Procès de la suicide d’un haut cadre de La Poste

La conclusion de la cour d’appel de Paris, qui avait reculé en février 2018 l’identification d’une « faute inexcusable » de l’entreprise, a été cassée par un arrêt de la Cour de cassation rendu le 29 mai.

La Poste a-t-elle fait une « faute inexcusable » par carence à son obligation de protection de la santé de l’un de ses hauts cadres, Nicolas Choffel, qui s’est suicidé le 25 février 2013, à 51 ans ? On ne le sait constamment pas, plus de six ans après cet acte connu comme accident du travail par l’assurance maladie.

Mais d’après sa veuve, Ilma Choffel de Witte, et sa fille, qui tourmentent La Poste pour « faute inexcusable », « un premier pas vers la vérité » a été traversé avec l’arrêt de la Cour de cassation rendu le 29 mai. Celle-ci a annulé la décision de la cour d’appel de Paris du 22 février 2018 qui avait détourné la reconnaissance de cette « faute », et elle a chassé les parties devant la cour d’appel de Paris pour rejuger l’affaire avec d’autres magistrats

M.Choffel s’était suicidé à son domicile alors qu’il était en arrêt maladie pour burn-out (épuisement professionnel). Pour la Haute juridiction, la cour d’appel a rejeté la faute impardonnable « sans procéder à l’examen, même sommaire, des pièces produites » par Mme Choffel et sa fille. Il s’agit surtout des déclarations et de plusieurs rapports d’expertise qui affirment tous « d’une surcharge de travail ».

Inquiet par le maintien de son emploi

L’arrêt maladie commence le 30 janvier 2013. Nicolas Choffel était sur le point de prendre le train pour aller à Marseille à une conférence du groupe La Poste, où il devait saisir la parole. Pris d’un malaise, il est allé chez lui et son médecin l’a mis en arrêt maladie. Selon Mme Choffel, « il avait une telle surcharge de travail qu’il n’avait pas pris de congés en août 2012. Et durant son arrêt, il a continué à travailler, sollicité à de nombreuses reprises par des mails, des SMS et des appels. » Autant de points contredits par la partie adverse. « La veille de son décès, il semblait préoccupé par le maintien de son emploi après son arrêt maladie pour burn-out, comme il le confiait à une amie du couple », a instruit dans ses fins l’avocat de Mme Choffel, Antoine Lyon-Caen.

Introduit à la Poste en 2001 à la direction de la communication, très bien inscrit et habituellement promu tout au long de sa carrière, il saisissait son travail très à cœur, de l’avis de tous. Nonobstant, un épuisement en conduite avait été découverte en 2010 par un cabinet. Dans le cadre d’un réaménagement, Nicolas Choffel avait été conduit à remplacer sa supérieure en novembre 2012, partie dans un autre service. Dès lors, il était rattaché directement au directeur de la communication et devait manager une équipe de six personnes, « sans avoir reçu de formation adéquate », estime Mme Choffel. 2012, l’année du « grand dialogue » engagé à La Poste après une série de suicides, une année dense pour l’équipe d’annonce qui doit produire un hors-série du journal interne Forum Mag pour début 2013.

La consolidation du pouvoir des délégués du personnel

Dans une remarque, le think tank propose de continuer le changement des efforts représentatifs du personnel déjà alliées en septembre 2017.

Les mandatés du personnel dans une entreprise nécessitent arranger de pouvoirs consolidés pour plaire entièrement leur rôle et participer à l’intérêt général. C’est l’une des recommandations les plus impressionnantes contenues dans une note que le think tank Terra Nova a diffusée, mardi 11 juin. Le document, d’une dizaine de pages, a été consigné par l’avocat Jacques Barthélémy et l’économiste Gilbert Cette, coauteurs – depuis une dizaine d’années – de plusieurs œuvres et rapports qui passent au crible les normes sociales et leurs impacts sur le marché de l’emploi. Aux yeux de ces deux experts, les ordonnances prises en septembre 2017 pour changer le code du travail vont dans le bon sens, car elles donnent un poids accru aux accords signés à l’échelon des sociétés et des branches – ce qui permet d’adapter les règles aux tangibles du terrain. Mais des « imperfections » demeurent.

