième année.

Certains hésitent sur la politique à adopter, comme Océane, 17 ans, en terminale S dans un lycée privé du XIXarrondissement, qui veut « faire médecine » :

« Sur Parcoursup, je ne vais faire que des vœux en Paces [première année commune aux études de santé]. On m’a conseillé de mettre les universités les plus proches de chez moi. Mais comme mon niveau a baissé en terminale, j’hésite à faire une préparation avant d’aller à l’université. »

Les lycéens de terminale peuvent en tout cas se réjouir : à l’inverse à ceux qui ont passé leur bac en 2018, ils n’essuient pas les plâtres. Ils peuvent ainsi avoir un aperçu des logiques applicables sur cette plateforme de distribution et de sélection des futurs étudiants dans l’enseignement supérieur, tandis que divers ajustements ont été annoncés par le ministère.

Pas de hiérarchisation des vœux

Première modification : contrairement au système précédent, les vœux ne sont pas hiérarchisés. Le candidat ne reçoit plus, comme à l’époque d’Admission post-bac (APB), une seule offre – la meilleur possible –, mais une réponse à chacun de ses vœux.

Ainsi, plus les lycéens font de vœux, plus ils ont des occasions d’avoir un « oui » : en cas d’admission multiple, ces nouvelles règles du jeu donnent le dernier mot au candidat. Mathilde, 17 ans, en terminale S à Viry-Châtillon (91), compte mettre un maximum de prépas scientifiques dans sa liste :

« En plan B, je vais mettre des DUT ou des écoles d’ingénieurs post-bac. Mon objectif est d’être pilote d’avion ou pilote de chasse. »

Son amie Léna, en filière ES dans le même lycée, vise une licence de droit : elle en mettra plusieurs. « Il y a une douzaine d’universités avec du droit en Ile-de-France. Si je dois choisir entre plusieurs propositions d’admission, je regarderai en fonction de la réputation de la fac », indique la jeune fille, qui espère devenir « avocate ou notaire ».