Assurance-chômage : le retour à meilleure fortune se confirme
L’assurance-chômage sort de la zone rouge mais reste en butte à de gros problèmes d’argent. En 2022, elle devrait renouer avec les excédents, à hauteur de 2,2 milliards d’euros, d’après les prévisions financières publiées, jeudi 24 février, par l’Unédic – l’association paritaire copilotée par les partenaires sociaux qui gère le régime. Sous réserve qu’il ne soit pas remis en cause par un fléchissement de l’activité du fait de la guerre en Ukraine, ce retour à meilleure fortune constitue une première après treize années de déficit. Subsiste toutefois un énorme point noir : la dette, qui s’est creusée de façon spectaculaire sous l’effet de la récession liée à l’épidémie de Covid-19.
Le bon résultat anticipé pour 2022 fait suite à « deux années très très mouvementées », comme l’a rappelé Patricia Ferrand, la présidente (CFDT) de l’Unédic, jeudi. Le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi a été mis à rude épreuve, ce qui s’est traduit par deux énormes trous dans la caisse : – 17,4 milliards en 2020 et – 9,3 milliards en 2021. Ces soldes négatifs sont la conséquence d’une baisse des recettes – entraînée notamment par la contraction de la masse salariale, sur laquelle sont assises les cotisations – et d’une envolée des dépenses (prolongation des droits à indemnisation, financement du chômage partiel, augmentation du nombre de personnes à prendre en charge, etc.).
Mais les turbulences sont en train de se dissiper. Les mesures d’urgence, très coûteuses, ont quasiment pris fin. Le régime va, par ailleurs, être moins mis à contribution, grâce au recul du nombre de chômeurs et à la réforme qui a durci les règles relatives à l’indemnisation. Parallèlement, le rebond de l’emploi, provoqué par le puissant redémarrage de la croissance, va stimuler les rentrées de cotisation. Mises bout à bout, ces tendances permettraient à l’Unédic de repasser au-dessus de la ligne de flottaison, cette année, avec une meilleure performance que celle qui avait été estimée lors des précédentes prévisions financières, réalisées à l’automne. En 2023, l’excédent serait encore plus copieux (4,1 milliards) et proviendrait, pour environ la moitié, des économies engendrées par la réforme de l’assurance-chômage.
Un endettement imputable aux mesures Covid
Grâce à ces surplus, l’Unédic va pouvoir éponger une partie de son passif mais la tâche s’annonce rude. Avant la crise sanitaire, le système était déjà lesté d’une dette colossale : – 36,8 milliards d’euros à la fin 2019, soit presque l’équivalent d’une année de recettes. La situation a empiré, depuis, puisque la facture se monterait désormais à près de – 64 milliards. Elle pourrait être ramenée à – 52,2 milliards en 2024, ce qui resterait quand même très lourd à porter. Les gestionnaires du régime s’en préoccupent d’autant plus qu’ils doivent emprunter sur les marchés pour faire face à leurs besoins de financement. Or les taux d’intérêt remontent, en lien avec l’emballement de l’inflation, ce qui « pourrait (…) avoir un impact sur le coût de la dette de l’Unédic à moyen terme », selon une note diffusée, jeudi, par les services de l’association paritaire.
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