Pour les punir, MM. Barthélémy et Cette conseillent surtout de poursuivre le changement des instances représentatives du personnel, recrutée au début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Celles-ci étaient au nombre de trois, avant les classes de septembre 2017 : les comités d’entreprise ; les délégués du personnel ; les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. D’ici au 1er janvier 2020, au plus tard, elles vont allier dans une seule et même entité : le comité social et économique (CSE), ce qui forme « fondamentalement un progrès », selon les deux signataires de la note de Terra Nova. L’un des points positifs du regroupement en cours réside dans la capacité donnée aux CSE « de traiter des problèmes sous l’ensemble des différents aspects ».

« Méfiance patronale »

La lutte assemblée peut, par conséquence, se voir révéler les avantages des délégués syndicaux – à savoir négocier des accords. Dans ce cas de figure, elle prend le nom de « conseil d’entreprise », ce qui la « rapproche alors de l’idée de conseil d’administration de la collectivité de travail » et renforce sa « consistance juridique (…), d’autant que le CSE est doté de la personnalité morale ».

Il appelle d’aller encore plus loin, selon MM. Barthélémy et Cette, « pour que cette institution unique devienne réellement un organe de “l’entreprise-institution” ». En premier lieu, « il faut (…) faire sortir l’employeur du CSE ». A l’heure présente, c’est lui qui occupe la présidence de cette entité. De telles implications reflètent « la méfiance patronale à l’égard de ce qui [est] considéré comme une atteinte au pouvoir de direction ». Du coup, tout se passe comme si le chef d’entreprise « négociait avec lui-même, en présence » d’élus du personnel, ce qui n’est pas idéal pour arriver à de bons arrangements.

Le rêve de diriger la SNCF

Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, à Paris, le 26 ajnvier 2017.
Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, à Paris, le 26 ajnvier 2017. Gilles ROLLE/REA

Pour succéder au chef du groupe public, le PDG de SNCF Réseau agence de certains atouts : sa connaissance du ferroviaire, son goût de l’industrie et de la rivalité ainsi  que sa politique de polytechnicien.

Avec son allure, l’homme escalade aisément dans la minuscule cabine de conduite du train-usine en pleine action. Il est minuit passé quelque part sur une voie ferrée de l’Oise. Dans un grincement diabolique, sous les projecteurs qui modifient la poussière du ballast en une brume jaune-orangé, l’énorme machine d’un demi-kilomètre de long « avale » l’ancienne voie et en recrée une derrière elle, totalement modernisée. Au sein de gênant réduit où, bien que le fracas et les vibrations, plusieurs techniciens orchestrent cette délicate opération de renaissance ferroviaire, l’homme à la veste fluo, sourire aux lèvres, semble dans son élément.

Voici donc Patrick Jeantet, 59 ans, PDG de SNCF Réseau depuis le printemps 2016. C’est lui, le patron des 30 000 kilomètres de voies ferrées françaises mais aussi des gares, des caténaires, des aiguillages. Et des 1 600 chantiers ferroviaires qui réforment chaque nuit le réseau ferré national en une gigantesque usine à l’échelle de la France. Le polytechnicien règne sur une entreprise de 58 000 agents dont la dette est de 50 milliards d’euros et que l’Etat a garanti de reprendre dans les 35 milliards entre 2020 et 2022.

C’est encore lui que l’Etat a prmi de moderniser le réseau, abandonné pendant des années, en lui octroyant 3 milliards d’euros par an jusqu’en 2026. C’est sur lui, continuellement, que reposera une partie du plan de rénovation – ou d’abandon – des petites lignes régionales que le gouvernement finalise. C’est enfin son entreprise qui sera, dès 2020, l’arbitre de la rivalité en tant que grande ordonnatrice de la distribution des droits de passage – « les sillons » dans le langage ferroviaire – octroyés aux futurs rivaux de la SNCF.

