Les seniors en entreprise ?

Les seniors en entreprise ?

L’Association nationale des DRH a tiré les leçons de l’index égalité femmes-hommes.

«  C’est bel et bien l’emploi des seniors qui a accaparé l’essentiel des interventions lors de la conférence de rentrée des DRH, mardi 10 septembre, dans les locaux de l’ANDRH à Paris. »
«  C’est bel et bien l’emploi des seniors qui a accaparé l’essentiel des interventions lors de la conférence de rentrée des DRH, mardi 10 septembre, dans les locaux de l’ANDRH à Paris. » Letizia Le Fur/Onoky / Photononstop

Les seniors en entreprise ? « Une fabrique d’exclus », tranche Benoît Serre. Avant de renchérir : « Si vous avez 56 ans en France actuellement, bonne chance ! En cas de chômage, c’est le drame. » En amplifiant les formules provocantes, le vice-président national délégué de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) a placé la rentrée sociale de cette dernière sous le signe de l’emploi des seniors.

Les directeurs des ressources humaines ne manquent pas de dossiers à traiter dans les mois à venir : retraites, assurance-chômage, lancement de l’application mobile du compte personnel de formation, entrée en vigueur de la réforme de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, reprise du projet de loi orientation des mobilités, projet de loi sur la dépendance, mise en place du code du travail numérique… Mais c’est bel et bien l’emploi des seniors qui a accaparé l’essentiel des interventions lors de la conférence de rentrée des DRH, le 10 septembre, dans les locaux de l’ANDRH à Paris.

La question a déjà fait l’objet de plusieurs législations, depuis la loi de 2005 concernant les accords de gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC). Mais les résultats sont insatisfaisants, selon l’ANDRH.

Prenez les contrats de génération, qui reposaient sur « l’idée que les seniors doivent aider les jeunes. Un non-sens ! Dans les entreprises, on assiste à l’inverse : ce sont les jeunes qui peuvent accompagner les seniors, notamment dans la révolution numérique », déclare le président de l’ANDRH, Jean-Paul Charlez. Or cette dernière, poursuit-il, risque de pénaliser aussi les seniors. Les chiffres ne sont pas rassurants : d’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux d’emploi des 55-64 ans est de 52,8 % en France, contre 72,2 % en Allemagne et 65,9 % au Royaume-Uni. « La France a quasiment 10 points d’écart avec la plupart des pays européens », ajoute Benoît Serre.

Préjugés

Ce sont moins les chiffres que les réformes gouvernementales en cours, sur les retraites et l’assurance-chômage, qui font revenir le sujet sur la table. « Prises séparément, ces réformes présentent un certain nombre d’avantages. En revanche, lorsqu’on les combine, le résultat est explosif et en décalage avec le marché du travail », s’inquiète Benoît Serre.

 L’ancien DG adjoint de la Macif, chargé des ressources humaines du groupe, dénonce un « marché de dupes » : renvoyer aux entreprises la responsabilité d’exercer plus longtemps est dangereux, puisque les entreprises « ne savent pas faire. Et ce n’est pas une question d’incitation fiscale. C’est que, à 45 ans, vous recevez un papier qui vous annonce que vous êtes senior. Or vous avez encore vingt ans de carrière devant vous ».

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LJD

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