« Je sais ce qu’il faudrait faire pour la SNCF de demain »

Patrick Jeantet n’est pas que cela. Il est, en plus, l’autre président du groupe SNCF, son patron-bis, son président délégué du directoire, juste après Guillaume Pepy qui en est le président tout court ; une sorte de super vizir qui examine certainement sur le trône du calife. M. Pepy ayant choisi de ne pas abandonner pour un troisième mandat en 2020, la succession est ouverte. Emmanuel Macron nécessiterait indiquer, éventuellement après l’été, le nouveau grand patron d’une SNCF saccagée par la réforme de 2018. Or, Patrick Jeantet ne cache à peine qu’il est de taille à garantir cette charge.

TechnipFMC face à un grand problème social

La Tour TechnipFMC, dans le quartier d’affaires de la Défense, près de Paris, en janvier 2018.
La Tour TechnipFMC, dans le quartier d’affaires de la Défense, près de Paris, en janvier 2018. ERIC PIERMONT / AFP

Le groupe a vécu quatre suicides en quatre ans, sur fond de problème essentiellement aigu du secteur lié à l’effondrement du prix du baril.

L’environnement social a été dur chez TechnipFMC en Hexagone, depuis la chute des cours du pétrole en 2015 et l’union du groupe parapétrolier Technip avec le texan FMC Technologies en 2017. « L’entreprise fait face depuis plusieurs années à une crise sociale majeure, avec des burn-out, des risques psychosociaux et plusieurs cas de suicide », compte Irina Azema, secrétaire adjointe CFDT du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

En quatre ans, quatre suicides et un essai ont été classés par les syndicats, qui révoquent une atmosphère toxique. La CFDT et la CGT, majoritaires, ont fait condamner l’entreprise en justice, le 23 mai, pour qu’elle respecte ses engagements en matière de assurance des salariés et de prévention des risques psychosociaux.

Le tribunal de Nanterre a cependant noté les nettes améliorations accomplies par la société dans ce domaine. La direction de TechnipFMC déclare que la condamnation à 5 000 euros d’amende est à mettre en regard des 600 000 euros d’atteintes et intérêts sollicités par les syndicats, preuve, selon elle, que l’entreprise ne manque pas à ses engagements.

Le 20 mai, le parquet de Nanterre a par ailleurs initié une information judiciaire sur les trois suicides qui ont eu lieu entre 2015 et 2017 sur des faits d’homicide involontaire et de harcèlement moral. Les premières auditions devant le juge d’instruction vont avoir lieu aujourd’hui.

« Il est normal de travailler plus que de raison »

Il faut dire que la crise qui a touché le secteur à la suite de la chute du prix du baril en 2015 a été très violente. Surtout dans une entreprise de cadres et d’ingénieurs où les travailleurs ne comptent pas leurs heures. « On fait tous plus de 45 heures par semaine, voire plus en période de gros projets », déclare Christophe Héraud, délégué syndical central CFDT. Il révoque un climat de « réorganisation permanente » qui a débuté bien avant la fusion.

Comme l’a révélé L’Obs en janvier, un travailleur expatrié en Chine qui s’est suicidé en juillet 2015 a posé une missive explicite. « Je ne me sens pas capable de faire tout le travail. Je subis une pression pour tout ce que j’ai à faire et je n’ai pas la capacité qu’il faut pour gérer cette pression », mentionne-il. En juillet 2016, un cadre de l’entreprise se pend dans l’escalier de service de la tour Technip, à la Défense. Son acte est vite reconnu comme un accident du travail. Quelques mois plus tard, au printemps 2017, l’un de ses collègues – qui fut son chef de service – se pend pareillement. Un quatrième suicide est arrivé en mars 2019.

Augmentation de la durée du congé maternité pour les indépendantes : et les compensations ?

« Certaines catégories de travailleuses indépendantes (professions médicales, avocates libérales collaboratrices en cabinet…) pouvaient déjà bénéficier de cette durée alignée sur celle des salariées. »
« Certaines catégories de travailleuses indépendantes (professions médicales, avocates libérales collaboratrices en cabinet…) pouvaient déjà bénéficier de cette durée alignée sur celle des salariées. » Ingram / Photononstop

Un décret proclamé le 29 mai rend effectif l’augmentation de la durée du congé maternité pour les laborieuses indépendantes. Porté à seize semaines, il est dorénavant aligné sur celui des salariées. Mais comment sont-elles indemnisées ?

Du nouveau pour les laborieuses indépendantes qui vont avoir un enfant : le 29 mai, un décret publié au Journal officiel concrétise le prolongement de la durée du congé maternité à l’ensemble des non-salariées. Résultante à la fusion du régime social des indépendants (RSI) avec le régime général depuis le 1er janvier 2018, cette mesure promise depuis belle lurette par Emmanuel Macron incarne aussi un début d’approche entre les statuts des travailleurs indépendants et salariés.

Elle s’appose rétroactivement aux congés ayant débuté au 1er janvier 2019. Certaines catégories de laborieuses indépendantes (professions médicales, avocates libérales collaboratrices en cabinet…) dominaient déjà bénéficier de cette durée alignée sur celle des salariées.

En clair, les indépendantes intéressées par cette mesure – entrepreneuses, travailleuses libérales… – ont la possibilité de prolonger leur congé jusqu’à seize semaines, au lieu de presque onze auparavant. L’allongement de ce congé a toutefois pu paraître « une fausse bonne idée » aux yeux de certaines de ces femmes, qui ne peuvent s’accepter d’interrompre leur activité aussi longtemps sans risquer une baisse durable de leur chiffre d’affaires. Se pose, surtout, la question du montant des indemnités. L’exécutif est amplement resté évasif sur ce point.

Comme les employées, les travailleuses indépendantes peuvent profiter d’indemnités journalières. Mais leur mode de calcul est distinct. Pour les employées, ce montant (plafonné à 87,71 euros par jour) varie en fonction du salaire ; par exemple, une salariée qui touche environ 2 000 euros bruts par mois aura droit à 48,46 euros de compensations journalières, selon le simulateur de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM).

Le nœud du problème demeure

Pour leurs consœurs indépendantes, les compensations sont forfaitaires et fixées à 55,51 euros par jour. « Celles-ci ne changent pas », déclare Stéphanie Deschaumes, directrice annexée de la mission de pilotage de l’intégration à l’Assurance-maladie (PIAM) de la CNAM, mais la durée durant laquelle elles sont expérimentées se poursuit avec l’augmentation de la durée du congé, jusqu’à seize semaines maximum.

L’Equateur, un pays où les français préfèrent pour travailler… et pour sa qualité de vie

Entre la douceur de la côte et la fraîcheur des Andes, l’Equateur offre un cadre de vie appréciable.
Entre la douceur de la côte et la fraîcheur des Andes, l’Equateur offre un cadre de vie appréciable. JUAN CEVALLOS / AFP

Marie Missud, 26 ans, vit sur l’île de Muisne, sur la côte Pacifique, à 50 mètres de la plage. Chaque jour, elle va à son bureau en moto-taxi, en saluant en route ses amis équatoriens. Depuis deux ans, elle combine ici les projets de l’ONG espagnole Paz y Desarrollo (Paix et Développement). Une activité de terrain qui lui plaît. « Ici, j’ai un rapport direct avec les bénéficiaires, alors que, si je travaillais en France ou même à Quito, la capitale, ce serait plus un travail de coordination », déclare la jeune femme. A midi, Marie déjeune au bord du fleuve qui partage l’île de Muisne du continent. « Comme c’est une ville de pêcheurs, il y a continuellement du poisson ou des fruits de mer frais. » Le soir, elle se baigne souvent dans l’eau modérée de l’océan Pacifique avant de passer une soirée avec ses amis, sur la plage, autour d’un feu de bois. « J’aime l’ambiance qu’il y a ici, c’est toujours animé, les gens sont chaleureux, tout le monde se connaît. »

Comme elle, 2 830 Français vivant en Equateur sont inscrits au registre des Français confirmés hors de France. Dans ce petit pays de 16,6 millions d’habitants, établi entre le Pérou et la Colombie, la plupart des émigrés s’établissent dans l’une des trois principales villes du pays, Quito, la capitale, Guayaquil, le cœur économique, ou Cuenca, ville coloniale célèbre pour son développement culturel. « L’Equateur est un pays d’entrepreneurs où chacun peut créer son business avec son réseau », assure Charlène Le Falher, chargée de développement économique à la chambre de commerce et d’industrie franco-équatorienne.

Se lancer sans trop investir

Si Marie Missud a privilégié le climat modéré de la côte, Sabine Million, elle, a privilégié Quito et la fraîcheur des Andes pour créer une agence de tourisme. « Ici, les démarches pour entreprendre sont beaucoup plus simples qu’en France, et il est possible de commencer sans avoir à investir énormément », évoque la jeune entrepreneuse de 26 ans. Son premier investissement de 500 dollars a vite été rétribué, et Sabine s’est formée une petite clientèle. « Je sais maintenant que je suis capable de développer un business à l’étranger et de le rentabiliser », dit Sabine, qui a ainsi additionné une belle expérience professionnelle à son CV. Mais « ce n’est pas toujours simple de travailler en indépendant, il y a toujours un petit quelque chose qui ne va pas, et les gens ne sont pas toujours fiables », déclare-elle.

Septième économie d’Amérique latine, l’Equateur est économiquement stable, avec un taux d’augmentation de 3 % du PIB. Le pays offre donc aux expatriés français des conditions de vie plus ou moins commodes, selon leur mode de travail. Pour Sabine Million, qui est indépendante, « il y a de bons mois et d’autres plus compliqués ». Loïc Stalin, 25 ans, accomplit quant à lui un volontariat international en entreprise (VIE) à Guayaquil, dans une entreprise américaine spécialiste des matières premières. Un contrat rentable puisqu’il donne droit à une exonération d’impôts dans le pays et que l’entreprise prend en charge son logement.

Le travail demeure en effet la principale raison de l’expatriation des Français en Equateur. C’est en tout cas ce qui a conduit Serge Maller dans la capitale. Après avoir vécu en Espagne, en Argentine, en Bolivie et au Salvador, il est président de l’Alliance française à Quito depuis bientôt trois ans. Un travail qu’il estime notamment et qui n’a, selon lui, pas d’équivalent en France. « C’est un très beau poste, car nous gérons à la fois un centre de langue et un centre culturel à la programmation riche et intéressante. C’est vraiment grisant », déclare-t-il. Malheureusement, dans un an, sa mission saisira fin. Mais pas de quoi supplicier cet expatrié au long cours. « J’aime bien ce côté mission à durée définie. Ça donne une certaine énergie pour mettre en place des choses qu’on a envie de voir aboutir. C’est stimulant. »

Des paysages surprenants

Même s’ils arrivent pour le travail, les expatriés bénéficient surtout des paysages incroyables, entre l’Amazonie, la cordillère des Andes, la côte Pacifique et les îles Galapagos. « Le week-end, on a le choix, on peut aller se baigner dans une eau à 30 °C ou aller randonner à la montagne, où il fait 0 °C. Du coup, nous sommes prêts à faire quatre heures de bus le vendredi soir après le travail pour aller découvrir de nouveaux endroits », ajoute Loïc Stalin. Marie Missud, elle, n’oubliera jamais le jour où elle a appris à pêcher des crabes dans la mangrove avec ses amis de Muisne, ni celui où elle a passé neuf heures en haute mer pour collaborer à un concours de pêche.

La majorité des émigrés français demeure en moyenne deux ans en Equateur. Philippe Rabaix, lui, a déterminé de passer sa retraite dans le sud du pays, où le climat modéré attire de nombreux étrangers. Car selon la distribution publiée par le site Internationalliving.com, l’Equateur est le quatrième meilleur pays du monde où passer sa retraite, devant le Portugal ou la Colombie. Avec sa petite retraite, cet ancien professionnel de la restauration peut vivre confortablement sur le terrain qu’il a acheté « avec vue sur les montagnes », dans cette vallée connue pour la longévité de ses habitants. De son côté, Sabine Million envisage de rétablir en France rapidement, mais elle garde dans un coin de sa tête l’idée de revenir en Equateur pour finir ses vieux jours au soleil.

« L’ENA doit admettre de bâtir une dominante fonction publique paritaire »

Les membres du bureau de l’association ENA 50-50 émettent une série d’offres qu’ils désireraient voir optées à l’occasion de la réforme en cours de l’ENA.

Alors que la haute fonction publique fait le concept de plusieurs critiques, la discussion autour de sa modification et de la suppression de l’ENA s’est focalisée ces derniers mois sur les demandes de différence sociale et géographique, laissant de côté celle de l’égalité femmes-hommes. Ainsi, si la lettre de mission de Frédéric Thiriez – l’ancien président de la Ligue de football professionnel, choisi par le Président de la République pour changer la haute fonction publique – met en avant la nécessité de « mettre fin aux biais de sélection qui entravent l’accès à la haute fonction publique de talents issus d’horizon divers », elle ne mentionne la parité que de manière incidente, en vue de dynamiser les parcours de carrière des agents. Pourtant, comment accéder l’égalité femmes-hommes dans l’accès aux emplois supérieurs de l’Etat sans faire la question de la formation des hauts fonctionnaires et de la parité au sein des viviers ?

Le fait est connu – et nous l’avions rappelé en décembre 2018. A l’entrée à l’ENA, les femmes demeurent minoritaires, avec seulement 36,25 % des admissions en 2018 et 38,75 % en 2017. A la sortie, elles sont moins abondantes à se mener vers la diplomatie (2 femmes sur les 12 postes ouverts ces trois dernières années) ou la préfectorale (7 femmes sur 24 élèves ayant élu le ministère de l’intérieur durant la même période), et cela sans parler des inégalités qui demeurent dans l’accès aux « grands corps » (depuis 2017, seules 3 femmes sur 15 élèves sont sorties à l’Inspection générale des finances). Après, elles n’occupent que 28 % des emplois de l’encadrement supérieur et conduisant de la fonction publique d’Etat.

Divers mesures mis en place ces dernières années ont essayé d’y corriger. Depuis 2016, l’ENA sensibilise les jurys des concours d’entrée aux biais sociaux et à la lutte contre les discriminations. Notre association, ENA 50-50, a mis en place depuis trois ans un mécanisme de coaching des candidates afin de lutter contre l’autocensure. Au sein de la fonction publique d’Etat, la loi Sauvadet de 2012 a exigé des règles de nomination équilibrée aux emplois supérieurs et de direction (40 % de primo-nominations de chaque sexe depuis 2017).

Malgré cela, force est d’enregistrer qu’à l’heure actuelle, ces mesures restent insuffisantes. La réforme de la haute fonction publique expliquée par Emmanuel Macron fournit un évènement unique de faire de l’égalité femmes-hommes un principe structurant. A l’inverse, il serait inconcevable et contraire aux engagements de la France à l’international, ainsi qu’à l’ambition du gouvernement, que, faute d’avoir assimilé à son analyse l’égalité femmes-hommes, déclarée grande cause du quinquennat, une telle réforme renforce les différences déjà existantes.

Une malade morte à l’hôpital Lariboisière : des problèmes aux urgences confirmés

L’entrée de l’hôpital Lariboisière, dans le 10e arrondissement de Paris.
L’entrée de l’hôpital Lariboisière, dans le 10e arrondissement de Paris. THOMAS SAMSON / AFP

Micheline M. avait été retrouvée décédée douze heures après son arrivée à l’hôpital. Une information judiciaire a été ouverte le 18 mars. L’autopsie révèle que la victime est morte d’une méningite.

L’enquête judiciaire ouverte suite à la mort de Micheline M., 55 ans, une malade découverte après douze heures d’attente sur un brancard, fin 2018, à l’hôpital Lariboisière à Paris, rentrent en retentissement avec la crise qui secoue les services d’urgence.

Cette enquête met au jour un ensemble de difficultés : la « saturation » des obligations ce jour-là, incluant « une charge de travail très importante », aurait conduit au non-respect du protocole de prise en charge de la malade décédée, déplient aux enquêteurs les personnels hospitaliers.

La famille a déposé plainte

Cette enquête permet de rétablir précisément la succession des faits qui a conduit à la mort de cette employée de la police municipale, originaire de Martinique.

Selon l’expertise d’autopsie, les causes de la mort de Micheline M. sont « compatibles » avec une méningite. « Cette infection bactérienne, rare et alarmante, est fatale dans 10 % des cas », déclare un médecin. S’agissant de la victime, cette infection a atteint les poumons, soutenant un œdème pulmonaire, corollaire de son oppression, définit le rapport d’autopsie.

La famille de la disparue a déposé plainte, le 14 janvier, pour « homicide involontaire » et « omission de porter secours à personne en danger », et une information judiciaire a été initier le 18 mars. Les proches de la disparue se sont formés partie civile le 16 avril.

Mauvaise identité

Le 17 décembre 2018, Micheline M. souffrant depuis la veille de malaises aux mollets et de maux de tête, décide d’aller au centre médical de Stalingrad, non loin de chez elle, dans le 19e arrondissement de Paris. Il est 18 heures quand elle fait un malaise devant l’hôpital, sur le point de fermer. S’appuyant à un tabouret, elle réclame, « tremblante », d’être reçue par un médecin, en vain. Alors qu’elle souhaite rentrer se reposer chez elle, un agent de sécurité appelle les pompiers, qui arrivent sur place vers 18 h 20. A ce moment, Micheline M., qui n’avait pas consulté de médecin depuis février 2017, « semble souffrante mais pas plus que cela », explique aux enquêteurs le pompier qui l’a prise en charge.

Pétrole : les perdants de l’union entre Technip et FMC

L’ancien patron de Technip, Thierry Pilenko (à droite), et l’actuel PDG de TechnipFMC, Doug Pferdehirt (ici en mai 2016, à Paris).
L’ancien patron de Technip, Thierry Pilenko (à droite), et l’actuel PDG de TechnipFMC, Doug Pferdehirt (ici en mai 2016, à Paris). Charles Platiau / REUTERS

En moins de deux ans, Technip, fleuron français de l’ingénierie pétrolière, est passé sous pavillon américain. Une condition qui éveille la glaire de nombre de travailleurs.

« C’est le petit poisson qui a pris le contrôle du gros. Pour dire les choses simplement : on s’est fait rouler dans la farine par les Américains ! » Deux ans après l’union entre la société française d’ingénierie pétrolière Technip et l’équipementier texan FMC Technologies, cet affaire amer d’un ancien cadre dirigeant est le sentiment de plusieurs travailleurs.

L’assemblage entre les deux entités était exposé en 2017 comme « un mariage entre égaux » par le estimé PDG de Technip, Thierry Pilenko. Plusieurs hauts responsables et ex-salariés français du groupe ont autorisé de partager, de manière anonyme, leur pratique de cette union. Ils racontent comment une PME texane a graduellement avalé un fleuron français deux fois plus gros qu’elle.

Malgré cela, l’histoire n’était pas écrite à l’avance. Lors de l’union, Technip a un chiffre d’affaires de 13,5 milliards d’euros, contre 6,6 milliards pour FMC. Son carnet de commandes est quatre fois plus important. Uniquement le produit du texan est plus dominant.

Une société à part

Pour concevoir ce changement, il faut affermir à la crise pétrolière de 2015. Après des années de pétrole cher, qui ont vu les décisions géantes se multiplier, les cours diminuent cruellement. Les sociétés du secteur demandent de leurs fournisseurs des diminutions de coût colossales et réduisent la voilure sur les projets.

A la tour Technip, à la Défense, l’avenir s’écrit en noir : 6 000 postes sont effacés sur un effectif de 38 000 travailleurs dans le monde. Thierry Pilenko craint que la société termine par être avalée par une entreprise plus forte. Il se rapproche alors de FMC Technologies, avec lequel le groupe est déjà associé, et va porter le sujet au ministre de l’économie de l’époque, un certain… Emmanuel Macron. L’Etat est en effet encore actionnaire de Technip dans les 5,3 % par le biais de la Banque publique d’investissement.

« Personne n’a cru à la fusion entre égaux (…) Personne n’était dupe. On savait que ça allait dériver vers une absorption », se rappelle un ancien dirigeant ministériel

Il faut dire qu’il s’agit d’une société à part : Technip a été conçu comme un monopole en 1958 sous l’élan directe du général de Gaulle, avec l’appui de l’Institut français du pétrole (IFP). Moquerie de l’histoire : l’entreprise avait été créée dans le but accepté de rejoindre les Etats-Unis sur le plan technologique.